Cameroun : la dot, l’indispensable!

Au Cameroun, comme dans plusieurs pays africains, le mariage n’est pas directement conclu à la mairie ou à l’église. Il commence par la rencontre des familles des tourtereaux, avec comme élément incontournable, la dot. Il s’agit pour l’heureux élu d’offrir un ensemble de cadeaux à sa belle-famille afin d’intégrer celle-ci et avoir le droit d’épouser leur fille.

Au Cameroun, sans mariage traditionnel ou coutumier, toute autre cérémonie est inexistante. Qu’elle soit critiquée par les jeunes générations qui la traitent de chère ou dénoncée notamment  du fait de l’ostentation ou de la cupidité des belles familles, la dot est une institution au Cameroun. Sa pratique varie en fonction des ethnies, des tribus, et quelque fois des familles. Toutefois, certaines pratiques sont communes aux différentes régions du pays.

En effet, la dot au Cameroun est basée sur le principe d’indemnisation de la belle famille pour sa séparation d’avec un être cher, une femme, par sa contribution à la vie, ses qualités de «maîtresse de maison», de génitrice…Par contre, son montant est difficile à fixer. Mais il est commun qu’il soit tributaire de l’aisance du prétendant, de sa richesse, sa place dans la société… Il varie aussi en fonction des ethnies. Ceci étant dit, certaines ethnies du pays sont réputées pour demander des montants faramineux et d’énormes présents à leurs gendres afin de leur accorder la main de leurs filles, entre autres : les Betis, les Bassas… En région bamiléké, celle-ci est de tout repos, la pratique ayant plus une charge symbolique et étant axée davantage sur le respect des rites coutumiers des ancêtres.

La dot dans les différentes régions du pays inclut des éléments incontournables que le gendre doit offrir à sa belle-famille et ceci, en fonction des ethnies. Ceux-ci sont généralement justifiés par leur charge symbolique. Toutefois, avec l’ère moderne et les nouvelles technologies, figurent aujourd’hui dans les listes des dots des belles-familles : écrans plasma, fours, micro-ondes, réfrigérateurs…

Si le rituel de la dot est au cœur même du mariage traditionnel ou coutumier au Cameroun, il n’en est pas la principale étape. Il est la suite logique d’un cheminement et processus en amont et l’une des étapes finales du mariage traditionnel. Celui-ci étant basé sur un scénario en quatre actes :

Toquer à la porte : il s’agit pour le futur gendre de rencontrer sa belle-famille. A cette occasion, il aborde le père de sa future épouse pour lui faire part de son intention de rencontrer la famille entière et annoncer officiellement sa candidature. Le futur beau-père est ainsi investi de la mission de rassembler toute la famille. Le jour venu, le futur gendre se présente avec quelques membres de sa famille ou bien des amis. Devant toute la famille réunie, il réitère son désir d’épouser leur fille. Une liste de présents à ramener pour la demande de la main et la dot lui est alors donnée à la fin de la cérémonie. Cette étape n’est qu’un préliminaire.

La demande de la main : Ce jour-là, la famille du futur gendre ramène les présents demandés. Après vérification à la lumière de la liste donnée, on redemande au gendre les raisons de sa venue. Cette partie est généralement théâtrale et conduite par les représentants des deux familles désignés à l’occasion. Au programme, entre autres, la pratique de l’avion qui consiste pour le futur gendre à identifier sa femme parmi plusieurs jeunes femmes voilées.

La dot : Elle consiste à donner à la famille de la jeune fille les cadeaux et présents demandés.Les deux tourtereaux sont enfin mariés et bénis par la famille de la jeune fille. Le tout s’achève par une fête.

L’au revoir : Après avoir fêté pendant des heures, le chef de la famille de la femme demande le silence, appelle son beau-fils et le somme d’emmener sa femme. Au moment de quitter le lieu de la cérémonie, les nouveaux mariés reçoivent plusieurs cadeaux de la part de la famille de la jeune mariée.

Et le reste peut suivre : mariage civil, mariage religieux…

Danielle Engolo

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