En dépit de l’annonce faite mardi dernier par la secrétaire d’Etat française chargée du commerce, Martine Pinville, concernant le blocage des appels de démarchage téléphonique des centres d’appels, les opérateurs marocains restent confiants. En effet, dès le 1er juin prochain, l’Hexagone lancera Bloctel, un service gratuit permettant de bloquer les appels commerciaux inconvenants en provenance des téléopérateurs.
Si la nouvelle réjouit notamment les particuliers français en proie constamment à des appels des call centers, elle a fait craindre chez certains la perte de milliers d’emplois dans le Royaume. Et pour cause, la plupart des appels émis par les call centers marocains sont adressés essentiellement au public français. En 2013, confie le site Boursenews.ma, 50% des appels des call centers du Royaume étaient destinés au public français. Selon le site financier, cette nouvelle mesure pourrait entrainer un vrai manque à gagner pour le secteur économique national. En effet, à travers le nouveau service lancé par le gouvernement français, tout particulier pourra s’opposer aux appels en provenance des call centers. Le service gratuit se veut une sorte de liste rouge qui recense les numéros habituellement utilisés par les call centers pour démarcher auprès du public français. Il s’agira donc pour le consommateur d’entrer sur le site Bloctel ces numéros fixes ou mobiles. Il faudra attendre donc un mois pour être certain de ne plus recevoir des appels des téléopérateurs. A travers ce nouveau système, Bloctel sommera toutes les sociétés de démarchage à faire nettoyer une fois par mois leur liste de numéros. Celui-ci supprimera de cette liste les consommateurs ayant requis de ne plus être appelés. Toutefois, les messages téléphoniques et sms ne sont pas visés par ce système. A long terme, le nouveau dispositif, qui n’est pas encore opérationnel, a pour objectif de mettre fin au démarchage téléphonique des calls centers. L’inscription sur Bloctel sera valable pour 3 ans renouvelables en fonction de la décision du consommateur. En effet, la création dudit dispositif avait été votée il y’a deux ans en mars 2014. Sa mise en place avait été annoncée pour l’automne 2015 avant d’être reportée au 1er juin 2016.
Ce n’est pas la première fois que la France décide de s’en prendre de main de maitre au démarchage téléphonique. Le système Pacitel avait précédemment été lancé avec le même objectif : sonner le glas des appels intempestifs des calls centers. Mais le système avait finalement été suspendu en janvier dernier.
Selon Y T, un responsable d’un call center contacté par Al Bayane, ce nouveau dispositif devra être étudié méticuleusement puisque les sanctions prévues sont lourdes et fixées à 75000 euros. «Est-ce qu’un message vocal enregistré sera considéré comme un appel ?», se demande t-il. D’ailleurs, le responsable se questionne sur les limites du démarchage. «Est-ce qu’un seul appel effectué sera considéré comme du démarchage intempestif et sera sanctionné ?». Toutefois, le chef d’entreprise reste confiant par rapport au secteur de l’offshoring au Maroc. «Ce ne sont pas non plus tous les français qui ne voudront plus recevoir les appels. Je crois que cette mesure vise surtout ceux qui abusent ». Qui plus est, pour lui, cette mesure n’augure pas la fin des call centers au Maroc. «Il y’a eu bien avant des mesures pareilles qui n’ont pas fonctionné. D’ailleurs, je crois qu’il y’a plusieurs grandes entreprises comme Bouygues, Orange… qui ne se laisseront pas faire et trouveront toujours une issue qui sera favorable pour les call centers au Maroc», souligne t-il. Sachant que selon le nouveau dispositif, si les appels de démarchage proviennent de l’étranger, c’est la société donneuse d’ordre en France qui sera poursuivie. A rappeler que les call centers réalisent au Royaume un chiffre d’affaires de près de 8 Mds de dirhams dont 50% sur le marché français. En 2013, le secteur de l’offshoring employait 70 000 personnes au Maroc.
Danielle Engolo