XVI-La raffinerie, une valeur sûre pour l’économie nationale

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Sans nul doute, la privatisation de la raffinerie la Samir a eu des effets pervers sur l’économie nationale. Il est à souligner que cette entreprise délaissée par le pouvoir exécutif dispose de tous les atouts pour contribuer au développement du pays.

Il faut dire que cette unité industrielle possède deux unités, les 34 et 36, capables de produire du gasoil à 0 ppm, une technique qui n’existe guère à l’échelle africaine, hormis en Afrique du Sud et en Egypte. En sus de cela,  la Samir exportait plus de 50% de sa production du bitume, qui était d’une qualité irréprochable, notamment à nos voisins de l’Est. Aussi, faut-il souligner que la Samir  couvrait la totalité du marché national en matière d’huiles de base et même exportait le kérosène JET A-1. Cela étant, la cessation des activités de l’entreprise illustre abondamment la défaillance de la régulation du secteur. Cela étant, la raison recommande de mettre en garde contre certains messages trompeurs voulant assimiler la liquidation de l’entreprise à une  faillite imminente, alors que c’est archi-faux.  En termes plus clairs, l’abandon de la Samir serait une erreur fatale qui aura un impact grave sur l’écosystème économique.  Ainsi, plusieurs analystes ont appelé les  policiy-makers à repenser la chaine de valeur de ce secteur et en se focalisant sur quatre pôles d’emplois : transport, raffinage, stockage et distribution. Comme quoi, selon eux, la focalisation sur les nouvelles énergies et l’abandon de l’industrie pétrolière serait une erreur stratégique synonyme d’une démarche unijambiste.

Marge du raffinage

Sur un autre registre, Il faut mettre l’accent sur le fait que depuis la suspension de la société de raffinage, la Commune de Mohammedia  a été privée d’environ 30 millions de DH versés dans le budget annuel, sans omettre un milliard de DH des salaires  injectés dans le circuit économique de la ville.  Qui plus est, l’arrêt des activités de la Samir a eu des répercussions graves sur l’économie de toute une ville. Des dizaines d’entreprises spécialisées dans la sous-traitance ont été contraints  à mettre la clef sous le paillasson.

Houcine El Yamani, coordinateur national  Front national  pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole,  considère qu’une éventuelle fermeture définitive de l’entreprise serait une décision aberrante, tout en mettant en     cause certaines allégations affirmant que le Maroc n’a pas besoin d’une raffinerie. «C’est une thèse dénuée de tout  fondement. Je fais allusion à notre voisin la Mauritanie, qui a délaissé l’industrie du raffinage, il y a presque une décennie et où les prix à la pompe sont les plus chers du monde », a-t-il expliqué.

Il est à rappeler que depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, la marge de raffinage est passée de 5 à 25 dollars pour chaque baril de pétrole. D’une manière ou d’une autre, le maintien de la politique du raffinage, va contribuer à créer les conditions d’une concurrence loyale, à faire baisser les prix et préserver, par conséquent, les bienfaits économiques et sociaux de cette industrie.

Khalid Darfaf

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