Philippines : Libération sous caution de l’opposante à Rodrigo Duterte, Leila de Lima

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Avocate, ancienne sénatrice et ministre de la justice philippine ayant passé 6 années derrière les barreaux après avoir été incarcérée, en Février 2017, pour « trafic de drogue » – une accusation fallacieuse et un procès politique diligenté par l’ex-président Duterte selon plusieurs groupes de défense des droits humains – Leila de Lima, 64 ans, a obtenu, ce 13 novembre, une libération sous une caution fixée à 300.000 pesos (environ 5.000 euros)

Leila de Lima, qui a étudié l’Histoire et les Sciences politiques à l’Université catholique de La Salle à Manille, avant d’intégrer le barreau, fut, également, présidente de la Commission philippine des droits de l’Homme de 2008 à 2010.

En sa qualité d’avocate, l’intéressée avait enquêtée, durant dix années, sur les milliers de personnes qui avaient été victimes des « escadrons de la mort » mis en place par l’ancien président philippin Rodrigo Duterte quand il était maire de Davao, au sud du pays et maintenus durant son mandat présidentiel de 2016 à 2022.

En saluant cette libération qui intervient après la mort de deux témoins à charge et la rétractation des autres au motif qu’ils avaient été contraints de porter des accusations à l’encontre de Leila de Lima, l’ONG Human Rights Watch a tenu à déclarer, dans un communiqué signé par Bryony Lau, sa Directrice adjointe en charge de l’Asie, que l’intéressée « a été injustement poursuivie et détenue par l’ancien président Rodrigo Duterte » sur la base de « preuves fabriquées » par son administration pour la punir d’avoir utilisé sa fonction de sénatrice pour s’opposer à la guerre que ce dernier avait menée contre les cartels de la drogue.

Leila de Lima qui, à l’annonce de cette libération a déclaré : « C’est un moment de joie, de triomphe et d’action de grâce (…) C’est très douloureux d’être emprisonnée quand on est innocent », avait été accusée d’avoir reçu de l’argent pour permettre à des détenus de vendre de la drogue pendant qu’elle était à la tête du ministère de la justice (2010/2015).

En remportant, en 2016, un siège au Sénat lors des élections qui avaient permis à Rodrigo Duterte d’accéder à la présidence de la République, Leila de Lima était devenue l’une des principales voix de l’opposition au chef de l’Etat qui, pour s’en débarrasser, l’a accusée d’avoir dirigé un réseau de trafic de drogue lorsqu’elle dirigeait le ministère de la Justice.

A la suite de ces faits qui sont supposés avoir eu lieu sous la présidence de Benigno Acquino et qui sont passibles de la prison à perpétuité, Leila de Lima fut contrainte, en Février 2017, de quitter le Sénat pour être mise en détention.

Mais, bien qu’en dépit de son incarcération, cette dernière avait fait campagne, en 2022, pour sa réélection au Sénat sans parvenir, toutefois, à conserver son siège, force est de reconnaître que depuis l’arrivée, en Juin 2022, de Ferdinand Marcos Jr. à la tête des Philippines, plusieurs diplomates et défenseurs des droits humains ont demandé la libération de Leila de Lima qui fut l’une des rares figures de l’opposition à l’ancien président philippin Rodrigo Duterte.

S’ils ont eu gain de cause, c’est donc qu’une nouvelle ère s’est ouverte aux Philippines.  Alors, attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Top