Journée mondiale de la poésie
Mohamed Nait Youssef
Mohammed Bennis est l’une des figures de proue de la scène poétique et culturelle nationale et arabe. Inutile de le présenter en deux mots, le poète a apporté sa pierre à l’édifice culturel avec des recueils de poèmes, des critiques, des études, des articles…
À cette occasion un vibrant hommage lui a été rendu, mardi 24 mars, par l’Académie du Royaume du Maroc, à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie. Tout le monde y était. Ses amis poètes, artistes, écrivains et journalistes sont venus partager ce moment assez important. C’est plus qu’un événement-hommage. Il s’agit d’une reconnaissance à son apport, à son œuvre poétique, à lui, le poète. Un demi siècle de création et de présence, le poète était toujours habité par la poésie, par le questionnement, mais aussi la liberté du poète et de la spécificité de son acte d’écrire et de ses choix poétiques dans la construction du poème moderne tout en s’ouvrant sur l’aventure et le dialogue.
L’Académie, explique le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, accorde une place importante à la poésie et à la Journée mondiale de la poésie. Selon lui, Mohammed Bennis a publié son premier recueil de poésies « Ma Qabla al-Kalam » en 1996. Il a à son actif plus de 35 livres dont 16 recueils de poèmes, des œuvres poétiques de deux volumes et des études consacrées au poème marocain et arabe contemporain. Chez lui, dit-il, la poésie est une connaissance qui est au cœur de sa réflexion ayant dépassé un demi siècle.
Pour Abdeljalil Lahjomri, Mohammed Bennis a été fidèle ; un projet poétique et créatif qui a enrichi le poème et sa nécessité dans notre monde actuel et contemporain. « Ce besoin à la poésie, c’est-à-dire à la liberté et l’aventure et la différence parce que la poésie ne pourra être qu’ainsi », a-t-il fait savoir.
Selon lui toujours, parler de la poésie même si elle est classique, c’est parler de la modernité parce son essence temporelle ne s’installe pas uniquement dans des zones familières et habituelles. « C’est parce que la poésie est préoccupée de tout ce qui est universel et humain », a-t-il expliqué.
De nos jours, la poésie est essentielle. Un écrin de beauté pour illuminer les zones d’ombres dans la vie humaine, de tous les jours.
«La question fondamentale de la poésie demeure dans le sens : dans ce que produit le poème, notamment en ce qui concerne les valeurs produites pour la société », a-t-il affirmé. La poésie, poursuit-il, n’est pas une simple émotion mais aussi une expression et une langue. Et d’ajouter : «La poésie a sa propre pensée dans une société ayant perdu toutes valeurs transcendantes dont la vie normale a besoin. Mieux encore, la poésie nous invite à penser et appartenir à un espace commun ».
Selon Mohammed Bennis, cet événement est une occasion lumineuse où se rencontrent des cultures, des langues et des poètes, des lecteurs pour fêter la vie et la joie. Dans cette joie, dit-il, la poésie est une résistance et résilience de l’extrémisme et la haine. Depuis les années 90 du siècle dernier, explique dans son mot à l’occasion, la voix de la destruction et de la dévastation prend de plus en plus de terrain. Et la poésie a connu un recul dans notre vie quotidienne.
Selon lui, l’humanité aujourd’hui est unifiée dans cette tragédie de la pandémie qui nous a emprisonnés durant une année dans nos maisons…et encore.