La position positive annoncée par le président français Emmanuel Macron concernant la marocanité du Sahara, exprimée dans sa lettre adressée à Sa Majesté le Roi à l’occasion du 25ème anniversaire de la Fête du Trône, a suscité des réactions négatives au sein de certaines composantes de la gauche française et de la coalition le « Nouveau Front Populaire ». Ce qui a conduit à une controverse politique et médiatique ces derniers jours à Paris et dans certains de nos espaces politiques et médiatiques nationaux.
Le Parti Socialiste français a publié un communiqué rejetant la prise de position « unilatérale » du président Macron, « sans le moindre débat ni concertation avec le Parlement », considérant cette position comme un écart par rapport au droit international et le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Alors que le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise, n’a pas encore pris de position officielle en tant que parti, certains de ses dirigeants ont publié des tweets et posts sur les réseaux sociaux condamnant l’initiative du président français.
De son côté, la cheffe des Verts, Marine Tondelier, a tenu à rappeler le droit des peuples à l’autodétermination conformément au droit international, au moment où le dirigeant du Parti Communiste Français, Fabien Roussel, a déterré le vieux discours de son parti à ce sujet.
Il est clair que les positions des forces de gauche françaises concernant la décision du Président Macron sont principalement dictées par les tensions politiques internes et les échanges de coups sur fond de résultats électoraux. Ces positions semblent ainsi être le fait de surenchères politiques.
Que ce soient les socialistes, les Verts ou les communistes, il est clair que leurs positions ont ignoré les réalités du dossier de l’intégrité territoriale marocaine, en particulier depuis 2007. Les socialistes ont même oublié les positions et les déclarations de leurs anciens dirigeants à ce sujet, préférant se retrancher derrière une interprétation française très étriquée, et à coller à une narration française figée. Ils ont choisi d’utiliser la question nationale du Maroc pour une opposition populiste maladroite à Macron, dans le contexte de la crise politique que traverse la France après les élections.
Certaines voix politiques et parlementaires au sein des forces de gauche françaises, particulièrement au Parti Socialiste, n’ont pas hésité à exprimer leur adhésion à la position pragmatique positive d’Emmanuel Macron sur la marocanité du Sahara, en le déclarant et en signant des pétitions internes. D’autres courants à l’Assemblée Nationale française ont également soutenu l’initiative du président français. Cependant, cette situation a révélé la nécessité pour la gauche française d’avoir une perspective plus large pour comprendre les interactions géopolitiques mondiales et, surtout, comprendre que le Royaume du Maroc est un État souverain attaché à son intégrité territoriale. Il est aussi crucial d’abandonner l’interprétation française obsolète étroite des faits historiques et de reconnaître le rôle de Paris dans l’évolution d’un conflit artificiel comme celui du Sahara marocain. Tout cela pour que cette gauche fasse preuve d’audace, soit libérée du passé et se réconcilie avec elle-même et avec l’histoire de son pays.
Face à ce qui se passe en France, certaines voix chez nous au Maroc ont commencé à louer les positions positives de la droite française, traditionnelle et extrême, et à prôner l’idée de mettre tous nos œufs dans le panier de la droite et d’oublier la gauche, une fois pour toute. Ces voix nationales semblent suivre les traces de la gauche française en préférant s’accrocher aux déclarations de Marine Le Pen et oublier toute l’histoire de son parti, ses positions, son idéologie et son identité extrémiste et raciste.
Que veulent nos nouveaux théoriciens ? Notre pays doit-il oublier l’histoire d’un parti français comme le Rassemblement National, anciennement le Front National, concernant les questions de la communauté marocaine par exemple ?
Certains de ces nouveaux théoriciens devraient relire une certaine histoire, se renseigner sur les batailles des partis de gauche marocains, de leurs organisations de jeunesse et de leurs cadres depuis des décennies dans les forums internationaux en défense de l’intégrité territoriale marocaine… Qu’ils se renseignent.
Ils devraient également faire des recherches sur les anciennes divergences entre le Parti du Progrès et du Socialisme et le Parti Communiste Français sur la question de l’intégrité territoriale du Maroc.
Ils devraient aussi examiner la prudence actuelle du parti la France Insoumise et la lier à la dernière visite de Jean-Luc Mélenchon au Maroc et à ses nombreuses rencontres, dont ses entretiens avec la direction du Parti du Progrès et du Socialisme et son secrétaire général.
Tout cela impose de renforcer les liens de communication et de dialogue entre la gauche marocaine et son homologue française, et de considérer le maintien de cette relation comme étant dans l’intérêt du Maroc et de ses causes nationales.
Lorsque des acteurs de gauche marocains, des associations de la société civile ou des partis invitent des dirigeants de gauche français à des dialogues au Maroc, comme c’est le cas ces jours-ci, ou lorsqu’un journal national comme Al Bayane tient à être présent chaque année à la fête mondiale organisée par le journal du Parti Communiste Français « L’Humanité » et à y tenir des débats sur l’intégrité territoriale du Maroc malgré la position divergente des organisateurs, tout cela a pour but de maintenir le point de vue national marocain présent dans ce débat français.
Nous savons que certaines positions partisanes françaises sont dictées par des pressions algériennes diverses, ainsi que par les voix d’un électorat d’origine algérienne et des lobbies influents dans plusieurs circonscriptions. Mais cette réalité impose de renforcer la présence marocaine et les relations marocaines plutôt que de tourner le dos et d’adopter une réaction infantile et étroite.
Aujourd’hui, il faut renforcer les rôles de la diplomatie partisane et civile parallèle, intensifier le dialogue politique crédible avec les forces de gauche françaises et européennes, et bien sûr avec la droite modérée également, tout en suivant de près les transformations des scènes politiques internes dans une perspective plus large et stratégique.
Quant à nos amis de la gauche française, il est temps pour eux de regarder le Maroc et ses questions nationales avec des lunettes différentes. La position figée du Parti Communiste Français, par exemple, l’a plongé dans une obsolescence manquant de toute vision et l’a rendu incapable de toute recherche ou réflexion sur les verrous idéologiques derrière lesquels il se retranche. Cette stagnation explique peut-être la faible représentation du parti aujourd’hui en France, et sa position sur l’intégrité territoriale du Maroc n’est qu’un exemple de cette rigidité dans la compréhension, la vision et l’approche. Quant à l’actuelle direction du Parti Socialiste Français, elle a même oublié une partie de la positivité que François Hollande ou ses prédécesseurs avaient montrée, et elle a également ignoré les actions de plusieurs dirigeants actuels du parti qui ont exprimé leur rejet de la position de leur secrétaire général.
Pour toutes ces raisons, le dialogue et l’interaction entre la gauche marocaine et la gauche française doivent se poursuivre et s’intensifier, et le plaidoyer, la présence et les relations se renforcer.