CMC : zoom sur le marché du travail et le climat social

Le Centre Marocain de Conjoncture  vient de publier sa dernière lettre mensuelle «Maroc Conjoncture» n° 279. Il s’agit d’un spécial portant sur le marché du travail et le climat social.

Situation de l’emploi dans le monde : un bilan peu rassurant

L’économie mondiale continue de croître à des taux bien inférieurs à ceux qui prévalaient avant la crise mondiale de 2008. Elle semble être incapable de résorber le déficit d’emplois et de réduire les disparités sociales. Le défi aujourd’hui est de ramener le chômage et le sous-emploi aux niveaux d’avant la crise. La situation actuelle, si elle n’est pas surmontée, comporte des risques aux conséquences graves. Dans sa dernière publication intitulée « emploi et questions sociales dans le monde », l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dresse un bilan bien pessimiste de l’état du marché de l’emploi dans le monde. Il ressort de ce rapport qu’en raison de l’incapacité de l’économie mondiale à se redresser, le chômage va poursuivre sa tendance à la hausse au cours des deux prochaines années. Cette hausse va s’accompagner d’un renforcement des emplois vulnérables. Par ailleurs, ce rapport souligne que les jeunes et les femmes sont les plus touchés par ce fléau.

Fonctionnement du marché du travail

Le marché du travail au Maroc reste toujours énigmatique au vu des statistiques disponibles qui le caractérisent. En dehors du volet réglementaire qui représente un élément important qui assure son fonctionnement, il est difficile de déchiffrer les facteurs qui déterminent le fonctionnement du marché du travail. Du côté de la demande, la démographie reste déterminante. À ce facteur s’ajoute la qualité de la demande en main-d’œuvre qui s’explique en général par le niveau scolaire. En revanche, l’offre d’emploi dépend de plusieurs facteurs, mais les principaux sont la taille et le rythme d’évolution du tissu productif d’une part, et de la technologie d’autre part. Les statistiques relatives aux destructions d’emplois révèlent une tendance haussière ces dernières années. Les causes de ces destructions d’emplois restent relativement ambiguës. La dernière question qui se pose pour le marché du travail au Maroc est de savoir les raisons qui expliquent le plus son déséquilibre permanent.

Coût du travail et compétitivité: pour un débat équilibré

 Entre 2000 et 2014, la compétitivité du Maroc mesurée par l’évolution de sa part dans le total des exportations mondiales a stagné alors que des pays concurrents ont amélioré leurs performances. L’évolution de cet indicateur semble corrélée à la variation du coût unitaire de la main d’œuvre sur cette période. Les enquêtes de la Banque Mondiale font ressortir que le manque de formation et de qualification constitue pour les entreprises marocaines une contrainte plus importante que le coût du travail. Certes, des salaires trop élevés par rapport à la productivité du travail peuvent nuire à la compétitivité. Cependant, il est nécessaire de concilier l’impératif de la compétitivité avec l’amélioration du niveau de vie des travailleurs menacée par le recul de la part des richesses nationales versées aux salariés. Au niveau mondial, la compétitivité hors-prix est devenue une dimension essentielle des performances à l’exportation et explique en grande partie le succès des nations les plus compétitives.

Conflits du travail : baisse très nette des indicateurs en 2015

Au regard des données disponibles, la conflictualité du travail est en net recul au terme de l’année écoulée : baisse du nombre des établissements concernées par ces débrayages sociaux, du nombre des grèves déclenchées ou encore des ouvriers grévistes. La seule tâche dans ce tableau est la forte hausse du nombre de journées perdues. Cependant, dans une perspective de long terme (1998-2015) découpée en sous périodes homogènes, l’analyse des indicateurs de conflictualité laisse entrevoir des conclusions contrastées.

Droit de grève : alternative ou accessoire du dialogue social

Le droit de grève est le flambeau qui exprime la consécration des libertés syndicales. La grève étant entendue au sens d’un mouvement de contestation collectif, qui se traduit par une cessation totale du travail des grévistes, dans le but de satisfaire des revendications d’ordre exclusivement professionnel. Son exercice renvoie à une dualité qui oppose deux courants. Le premier y voit, outre sa contribution à la reconnaissance de la maturité sociale qui favorise la participation des salariés d’un établissement à la prise de décisions, un rôle économique permettant d’assurer une veille pour la protection du pouvoir d’achat et partant, l’encouragement d’une consommation qui, à son tour, impulsera la croissance. Le second, tout en admettant la légitimité, considère que c’est une pratique qui altère l’effort d’investissement et pénalise, en conséquence, l’emploi, et plus généralement le développement.

Stratégie de l’emploi : quelles politiques pour quels objectifs ?

Le déficit grandissant en matière d’emploi constitue un défi permanent pour les politiques publiques. La promotion de l’emploi est devenue par conséquent l’une des composantes essentielles des programmes de politique économique. Partant de ce constat, la nouvelle stratégie au Maroc en la matière cherche à placer les questions de l’emploi au centre de la problématique de croissance et du développement économique et social. Cette stratégie vise à faire face aux multiples déséquilibres que connait le marché du travail, particulièrement pour les populations jeunes accédant pour la première fois à ce marché. Elle fait cependant apparaître certaines insuffisances ayant trait non seulement au caractère assez général des actions à entreprendre pour la promotion de l’emploi mais aussi à la pertinence des objectifs quantitatifs retenus.

(MAP)

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