Le gouvernement veut étouffer dans l’œuf l’initiative législative

Proposition de loi pour le transfert des actifs de la Samir à l’Etat

En rejetant la proposition de loi portant sur le transfert des actifs de la Samir à l’Etat, provenant de plusieurs formations politiques dans la Chambre des conseillers, le gouvernement a apparemment préféré  se trouver de l’autre côté de la barricade, en visant à  étouffer dans l’œuf toute volonté de sauvetage de ce joyau de l’industrie marocaine.

Ce texte de loi, initié par le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, et qui a eu l’appui de certains partis politiques, notamment le Groupement parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (GPPS) à la Chambre des représentants, avait pour ambition de sortir ce dossier de l’impasse. Cependant, il appert que le gouvernement El Otmani, faute de vision, n’a pas trouvé mieux que de  continuer à faire la sourde oreille aux revendications des représentants de la nation en pratiquant la politique de l’autruche.

Or, comment se fait-il qu’un gouvernement prétendant avoir  une fibre pour le social et la promotion de l’investissement, n’eut pas le courage d’inscrire le dossier de la Samir sur son agenda. En procédant de la sorte, le pouvoir Exécutif se montre incapable d’être à la hauteur des recommandations de SM le Roi Mohammed VI qui a fait de la relance économique une priorité nationale.

Militants, observateurs et même analystes avertis sont d’accord sur le fait qu’il y ait de bonnes raisons de s’interroger sur l’inactivité de l’Exécutif, qui ne cesse depuis le déclenchement de la crise d’arborer «la logique judicaire» comme prétexte  pour fouir ses responsabilités, ses vraies responsabilités…

Il y a quelques jours,  le tribunal de Commerce de Casablanca, a  ordonné, pour la énième fois, la reprise des activités d’exploitation de l’entreprise pour trois mois encore, en vue de faciliter le transfert des actifs de la société à des tiers ou une gérance libre, comme le dispose l’article 152 du Code des obligations et des contrats.  Certes, les magistrats chargés du dossier, n’ont pas lésiné sur les moyens pour réussir le tour de force. Cependant, la démarche juridique, à elle seule, n’est pas suffisante et même  a trouvé ses limites vu la complexité de ce gros dossier qui constitue une première dans les annales de la juridiction marocaine.

La désinformation du département de tutelle

Contacté par Al Bayane,  Houcine El Yamani, coordinateur du  Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, est on ne peut plus clair,  en considérant que l’initiative du Front  à  pour objectif de redémarrer l’entreprise vu son intérêt stratégique pour la sécurité énergétique du pays et également préserver l’argent public. Cela étant, la proposition de loi  n’est point synonyme d’une nationalisation, étant donné que les créances de l’Etat représentent environ 60%, explique-t-il.

Il faut dire que la gestion du gouvernement  de ce dossier est chaotique, ajoute-il, tout en l’appelant à se livrer à une autocritique afin de nous éviter d’aller droit dans le mur.

Outre la cherté des prix à la pompe et les profits scandaleux réalisés par les opérateurs de distribution (8 milliards de DH de plus annuellement),  le recours à l’importation exténue les réserves en devises du pays, soit 5 milliards de dirhams par an.  Pour notre interlocuteur, «la décision du  gouvernement qui préfère se rallier aux rangs du lobby de distribution est tout sauf celle de défendre l’intérêt de la nation».

Sur un autre registre, le coordinateur du Front national a déploré la politique de la désinformation pratiquée par le gouvernement, en faisant allusion à la sortie cathodique du ministre de l’Energie, des mines et de l’environnement, Aziz Rabbah, sur la deuxième chaine nationale. Pour notre interlocuteur, «la promotion de la concurrence loyale ne pourrait  être mise en place que par l’encouragement de la production nationale et non pas par le recours à  l’import ou encore le déferlement des stations-service». Qui plus est, la multiplication des opérateurs de distribution ne pourrait, en fait, renforcer la capacité de stockage des hydrocarbures, sans omettre la qualité des produits qui laisse amplement à désirer, conclut-t-il.

Khalid Darfaf

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