Atlantique

Le trimestre s’approche de sa fin et aucun bulletin n’indique la constitution du gouvernement. Ce temps semble encore normal pour certains alors que d’autre s’impatientent et pronostiquent l’accouchement de la majorité parlementaire à des dates plus ou moins proches ou lointaines selon l’appréciation qu’ils ont des développements récents survenus dans le champ politique national.

Si le chef du gouvernement désigné a été confirmé dans sa mission, il a fallu attendre l’issue du Conseil National du Parti de l’Istiqlal et le communiqué du Secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement pour éclairer l’opinion publique sur la probable éventualité de la participation de l’Istiqlal à l’exécutif gouvernemental.

Les clarifications de l’actuelle direction du parti de la balance, l’unanimité  qui a marquée les travaux de son conseil national extraordinaire malgré la défiance exprimée par des pétitionnaires de qualité reconnue au sein du parti, voire les larmes de son secrétaire général n’ont pu empêcher le choix de libérer le chef du gouvernement pressenti de son obligation vis-à-vis du parti. Les affaires intérieures de l’Istiqlal qui prépare son prochain congrès national priment sur l’issue du choix cornélien de M. Benkirane entre le respect de la parole donnée et l’ajustement décisionnel suite aux événements provoqués par un allié potentiel.

Le secrétariat général du PJD ne pouvait que prendre acte des résolutions du Conseil extraordinaire de l’Istiqlal et résoudre avec élégance le dilemme de sa participation effective au gouvernement.

L’approche de la fin de ce round n’entérine en rien la formation immédiate du gouvernement qui aurait l’appui des parlementaires de l’Istiqlal sans que celui-ci ne puisse d’une manière ou d’une autre prétendre à des responsabilités ministérielles. La majorité gouvernementale aussi large qu’elle peut l’être par ce biais, reste en suspens de ses probables constituants. Le rapport de force est à ce niveau tel que déterminé par l’échec du Parti de l’Authenticité et de la Modernité à se classer premier par les résultats du scrutin du 7 octobre de l’année écoulée.

La reconduite de la majorité parlementaire sortante permettrait le déblocage de cette situation politique dont les retombées sont encore à attendre. Encore faut-il développer l’intelligence de ne pas se détacher de l’Istiqlal et de trouver les moyens adéquats pour l’associer autant que possible à la gestion des affaires publiques et aux choix qui la détermine.

Il s’avère dorés et déjà que l’arithmétique toute seule n’est pas la seule commande de la politique. Comme disait l’autre il y a déjà quelques temps, «celui qui fait ses comptes tout seul peut croire qu’il est excédentaire». Cela a été illustré aussi bien dans les résultats du scrutin du 7 octobre 2016 que dans l’application des dispositions constitutionnelles au vu de ces résultats.

La reconfiguration du champ politique marocain est en cours aux dépens au moins du relationnel militant qui existait entres les mêmes frères, compagnons, camarades et amis d’un même parti. Le nombre, et sa mobilisation quantitative, semblent devenir maîtres des décisions sans aucun égard pour la qualité de l’appartenance et de l’engagement. La démocratie interne succombe sous le poids de la massification attachée qui se présente sans formation et encore moins l’appropriation d’un projet de société à réaliser. Que des ambitions individuelles où l’opportunisme se renforce au détriment de l’intelligence collective et de l’intérêt supérieur de la nation. Marchandisation de la politique dont la misère se répercute sur le développement humain, le bien-être de la population et la souveraineté de la décision.

Dans l’attente et l’espoir que l’on n’applique pas «à vieux comptes, nouvelles disputes», on se rappellera de ce temps où, alors que le Royaume du Maroc connaissait une laborieuse mise en place de son trente unième gouvernement ; de l’autre côté de la dorsale médio-atlantique, le quarante cinquième président des Etats Unis d’Amérique s’apprêtait à être investi après une période de transition en tant que «president elect» où ses ministres et quatre mille hauts fonctionnaires devraient  être nommés. C’est vrai que malgré la ressemblance relative, il existe entre nous l’Océan Atlantique.

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