Tanger frappée de plein fouet

«Prolifération de la mendicité saisonnière»

Karim Ben Amar

Les villes touristiques pâtissent, comme tous les étés, d’une prolifération des mendiants. Cette année, un phénomène devient même de plus en plus flagrant. Il s’agit de professionnels de la mendicité, qui viennent le plus souvent de très loin, pour exercer le «métier». C’est le cas à Tanger, ville actuellement submergée par les mendiants.

Postés à tous les coins de rues stratégiques de la perle du Détroit, mendiants «étrangers et autochtones » se disputent désormais les trottoirs, feux de signalisation et entrées de centres commerciaux. Se faisant passer pour des vendeuses à la sauvette, ces femmes en niqab sont en réalité des mendiantes.

Même son de cloche du côté de la «gent masculine». A l’approche de la gare ferroviaire où à la sortie des agences de voyages et restaurants, de jeunes gaillards avec un accent différent de celui de la ville s’ameutent à l’arrivée des véhicules transportant des clients ou des voyageurs. Proposant des mouchoirs de poche pour attirer les passants, c’est finalement une petite pièce qu’ils quémandent, et cela à longueur de journée.

Au cours de sa tournée dans le «Tanger nocturne», l’équipe d’Al Bayane s’est entretenue avec un jeune mendiant croisé à quelques mètres du mythique «Mur des Paresseux». Trahi par son accent, cet adolescent de  14 ans  que nous nommerons Bachir confie qu’il était originaire de Meknès. « Je ne suis pas le seul, nous sommes venus à plusieurs passer l’été à Tanger. Plusieurs jeunes ont débarqué de Fès et Casablanca pour s’adonner à la mendicité durant la période estivale », affirme-t-il sans complexe.

«Tanger est une ville qui attire de nombreux touristes, qu’ils soient MRE ou issus de pays étrangers, a souligné le jeune mendiant «CDD»».  C’est pour cette raison que d’après lui, le choix est vite fait. Autre raison qui motive «l’invasion», les prix très abordables des petits hôtels de l’ancienne Médina. «Pour 20 dhs, nous pouvons nous reposer quelques heures. Comptez la moitié de cette somme pour prendre une douche et l’autre moitié pour payer une lavandière pour le linge et voilà que le tour est joué», explique-t-il sans gêne aucune.

Non loin de «Playa» et de sa corniche, nous avons rencontré une femme qui s’est présentée comme une mendiante occasionnelle. Elle a déclaré que durant cet été, au-delà du fait que des mendiants non tangérois ont investi la ville, c’est des familles entières qui ont déménagé, le temps d’un été, pour s’adonner à la mendicité durant la période estivale et engranger un maximum de bénéfices. «J’ai rencontré une femme originaire de Ksar El Kébir qui s’est installée à Tanger et qui compte y rester durant toute la durée des vacances. Elle a fait le déplacement avec ses trois enfants pour maximiser les gains». Et d’ajouter, «à 4, c’est toujours mieux».

Les tangérois s’accordent à dire que le «passio» (promenade) nocturne cher aux habitants de cette ville est de moins en moins agréable à faire puisque nul ne peut faire 20 mètres sans se faire aborder, au meilleur des cas,  par un ou une mendiant(e). Une situation intenable puisque chaque jour, ils sont plus nombreux que la veille.

Peut-être que les autorités compétentes peuvent effectuer des contrôles plus fréquents au niveau de la gare routière, principale point d’accès de ces individus, mineurs pour la plupart.

Faire des aménagements extrêmement couteux pour embellir la ville à l’instar de toute la région, c’est louable et encourageant pour le reste du pays, mais gérer le flux des «mendiants saisonniers» est tout aussi estimable. Il en va la de la réputation de notre Maroc.

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