Hamdan Ballal, le réalisateur de « No other land » arrêté par l’armée sioniste

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

S’il est vrai qu’à l’heure qu’il est, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas bon d’être Palestinien, il l’est encore moins de réaliser « No other land !» (Pas d’autre patrie ! »), ce documentaire qui, après avoir évoqué la triste réalité du vécu quotidien de la population palestinienne est parvenu, le 2 mars courant, à décrocher, à Los Angeles, l’Oscar 2025 du meilleur documentaire après avoir obtenu auparavant plusieurs distinctions dans de nombreux autres festivals mondiaux dont notamment la Berlinale, le Festival international du film de Copenhague ou encore celui de Vancouver en Colombie-Britannique, au Canada.

C’est, d’ailleurs, à ce titre, que Hamdan Ballal, l’un des réalisateurs ce documentaire, a été arrêté, par l’armée israélienne, ce lundi 24 mars, en Cisjordanie, après qu’un groupe de colons ait attaqué sa maison.

Pour commenter ce malheureux évènement, les deux autres co-réalisateurs du documentaire précité, Yuval Abraham et Basel Adra, ont rapporté, sur « X », qu’après qu’« un groupe de colons a attaqué la maison de Hamdan Ballal (et) que ce dernier a été blessé, des soldats sont montés dans l’ambulance qu’il avait appelée « et l’ont arrêté alors même qu’il était ensanglanté.

Selon le Center for Jewish Nonviolence, une ONG opposée à l’occupation israélienne dont des membres qui étaient présents sur place affirment avoir été également attaqués par des colons, les faits se sont déroulés à Massafer Yatta, un village proche de Soussiya, une localité du sud de la Cisjordanie.

Des témoins oculaires ont évoqué la présence d’une vingtaine de colons masqués armés de gourdins, jetant des pierres en direction des palestiniens et vandalisant leurs voitures.

Interrogé par l’Associated Press, Basel Adra affirmera que, pour punir les réalisateurs de « No other land ! », une vingtaine de colons ont attaqué, à l’aide de jets de pierres, le village où ils habitent et qu’au lieu de leur intimer l’ordre de cesser leur attaque, les soldats qui avaient été dépêchés sur les lieux, leur ont ouvertement prêté assistance en pointant leurs armes en direction des palestiniens.

Il convient de signaler que le documentaire « No other land », qui dérange aussi bien les autorités que la société israélienne, évoque le combat mené par un jeune Palestinien contre le déplacement forcé des habitants de la localité de Massafer Yata qui avait été déclaré « Zone Militaire », plus exactement comme « zone d’entrainement à tirs réels » en 1980 et dont les occupants, des bédouins arabes, ont été sommés, à plusieurs reprises d’évacuer les lieux.

Et le comble c’est qu’au terme de la longue bataille judiciaire qui s’en était suivie et qui n’a pris fin qu’en 2022, la Cour Suprême de l’entité sioniste a donné raison à l’armée d’occupation israélienne et ouvert, ainsi, la voie à l’expulsion des palestiniens qui résident dans les huit villages de la région pour établir un champ de tir en leurs lieu et place en dépit du fait que la colonisation de la Cisjordanie par Israël est régulièrement dénoncée par l’ONU comme étant illégale au regard du droit international.

Disons pour terminer que si ce documentaire, qui évoque l’inlassable combat des palestiniens pour rester sur leurs terres ancestrales alors même que l’armée israélienne s’acharne à détruire leurs habitations, a suscité de vives controverses non seulement en Israël mais ailleurs puisqu’à Miami Beach, en Floride, le maire de la ville, Steven Meiner, avait même tenté de mettre fin au bail d’une salle de cinéma qui l’avait projeté, avant de se rétracter, c’est qu’il n’a pas encore fini d’attirer l’attention et qu’il pourrait encore faire couler beaucoup d’encre et beaucoup de sang.

Quoiqu’il en soit, attendons pour voir…

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