Zimbabwé: La chute de Mugabe?

Bien que toutes les artères de la capitale soient contrôlées par les militaires, que les accès aux édifices publics soient verrouillés, que la toute-puissante épouse du vieux chef de l’Etat aurait, selon certaines sources, quitté le pays pour la Namibie voisine et que le dictateur nonagénaire ait été assigné à résidence,  l’armée du Zimbabwé dément avoir perpétré un quelconque coup d’Etat. Mais que se passerait-il donc s’il ne s’agit point là d’un putsh fomentée par les militaires?

Pour avoir une idée assez claire de ce qui se passe actuellement dans le pays, il ne faudrait point oublier que la Zanu-PF, le parti du vieux Mugabe est, depuis 2014, divisé  entre deux principales factions ; à savoir, d’un côté les partisans d’Emmerson Mnangagwa, l’ancien vice-président, et de l’autre ceux de Grace Mugabe, l’épouse du vieux lion qui cherche à tout prix à succéder à son mari. La rivalité entre les deux camps a abouti le 6 Novembre dernier au limogeage du vice-Président ; une destitution « téléguidée » sans aucun doute  par Grace Mugabe qui, pour prendre la place de son mari, s’est attelée à faire le vide autour de lui.

Mais c’était sans compter sur le soutien apporté tant par l’armée que par les milieux économiques à Emmerson Mnangawa. D’ailleurs en récusant, ce lundi, dans une conférence de presse  l’éloignement du vice-président, le Général Chiwenga a mis en garde le Président Mugabe.

Et s’il apparait clairement que la dénonciation de la purge qui a lieu dans le pays sur l’instigation de Grace Mugabe soit une motivation essentielle de ce coup d’état, elle n’est pas la seule puisque la dégradation de la situation économique du pays y est aussi pour beaucoup. Elle a d’ailleurs été illustrée par l’arrestation immédiate du ministre des finances, un proche de l’épouse du vieux président.

Il convient de rappeler que l’armée qui refuse toujours de reconnaître qu’elle est en train de fomenter un coup d’état a déclaré, par la voix de son porte-parole, qu’elle s’est donnée pour mission de faire barrage à la dégradation de la situation politique, social et économique du pays. En outre, ce serait pour « garantir leur sécurité », qu’elle a tenu à mettre à l’abri le Président et ses proches. Ces propos ont été confirmés, par ailleurs,  par un communiqué émanant de la présidence de la république sud-africaine qui annonce que, dans l’entretien téléphonique qu’il a eu ce mercredi matin avec le Président Zuma, Robert Mugabe a déclaré qu’il était « détenu » à son domicile mais «qu’il allait très bien».

Enfin, s’il était grand temps que le vieux dictateur s’en aille,  son éviction n’est pas une perte pour le Maroc qui, pour effacer une malheureuse parenthèse,  s’empressera de nouer des relations amicales avec les nouveaux maîtres de Harare au moment où notre voisin de l’est et son protégé vont devoir se passer d’un précieux allié…

Nabil El Bousaadi

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