A l’heure de l’après Covid-19
Saoudi El Amalki
Il y a belle lurette que le tourisme constitue l’épine dorsale de l’économie nationale. Notre pays en fait l’une des priorités majeures pour son essor, grâce à son potentiel naturel aussi varié qu’attractif, son hospitalité légendaire et sa stabilité hors pair.
La mise en marche de ses stratégies, ayant insufflé une dynamique notoire, durant la dernière décennie, ainsi que celle dont les assisses de la régionalisation sont déjà mises à contribution, sont des innovations volontaristes en vue de concrétiser les atouts d’une telle donne nationale. Le tourisme, ainsi redynamisé et stimulé à plus d’un registre, est source de devises et générateur d’emplois.
S’agissant du tourisme en général, d’aucuns ne considèrent que les étrangers en particulier les Européens qui jouissent de tous les égards dans un pays de tolérance et d’ouverture. Ils font légion et sont bien accueillis, partout où ils s’installent depuis leur descente d’avion.
Leur nombre ne cesse d’augmenter, en dépit des crises mondiales. Ils sont libres de leur mouvement à travers le territoire national. Paradoxalement, les touristes marocains sont négligés et relégués au second rang quelle que soit leur classe sociale. Des prix qui leur sont appliqués par des hôtels classés sont exorbitants.
Aussi, tout déplacement de groupes de touristes marocains est-il soumis à une surveillance. Les étrangers effectuent excursions, circuits, pèlerinage en toute sérénité.
A titre individuel ou collectif par le biais d’agences de voyages ou de leur propre moyen de locomotion, ils investissent les plages, sillonnent les vallées, escaladent les montagnes, traversent le désert dans la quiétude.
Quant à tout groupe de touristes nationaux désirant voyager, circuit ou excursion, il doit obligatoirement accomplir des formalités administratives en l’occurrence , formuler une demande d’autorisation de déplacement auprès du gouverneur ou du wali, qui comprend l’itinéraire à suivre( aller et retour), la durée, le lieu d’hébergement, les sites à visiter…Il est impératif de joindre à la demande en cause la liste nominative des passagers : nom, prénom, adresse, profession, n° de la CIN de chaque individu. (le citoyen demeure-t-il en liberté conditionnelle?).
D’emblée, la réponse de l’autorité gouvernementale est affirmative, néanmoins, elle ne tolère aucun changement du parcours ni du programme initial. Au carrefour des grands axes routiers, certains gendarmes zélés en plus du contrôle des pièces du bus, examinent attentivement la liste des excursionnistes et opèrent à la vérification d’identité. Les arrêts sont ponctués par la présence des chioukhs qui se relayent en vue d’assurer une surveillance active jusqu’à la fin du circuit.
Ces personnages épient le moindre fait et geste des visiteurs grâce à la complicité de l’accompagnateur de l’agence de voyage affrété. De tels agissements humiliants scandalisent les passagers, suscitent un profond ressentiment et découragent tout projet de voyage organisé du groupe de citoyens.
Ces pratiques surannées ridiculisent l’administration, blessent l’orgueil du citoyen à l’heure où toutes les instances constitutionnelles fonctionnent normalement. Suspecter tout marocain suppose un manque de civisme et recommande une révision radicale du système relationnel. Le tableau brossé n’est pas réjouissant, ainsi il est judicieux de rendre caduques les prescriptions de la circulaire coercitive qui régit l’organisation des voyages de groupes marocains.