Vers une rencontre Trump-Rohani?

En relançant spectaculairement, à la veille de la tenue du sommet du G7 de Biarritz, sa guerre commerciale avec la Chine et en créant un incident diplomatique avec le Danemark lorsque ce dernier a opposé une fin de non-recevoir à son souhait «d’acheter» le territoire autonome du Groenland, Donald Trump a rappelé au bon souvenir des pays-membres du G7 que leur précédent sommet au Canada avait été marqué par le refus du président américain de soutenir le communiqué final et fait craindre, ainsi, que de nouveaux dérapages aient lieu cette fois-ci.

Mais il n’en a rien été même si Donald Trump ne s’est pas départi de ses positions sur le climat, le commerce international ou encore la place de la Russie et que l’exacerbation des tensions entre Téhéran et Washington – après les attaques «mystérieuses» contre des navires dans le détroit d’Ormouz que l’Iran menace de fermer, la saisie de pétroliers et la destruction de drones – avait fait craindre le pire au moment où le dossier afférent au nucléaire iranien ne cesse d’envenimer les relations internationales.

Aussi, dans le cadre de la médiation qu’il mène au titre d’un rapprochement entre Washington et Téhéran, le président français Emmanuel Macron a invité le chef de la diplomatie iranienne Mohamed Javad Zarif à la rencontre de Biarritz et fait savoir, lors de la conférence de presse donnée à la clôture du sommet, que les discussions menées par les deux parties avaient créé «les conditions d’une rencontre et donc d’un accord» entre les chefs d’Etat des deux pays et émis le souhait que cette entrevue puisse avoir lieu «dans les prochaines semaines» même s’il reconnaît que «rien n’est (encore) fait et que les choses sont éminemment fragiles».

Interrogé sur l’éventualité d’une rencontre avec le président iranien «dans les prochaines semaines», Donald Trump a déclaré ne pas y être opposé en la subordonnant, toutefois, à la réunion de certaines «circonstances» alors que, depuis Téhéran et, dans un discours prononcé dans le cadre de l’inauguration d’un projet immobilier, le président Hassan Rohani s’est dit ouvert au dialogue quand bien même l’aile dure du régime a violemment critiqué le déplacement à Biarritz du chef de la diplomatie iranienne et a même invité son homologue américain à faire « le premier pas » sans lequel «le verrou ne sera pas débloqué».

Par «premier pas», le président Rohani entend, bien entendu, l’annulation des sanctions américaines «illégales, injustes et erronées» appliquées contre l’Iran après le retrait de Washington de l’accord de Vienne dès lors que ce qui inquiète le plus les Etats-Unis – à savoir «la fabrication d’une bombe atomique» – a été écartée par une fatwa émise par le Guide suprême l’Ayatollah Ali Khamenei si bien que, désormais, «la clé d’un changement positif est entre les mains de Washington» appelée à «revenir aux engagements» pris par l’administration Obama.

Allons-nous vers une reprise des relations américano-iraniennes et vers le respect par les deux parties des dispositions arrêtées par le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPoA) signé à Vienne en Juillet 2015 par l’Iran, les 5 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Allemagne au titre de l’encadrement du programme nucléaire iranien ? Rien ne permet, pour l’heure, d’écarter cette éventualité sauf, peut-être, l’imprévisibilité et la versatilité du nouveau locataire de la Maison Blanche mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Related posts

Top