Ursula Lopez, la reine du flamenco obnubile les gadiris

Un spectacle des plus émouvants que celui offert à la ville d’Agadir et à ses banlieues par l’institut Cervantès de Marrakech, l’ambassade du royaume d’Espagne au Maroc, en collaboration avec l’université Ibn Zohr d’Agadir.

Durant presque une heure et demie, une imposante audience, environ un millier, a été charmée par le raffinement et la suavité de cette prestation ibérique, dans la somptueuse arène de la Médina de Coco Polizzi. Les corps frémissant d’admiration et les yeux luisant de bonheur, l’assistance n’en revenait pas face à cette virtuose espagnole qui avait pour nom Ursula Lopez, la diva du flamenco, évoluant en chair et en os, au grand emballement de cette audience obnubilée, de bout en bout.

Au préambule de cette soirée lyrique, tour à tour, Omar Halli, président de l’université Ibn Zohr et Yolanda Soler Onis, directrice de l’institut Cervantès de Marrakech, ont présenté cette cérémonie de rêve. Mais, peu après, leur présentation si méticuleuse soit-elle, paraissait si naine devant le gigantisme de ce qui allait s’exhiber sur scène. La reine andalouse, imprégnée de grâce et de majesté, allait, en fait, ébahir le public par ses airs à la fois olympiens et frénétiques. L’aménité du geste, l’onctuosité de la parure, la prestesse de l’allure, l’ingéniosité du rythme et la maestria de la cohésion d’ensemble de la cantatrice en extase,  suscitèrent une profonde paix sensuelle chez l’immense auditoire euphorique. Le mutisme était absolu et l’écoute était totale ! Seul le cœur palpitait aux coups mélodieux du talon de la bayadère sévillane sur le pavé de la scène pittoresque.

On retenait le souffle face à ce génie qui se prête aux yeux, d’un ensorcellement des plus ahurissants. La Otra Piel ou encore, en langue de Molière, « l’autre peau », captivait les sens par la pureté de cette danse saisissante au sein de laquelle le talentueux chantre alternait le classique et le contemporain de cette prestigieuse danse aux arômes de la Giralda. Au fur et à mesure que la cadence montait d’un cran, la chenille ondulante de la virtuose, sublime et seigneuriale, enveloppée dans sa robe de paon, saisissait davantage les spectateurs.

Comme l’intitulé de cette production voluptueuse, la danseuse cherchait justement à changer de peau en vue d’imprimer au public une impression attractive, sans jamais verser dans la redondance monocorde ni la cacophonie nonchalante. Il est bien évident que cette singularité prestataire est l’œuvre de cette sommité du flamenco, reconnue dans le monde entier, mais également de la complicité harmonieuse de toute l’équipe qui a fait montre d’une polyvalence époustouflante, aussi bien à la guitare assurée par Tino Van der Smam, la percussion conduite par Raul Dominguez Soto et le chant animé par Vicente Gelo et Javier Hidalgo.

Enfin, il faut bien dire que cette représentation dont les instances susmentionnées ont gratifié le grand public du Souss, est tout simplement sensationnelle. Elle n’a fait, en fin de compte, que réconcilier les populations, toutes souches et registres confondus, avec l’art original, noble et profondément humaniste. Hommage à ces organisateurs pour cette dédicace que le public du Souss n’est pas du tout prêt à oublier.

Saoudi El Amalki

Top