Cohésion

Dans notre modernité hétéroclite, l’utilisation des médias devient de plus en plus présente, de plus en plus audacieuse et de plus en plus dangereuse. L’agit-prop a été ainsi universalisée, pour tout et pour n’importe quoi, à travers les réseaux sociaux dont l’emprise renferme l’individu dans un isolement réducteur.

En relation avec le mouvement revendicatif d’Al Hoceima, l’arrosage est permanent en vidéos, interventions, photos réelles ou retouchées. Chacun(e) allant de sa conviction, de son zèle et de ses fantasmes, pour apporter sa bonne parole sans toujours respecter la politesse, la rigueur et le respect qui doivent régir tout échange, aussi virtuel soit-il. On en devient blasé très vite, d’autant que les partages multiplient la publication des mêmes annonces. L’information devient parasitée et la manipulation est rendue probable.

En faisant abstraction des officiels de l’agit-prop qui s’engouffrent dans l’événement pour clarifier encore plus leur dessein, les échanges virtuels ont malheureusement ravivé des dissensions que l’on croyait disparues à jamais depuis la mise en échec du dahir berbère de 1930 promulgué par la résidence générale du colonialisme.

Il n’est de l’intérêt de quiconque de porter atteinte à la cohésion de notre peuple. Cela ne peut être toléré par aucun(e) patriote. Le discernement doit prévaloir pour que la manipulation, quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre, ne prévale et permettre aux adversaires de notre peuple de l’empêcher de consolider ses acquis vers l’intégrité territoriale, la démocratie, le développement durable et la justice sociale.

Le mouvement social dans sa légitimité ne peut se laisser emprisonner par des scories de la lutte des masses populaires pour leur émancipation et la satisfaction de leurs légitimes aspirations à l’égalité des personnes et des territoires. Les slogans enflammés pour se donner une personnalité autre que marocaine, l’utilisation de drapeaux autres que celui du royaume, emblème officiel de notre identité marocaine selon la constitution, les comportements antidémocratiques pour empêcher toute autre parole que celle qui croît être tutrice du mouvement social, à Al Hoceima, à Frankfurt am Main ou ailleurs, constituent autant de dérives que l’action des commandos contre les manifestants ou l’action d’attiser le sentiment national par le rejet de l’autre sur la base de son ethnie ou de sa militance. Que les extrémistes de tout bord se le disent, le peuple marocain saura défendre son unité en affirmant sa cohésion, lui qui a su vaincre toutes les politiques de division menées contre son intégrité territoriale ou développées à partir de la diversité de ses composantes humaines. Notre richesse réside dans ce capital humain dont les racines se trouvent aussi bien en Afrique qu’en Europe et dont l’histoire a montré autant la mobilité que la pérennité de son organisation étatique depuis des siècles révolus.

Pour autant, l’approfondissement et la consolidation de notre processus démocratique ne peuvent réussir sans l’enracinement des partis politiques à travers l’ensemble du territoire, dans le respect de notre loi fondamentale et des dispositions régissant et garantissant leurs actions. Ni diabolisation, ni domestication, ni marginalisation, ni favoritisme. C’est à la population de faire ses choix librement, de les exprimer lors des élections dont les résultats doivent être respectés. La sanction doit se faire à ce niveau sans usages frauduleux, ni interventionnisme autoritaire, ni comportements mafieux. Le vote politique doit être encouragé pour que les programmes se différencient et se prononcent sur les choix fondamentaux pour l’émancipation de notre société et l’émergence de notre pays. Les élites doivent être méritantes et non corrompues et non aliénées. On ne peut changer un peuple en le méprisant, en le snobant, sans connaitre ses misères ni partager ses bonheurs. L’aménagement du territoire national doit être mené non pas seulement pour favoriser la relance et la croissance économique dans les zones où cela peut se faire rapidement ; mais aussi pour combler les déficits et marquer la solidarité entre les pays et les terroirs, en veillant « à ce que chaque territoire dispose des moyens de surmonter ses fragilités et de développer son potentiel en fonction de ses spécificités, au service de l’égalité entre les citoyens et entre les territoires ». (Voir article 1 du décret n° 2017-1075 du 24 mai 2017 relatif aux attributions du ministre de la cohésion des territoires en France).

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