Brésil : L’arroseur arrosé

Deux semaines après avoir gagné la bataille menant à la destitution de la Présidente travailliste Dilma Roussef, Eduardo Cunha, autrefois tout puissant président de la Chambre basse, a été lâché par les siens au terme d’une procédure qui a duré près d’une année et destitué à l’issue d’un vote massif de 450 voix contre 10 et 9 abstentions.

Mais qui est ce personnage qui, après avoir déclenché la procédure de destitution contre la Présidente dont il était devenu la bête noire et après avoir été suspendu de ses fonctions de Président de l’Assemblée par le Tribunal Suprême Fédéral (STF), a lui-même fini par tomber désavoué par tous ?

Député ultraconservateur âgé de 57 ans, Eduardo Cunha, inculpé à deux reprises et ayant  fait l’objet de nombreuses accusations dans le fameux scandale Petrobras qui a éclaboussé la quasi-totalité de l’élite politique et industrielle du pays, avait déjà  été suspendu de ses fonctions en Mai dernier pour «entrave à la justice».

Niant, cependant, toute malversation, l’intéressé espérait, toutefois, pouvoir conserver son mandat de député et, par voie de conséquence, l’immunité y afférente ; ce qui lui aurait permis d’échapper à une condamnation judiciaire. Mais accusé de corruption et soupçonné de disposer d’un compte bancaire en Suisse non déclaré l’intéressé avait été  contraint de démissionner le 8 Juillet dernier alors même qu’il avait usé pendant près d’une année de moult subterfuges pour parvenir à freiner la procédure qui vise à lui faire perdre son mandat.

Se disant victime d’un règlement de compte mais accusé d’avoir «menti» devant une commission d’enquête parlementaire sur la possession d’un compte bancaire à l’étranger, Eduardo Cunha qui, à l’instar de son ennemie jurée Dilma Rousseff, a assuré lui-même sa défense, a déclaré, devant la Chambre, ce lundi 12 Septembre 2016 :  «Je n’ai pas menti, il n’y a pas de compte. Où est la preuve ? Il n’y a pas de preuve… Ne me jugez pas en fonction de ce que dit l’opinion publique».

Et, après avoir rappelé que plus de 150 parlementaires font face, en ce moment, à des enquêtes judiciaires, l’ancien Président de l’Assemblée a déclaré : «Je suis en train de payer le prix pour que le Brésil se soit libéré du Parti Travailliste. Ils me font régler l’addition de la destitution de Dilma Rousseff ; ce que personne n’était capable de faire à ce moment-là».

Mais l’Assemblée, qui ne l’a pas entendu de cette oreille, a, après un vote positif de 450 députés sur les 470 présents, déclaré «la perte du mandat du député Eduardo Cunha pour conduite incompatible avec le mandat parlementaire».

 Nabil El Bousaadi

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