Une situation aggravée par le déficit des contrôles, la spéculation et le lobbying

Des hausses en série des prix à l’approche du mois sacré du Ramadan

Par Fairouz El Mouden

La responsabilité du gouvernement et des autorités chargées de la supervision et du contrôle du marché est vivement critiquée. L’anarchie sectorielle, les ententes et la rente ne cessent de s’intensifier, compromettant les principes d’une économie censée être compétitive et formelle. Cette impasse plonge le citoyen marocain dans une spirale inflationniste sans précédent, tolérée à grande échelle par les instances gouvernementales.

À l’approche du mois sacré du Ramadan, les dérives tarifaires se multiplient au détriment des consommateurs. Le marché des produits alimentaires, particulièrement prisés durant cette période, connaît une flambée des prix aussi injustifiée qu’exagérée. Cette hausse touche tous les secteurs : des fruits et légumes aux viandes rouges et blanches, en passant par le poisson, les produits laitiers comme le beurre et le fromage, ainsi que les denrées incontournables telles que les dattes, les amandes, les pois chiches et les lentilles.

Le Ramadan devient une opportunité pour de nombreux acteurs d’alimenter la spéculation et de revoir leurs tarifs à la hausse. C’est notamment le cas des boulangeries et pâtisseries, qui augmentent leurs prix à la veille du mois sacré, profitant d’une demande accrue sans craindre le moindre contrôle. Une situation qui pèse encore plus sur le pouvoir d’achat des citoyens, déjà fragilisé par la hausse généralisée des prix.

Le marché des fruits et légumes n’échappe pas à cette flambée des prix, pesant lourdement sur le budget des ménages. La tomate, qui se vendait à 5 dirhams le kilo il y a deux semaines, atteint désormais 12 dirhams. L’oignon a vu son prix doubler, passant de 5 à 10 dirhams le kilo. Les haricots verts grimpent à 30 dirhams, tandis que le poivron, quelle que soit sa couleur, s’affiche à 15 dirhams le kilo. Seules la pomme de terre et la carotte restent relativement abordables, oscillant entre 7 et 8 dirhams le kilo.

Le secteur avicole est en pleine effervescence, enregistrant les hausses de prix les plus marquées. Le coût du poulet vif et des œufs ne cesse de grimper, sans qu’aucune intervention des fédérations avicoles ou des autorités gouvernementales ne vienne réguler les tarifs et freiner une spéculation galopante. Ce marché, censé être structuré et organisé selon les différents contrats-programmes signés avec l’État et les investissements engagés, est en réalité accaparé par la spéculation et la rente. Actuellement, l’œuf est vendu à 1,70 dirham l’unité, bien au-dessus du prix à la ferme fixé à 0,70 dirham. De même, le prix du kilo de poulet vif oscille entre 30 et 21 dirhams, alors qu’il ne devrait pas dépasser 16 dirhams. Face à cette situation, plusieurs acteurs du secteur dénoncent un manque de contrôle et un monopole qui nuisent à l’ensemble de la filière.

La situation est tout aussi préoccupante pour les viandes rouges, dont les prix atteignent des niveaux inédits. Le kilo de viande est désormais fixé à 130 dirhams, contre 90 à 100 dirhams auparavant. La viande hachée, jugée hors de portée pour de nombreux consommateurs, a vu son prix bondir de 80 dirhams à 130, voire 150 dirhams le kilo selon la qualité. Plus alarmant encore, le prix d’un pied de veau s’élève aujourd’hui à 170 dirhams, alors qu’il ne coûtait que 70 dirhams il y a quelques mois. Ces hausses spectaculaires révèlent un profond dysfonctionnement du rôle régulateur et contrôleur de l’État, au détriment des citoyens déjà fragilisés par l’augmentation généralisée des prix dans tous les secteurs. À l’approche du mois sacré du Ramadan, les spéculateurs continuent de profiter de la situation, en toute impunité.

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