Trump veut signer un décret encadrant les réseaux sociaux

Après le signalement de ses tweets

Le président américain Donald Trump, pointé du doigt par Twitter pour des messages «trompeurs», doit signer jeudi un décret portant sur les réseaux sociaux, qui selon la presse américaine devrait les rendre responsables du contenu posté par les utilisateurs.

Cette initiative fait suite à la menace mercredi de M. Trump de «fermer» certaines plateformes, après le signalement mardi par Twitter de messages «trompeurs» sur son compte officiel – une initiative inédite qui n’a pas empêché une nouvelle avalanche de tweets furieux du président américain mercredi, reprenant parfois des informations non vérifiées.

Le milliardaire républicain signera jeudi un décret «portant sur les réseaux sociaux», a déclaré mercredi, sans plus de précisions, une porte-parole de la Maison Blanche à la presse.

Selon le quotidien Washington Post citant deux sources anonymes, le décret devrait abroger un texte de loi qui protège actuellement des sociétés comme Facebook, Twitter ou Google de poursuites judiciaires liées au contenu posté par les utilisateurs.

Le texte rendrait aussi la tâche des régulateurs fédéraux plus facile lorsqu’ils estiment que les géants de la tech «censurent la liberté d’expression, lorsqu’ils décident de suspendre des utilisateurs ou de supprimer des publications», a précisé le New York Times, citant deux hauts fonctionnaires fédéraux.

«Dans un pays qui a toujours chéri la liberté d’expression, nous ne pouvons permettre qu’un nombre limité de plateformes en ligne filtre le débat auquel les Américains peuvent avoir accès et participer sur internet», selon une version préliminaire du texte obtenue par le Post.

Donald Trump avait débuté sa journée de mercredi par une série de tweets vindicatifs. «Les républicains ont le sentiment que les plateformes de réseaux sociaux censurent totalement les voix conservatrices. Nous allons les réglementer sévèrement, ou les fermer, pour empêcher qu’une telle chose se produise», avait-il écrit au petit matin.

Souvent accusé de laxisme dans son traitement des propos tenus par des dirigeants, Twitter a signalé pour la première fois mardi des messages du président, en ajoutant la mention: «Vérifiez les faits».

Il s’agissait de tweets du milliardaire affirmant que le vote par correspondance était forcément «frauduleux» car sujet aux manipulations. Une question ultra-sensible en pleine année électorale bouleversée par la pandémie de coronavirus, qui fait peser le doute sur les modalités de l’organisation de la présidentielle américaine du 3 novembre.

«Ces tweets contiennent des informations potentiellement trompeuses sur le processus de vote et ont été signalés», a justifié un porte-parole de la plateforme.

«Twitter étouffe la LIBERTE D’EXPRESSION», avait accusé Donald Trump, dont le compte a plus de 80 millions d’abonnés, avant de revenir à l’attaque mercredi matin.

Si le débat dure depuis longtemps sur la responsabilité des réseaux sociaux face à leurs contenus, le président américain ne dispose pas des moyens de les fermer.

Le Premier amendement de la Constitution américaine, qui régit notamment la liberté d’expression, «limite considérablement toute action que le président pourrait prendre pour réguler les réseaux sociaux», a réagi une avocate de la puissante association des droits civiques ACLU, Kate Ruane. Il «interdit également clairement au président de prendre une quelconque mesure pour empêcher Twitter de signaler ses mensonges éhontés à propos du vote par correspondance».

Donald Trump a aussi accusé les réseaux sociaux d’avoir tenté d’influencer la campagne présidentielle de 2016. «Nous ne pouvons pas permettre qu’une version plus sophistiquée de ça se produise encore une fois», a-t-il tweeté.

Le renseignement américain a accusé la Russie de s’être ingérée dans l’élection qu’il a remportée en 2016. La désinformation est justement considérée comme particulièrement cruciale par Facebook et les autres plateformes depuis les tentatives de manipulation de cette présidentielle américaine et du référendum sur le Brexit, en 2016.

Twitter n’a en revanche pas agi contre d’autres messages au vitriol de Donald Trump publiés récemment, dans lesquels il relaie une théorie du complot infamante contre le présentateur de la chaîne câblée MSNBC Joe Scarborough, ex-ami de M. Trump devenu ouvertement critique à l’antenne.

Plusieurs sites obscurs alimentent depuis des années l’idée selon laquelle M. Scarborough, alors élu républicain, aurait assassiné son assistante parlementaire Lori Klausutis en 2001, sans aucun élément tangible à l’appui.

Son veuf avait imploré Twitter la semaine dernière d’agir pour empêcher Donald Trump de relayer des «mensonges maintes fois démentis». «Je vous demande d’intervenir parce que le président des Etats-Unis s’est approprié quelque chose qui ne lui appartient pas: la mémoire de mon épouse disparue, et l’a pervertie par calcul politique», a écrit Timothy Klausutis.

Le patron de Twitter Jack Dorsey n’a pas réagi publiquement, le réseau social n’a pas supprimé les tweets incriminés…. Et le président a de nouveau évoqué mercredi l’»affaire non élucidée» qui inquiéterait «Joe Scarborough le Psycho». Donald Trump relaie régulièrement des théories complotistes, même s’il a été établi qu’elles étaient fausses, partiellement ou totalement.

L’ex-magnat de l’immobilier avait ainsi été un des premiers à colporter une rumeur assurant que l’exprésident américain Barack Obama (2009-2017) était né au Kenya et que son élection était donc illégitime.

(AFP)

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