Un Maroc possible

Saoudi El Amalki

Notre pays aspire, à tout prix, à vivre un nouveau modèle de vie. Il en donne résolument le signe clair, par la plus Haute Autorité, dans la synergie de toutes ses composantes. On ne veut plus de l’ancien modèle puisqu’il a accusé, des limites et surtout des déficits. Antonio Gramsci, le fameux penseur marxiste disait un jour : « Il y a crise, quand l’ancien monde ne veut pas mourir et le nouveau monde ne veut pas naître ! ». Cette citation du philosophe italien du siècle écoulé, pourrait bien nous convenir, en ces moments de transition. L’entêtement de l’ancienne expérience à vouloir subsister, en dépit de ses grabuges, devient un réel danger, non pas seulement à l’ensemble des gouvernés, mais également à la totalité des gouvernants. On ne peut étouffer les crises du peuple par la force, sans risquer la stabilité de la nation, du sommet à la base ! Tout le monde convient donc que le modèle révolu de développement est à l’agonie avant de tirer sa révérence sur l’autel de la défaite. Tous en sont conscients, depuis que le malaise et le désarroi s’installent dans les foyers et les rues. « Il faut avoir une parfaite conscience de ses limites, surtout quand on veut les élargir ! », rétorquait le même intellectuel organique sarde aux entêtés du modèle suranné. Le modèle de vie que notre pays tente vainement de dilater davantage est rompu en lambeaux. Inutile de raccommoder ses parties dépecées, c’est bel et bien, la fin d’un mythe erroné ! On se rend compte, petit à petit,  que la vétusté du modèle passé fait face à des réalités atroces que les démunis endurent au quotidien. Le Maroc est en quête d’un nouveau modèle où la vie politique recouvre ses étincelles, car on ne peut jamais prétendre au développement sans démocratie, sans liberté et sans champ partisan sain, fort et autonome. On ne peut non plus se vanter de s’épanouir sans justice sociale, sans égalités spatiales et sans côtoiement des deux sexes dans la parité et la communion. On ne peut enfin arguer un discours cohérent sans combler les attentes, sans assurer les droits des pauvres et sans préserver la dignité des populations, dans la décence… Le Maroc a grandement besoin de ce modèle de vie qui lui fait défaut, depuis que le défunt modèle lui a confisqué, sans vergogne, toutes les conditions de vivre les plus rudimentaires. Il en devient faible, amer et miséreux ! Il perd ses valeurs qui ont toujours fait sa fierté et égare ses repères dans les labyrinthes du monopole, de la rente, de la mainmise et de la dépravation. Certes, des lueurs de la délivrance se profilent à l’horizon de ce Maroc que visent des couches déshéritées. Ce Maroc est toujours possible !

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