Australie: Fermeture du centre de détention de Manus Island

Pour décourager les réfugiés venant par la mer de débarquer sur son territoire, l’Australie avait lancé en 2013 une opération dite «Frontières souveraines» par laquelle elle interceptait, en mer, les bateaux transportant des migrants et les renvoyait chez eux notamment en Indonésie et plaçait dans un camp de rétention offshore -celui de Manus Island- ceux qui sont parvenus à rentrer dans le pays.

Mais même si Camberra considère que sa politique «migratoire» permet de «sauver des vies», celle-ci n’est pas accueillie d’un bon œil par tout le monde. Ainsi de nombreuses associations des droits de l’Homme dénoncent un odieux système de déportation de migrants et les violences physiques dont ils sont victimes ; une politique qui aurait permis de refouler 28 bateaux transportant près de 750 migrants depuis la prise du pouvoir dans le pays par les conservateurs en Septembre 2013.

Très critiquée, cette politique a subi un premier revers en Avril dernier lorsque la Cour Suprême de Papouasie Nouvelle-Guinée avaitjugé «illégal et anti-constitutionnel» le placement par l’Australie des demandeurs d’asile dans un camp de détention situé sur son territoire et exigé sa fermeture dans les plus brefs délais.

Dans un communiqué, le Premier Ministre Papouasien, Peter O’Neill a déclaré que « la Papouasie Nouvelle Guinée et l’Australie sont d’accord sur le fait que ce centre doit fermer… (mais)…qu’il est important de ne pas se précipiter dans ce processus qui doit être mené de façon soignée».

Ainsi, si l’Australie qui a finalement accepté de fermer le Centre de rétention controversé n’a toujours pas donné la date de son démantèlement, elle aurait, néanmoins, commencé à prendre certaines mesures destinées soit à déplacer ses 800 pensionnaires dans un autre Camp opérationnel situé sur l’île de Nauru soit à les faire retourner dans leur pays d’origine.

En outre, si l’on en croit la chaîne ABC, le Gouvernement Australien aurait consenti à aider la Papouasie-Nouvelle Guinée en participant au coût nécessaire à la réinsertion des réfugiés et ce, d’autant plus qu’il avait précédemment investi beaucoup d’argent pour faire fonctionner le Centre de Manus et que de nombreux autochtones y travaillent.

Il est à signaler, par ailleurs, que l’Australie dont la politique est très restrictive en matière d’immigration entend, tout de même, maintenir ses frontières fermées nonobstant les incessantes critiques acerbes formulées par les défenseurs des droits de l’Homme ; ce qui a fait dire à Peter Dutton, ministre de l’Immigration : «Notre position est confirmée : aucune personne provenant du Centre de Manus Island ne sera acceptée en Australie».

Et si, à l’heure qu’il est le sort des 800 pensionnaires du Centre de Manus reste encore incertain puisqu’ils pourront toujours être déplacés – à titre provisoire – soit dans l’autre camp de Nauru soit dans celui situé sur l’île Christmas, il ne faut pas oublier, cependant,  que Camberra négocie actuellement leur éventuel placement dans d’autres pays comme la Nouvelle Zélande, les Philippines et le Cambodge.

Nabil El Bousaadi

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