Comment peut-on consolider la relation entre l’exercice politique et la pratique intellectuelle et culturelle, notamment dans un contexte marqué par la montée en puissance des discours populistes?
Quelles sont les nouvelles pistes de réflexion pour un Maroc pluriel du vivre ensemble, du vivre en commun et de la démocratie? Comment déconstruire le passé, reconstruire le présent pour mieux construire l’avenir? La conscience historique peut-elle permettre de surmonter les entraves auxquelles fait face la société marocaine ? Quid de la gauche marocaine ? Quelles sont les tâches de l’élite aujourd’hui ? «La lutte démocratique au Maroc, les enjeux du passé et les questions du présent » est l’intitulé du nouveau livre signé par l’éminent penseur et figure de proue du militantisme au Maroc, Ismaïl Alaoui qui ambitionnent d’apporter des réponses à ces problématiques. En effet, ce livre de 255 pages édité chez le Centre d’Etudes des Temps Modernes, dont un long entretien a été réalisé et présenté par Abdallah Belghiti Alaoui, braque les lumières sur les grandes questions relatives à l’émergence de la pensée socialiste et marxiste au Maroc, ainsi que la création du parti socialiste marocain, ses luttes et les entraves auxquelles il a fait face à un moment donné de l’histoire.
Le deuxième axe traité dans cet entretien repose sur la relation entre l’exercice politique et la question de la pensée dans toutes ses facettes à savoir théorique, culturelle, et sociale.
Le livre s’arrête par ailleurs sur une question fondamentale, voire capitale à savoir l’identité marocaine, la quête d’un nouvel horizon et d’une issue alternative pour permettre à la société marocaine de surmonter le retard historique qu’elle a accumulé depuis des décennies sur les plans politique, social, culturel et civilisationnel.
Il va sans dire que le livre est d’actualité. Il met entre autres le point sur les obstacles qui freinent le changement social, ainsi que l’intégration de la société marocaine dans le modernisme total.
En outre, les questions de la réforme et de la modernisation dans la réalité marocaine sont abordées, à travers des thèses et approches de quelques figures de la pensée marocaine, indique Abdallah Belghiti Alaoui dans sa présentation. Et ce n’est pas un choix fortuit. L’objectif est de rendre à la relation exercice politique et exercice intellectuel et culturel la place qui lui revient. «Un équilibre existe entre l’universel et le spécifique. C’est le rôle de l’Histoire de le bâtir, de le composer et de le critiquer sans cesse», écrivait Jacques Berque.
Le Maroc avec la richesse de ses composantes culturelles, civilisationnelles et universelles, doit être au rendez-vous de l’Histoire, notamment avec le grand tournant historique que vit le monde.
Mohamed Nait Youssef