Transplantation … un voyage à l’autre rive de la création !

scène, ainsi que des personnalités publiques et passionnés de l’un des plus anciens genres artistiques, le théâtre.  
Considéré comme l’un des piliers du théâtre national, le modérateur  Ahmed Jaouad, lors de cette cérémonie,  s’est arrêté sur les grandes étapes qui ont marqué le parcours de Mohamed Kaouti.  Alors que  les intervenants, tour à tour, ont mis la lumière sur son expérience artistique, théâtrale et sa carrière de dramaturge et d’auteur.
Par ailleurs, le professeur Mohamed Bahjaji a mis l’accent sur l’écriture et les textes de Kaouti qui sont attachés, selon lui,  à sa biographie. Cette dernière est considérée comme un voyage dans l’univers des  idées, une balade  d’une langue à une autre.
Ainsi, en traduisant et adaptant des pièces et ouvres des grands dramaturges mondiaux, en l’occurrence de Sidna Qdar (transplantation de «En attendant Godot» de Samuel Beckett), la coutume (adaptation de «celui qui dit oui et celui qui dit non» de Bertolt Brecht),  «la chaise bleue» de Claude Boujon, «Zou» de Michel Gay ou encore Boughaba (transplantation de «Maître Puntila et son valet Matti» de Bertolt Brecht) objet de cette rencontre, ces travaux et bien d’autres ont joué un rôle majeur dans l’acculturation et le rapprochement entre les différentes références et écoles théâtrales littéraires, philosophiques… confondues à un certain temps. Mohamed Kaouti, ajoute Behjaji, est un voyageur dans les corpus, les textes, les cultures,  les langues et les belles  littératures du monde.
Au niveau linguistique, les textes de Mohamed Kaouti sont partagés entre plusieurs voix à savoir la poésie populaire «Zajal», la poésie arabe classique, mais aussi la langue française, dans  métissage de langues et le mariage de cultures et traditions.  
Toutefois, Boughaba, signalent les intervenants, a été le fruit d’une rencontre en 1988 avec la troupe de théâtre «de Masrah al Yaoum» qui a mis, en travaillant sur ce corpus, son pas parmi les professionnels du domaine.
Il est tout à fait légitime également de dire que le dramaturge, à travers son écriture et son style, a soufflé un vent magique et poétique dans ses textes en s’ouvrant  sur plusieurs lectures et interprétations littéraires, théâtrales et culturelles.
De son côté, le docteur Mohamed Al Aziz a mis la lumière sur la thématique de la transplantation chez Mohamed Kaouti, et ce en dévoilant la part de cette langue populaire et culturelle orale, notamment de la région de Chaouia et Ouled Hriz.
A la fin de la cérémonie, le public présent a dégusté des lectures de quelques passages extraits du livre Boughaba présentées  par Mohamed Kaouti.
Il est à souligner que Boughaba est la seule pièce théâtrale marocaine, dont une femme (Touria Jabrane) a joué le rôle d’un homme et un homme (Mohamed Bestaoui) a interprété  le rôle d’une femme.

Témoignages…

El Houcine Chaabi, critique du théâtre et journaliste
«Kaouti est le seul dramaturge ayant crée le concept de la transplantation

dans l’écriture dramatique»

«Personnellement, je considère le concept de la transplantation chez Mohamed Kaouti comme  un terme  marocain qui n’existe que chez lui dans le monde. C’est le seul, en effet, qui a créé ce concept de la transplantation dans l’écriture dramatique.
J’ai jeté un regard sur tous les textes qu’il avait écrits soit en langue arabe ou en darija marocain. Dans ce cadre, j’ai constaté que le grand nombre de ses  textes sont transplantés des autres corpus et textes soient des corpus théâtraux, patrimoniaux ou encore  historiques…
Par ailleurs, transplanter un corpus culturel étranger à un autre corpus culturel marocain est considéré également comme un voyage dans les textes et les cultures, voyage qui  demande beaucoup de recherche et de travail vigilant et pertinent. Et  quand on parle de la pièce théâtrale Boughaba (transplantation de «Maître Puntila et son valet Matti» de Bertolt Brecht), Mohamed Kaouti a choisi de faire la transplantation de cette  pièce dans une terre marocaine, surtout  celle de Ouled Hriz dans la région de Chaouia.
La preuve c’est que ce langage  dialectal de la région, a amené l’un des chercheurs à considérer que Bertolt Brecht a écrit son œuvre dans la Chaouia. Kaouti ne fait pas une  traduction mot à mot, mais au contraire il cherche un équivalant convenable dans la langue et le dialecte marocain. La  transplantation est donc une recherche d’un nouveau style  différent dans l’écriture dramatique par Mohamed Kaouti. Effectivement, quand on lit les pièces  Boughaba, Hab Outban, Sidna Kdar le lecteur sera accroché souvent à cette magie de  la langue!  La langue chez Kaouti se considère comme un personnage. C’est un dramaturge qui tisse les liens du langage avec une recherche archéologique dans la langue. Dans sa langue existe une recherche profonde ! Le théâtre de Kaouti est un théâtre marqué par  des positions, des  attitudes et  des idées qui font l’éloge de la paix, la beauté, l’amour, la justice  et les valeurs humaines…  Des textes qui traduisent la philosophie sa  dans la vie».

Mohamed Bastaoui, comédien et metteur en scène
«Boughaba, une pièce qui a donné l’essor d’un vrai théâtre marocain»

Les débuts de Mohamed Kaouti ont été réalisés avec  la troupe théâtrale «Salam Bernoussi», alors que ma rencontre avec le dramaturge a eu lieu au moment où la troupe «Masrah Al Youm» travaillait sur sa pièce Boughaba.  Une pièce riche en particularités culturelles  marocaines, notamment celle de la région Chaouia, Ouled Hriz. J’ai joué dans cette pièce le rôle d’une femme paysanne. Dans ce travail, j’ai découvert un autre visage de Kaouti le créateur à travers sa création théâtrale.
Nous avons joué 18 spectacles successifs et fait plusieurs  tournées dans plusieurs villes marocaines. La pièce avait réalisé un franc succès à l’époque. A vrai dire, Boughaba était un point essentiel pour le démarrage et l’émergence d’un nouveau théâtre marocain.   

Masoud Bouhcine, président du Syndicat national des professionnels du théâtre
«De la profondeur de la langue de Kaouti»

 
Parmi les qualités de Mohamed Kaouti cette profondeur  au niveau de la langue, notamment  ce qui concerne la langue dialectale (darija) dans sa dimension humaniste  et non plus folklorique. Il a des textes théâtraux très profonds. Il ce considère parmi l’un des piliers de l’écriture dramatique au Maroc.
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