Covid-19 : Où en sommes-nous ?

Après deux ans de pandémie, pouvons-nous tirer des leçons de cette terrible épreuve humaine ?

Par Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste

Presque deux années de pandémie que nous avons vécu dans l’angoisse, dans la peur, face à la mort. Dans le doute, dans les hésitations, dans les ajournements, dans le recul aussi, en essayant de laisser entre nous et ce virus terriblement mortel une certaine distance pour garder un tant soit peu l’esprit clair et les idées lucides. Nous allons boucler deux années qui ne ressemblent à aucune autre dans nos vies. Nous serons connus dans l’Histoire des humains comme cette génération qui a survécu tant bien que mal à l’une des pires crises sanitaires de ses cinquante dernières années.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui, après avoir déploré plus de 5,3 millions de morts aux quatre coins de la planète et plus de 270 millions de personnes contaminées, avec presque 1 million de cas au Maroc et presque 15 000 morts ? Qu’est-ce qui a changé dans nos vies ? Qu’est-ce que nous sommes devenus aujourd’hui ? Avons-nous changé ? Avons-nous appris de cette épreuve à nulle autre pareille ? Avons-nous pris la pleine mesure de ce monde en mutations qui change à vue d’œil et qui nous oblige tous autant que nous sommes à nous adapter pour survivre ? Avons-nous été assez intelligents pour ne pas perdre cette occasion unique de revoir nos cartes, de revoir nos positions sur la vie, sur la société et sur le monde dans lequel nous évoluons ?

Par de nombreux aspects, tous les paradigmes humains ont pris un sale coup. Ils sont aujourd’hui frappés de vétusté. Ils sont pour la plupart révolus. Ils sont dans leur majorité dépassés. D’abord la vie en société est devenue, dans une large mesure, synonyme de risque et de danger. Pour éviter le pire, il faut porter un masque, et tout le temps. Il faut aussi s’éloigner des autres. Il faut garder cette distance obligatoire pour éviter le contact. Ce qui revient à dire que les humains s’acheminent à exister dans un monde hostile où tout contact, où toute promiscuité peut se payer cash. Un monde de clivages. Un monde polarisé entre différentes régions qui vont finir par ne plus se rencontrer. Un monde aux frontières barricadées, un monde où chaque État se terre en attendant que l’ouragan passe pour contempler dans l’horreur les dégâts. 

L’Europe est désormais une zone sinistrée. Les Etats Unis ont atteint les 50 millions de contaminations et presque 1 million de morts. Une hécatombe, pire que toute la guerre du Vietnam. L’Afrique est toujours résiliente et restera le futur de cette humanité finissante, cette humanité aux abois, ne sachant plus le vrai du faux, marchant droit vers une fin annoncée. L’Asie, quant à elle, navigue à vue entre une Chine qui veut sauver les apparences et une Inde éclatée, sans parler de la Russie et du Japon, qui essayent de tirer leur épingle du jeu en multipliant les esquives politiques et les tentatives de contenir une pandémie qui les dépasse largement, et à tous les niveaux.

À la lumière de tous ces changements de fond, comment peut-on prévoir le futur de cette humanité. À coup sûr, il y a un avant-Covid-19 et un après Covid-19. Ce qui se profile pour les années à venir nécessite une lecture approfondie pour en définir les contours déchiquetés. Désormais, après deux années de pandémie, il faut revoir en profondeur toutes nos sociétés humaines. Il nous faut revenir à une éthique simple, celle du respect des humains et de leur territoire de vie qu’est cette nature que ces mêmes humains ont défigurée, ont détruite, ont lynchée de part en part, avec sauvagerie, avec violence, détruisant tout sur leur passage, décimant plus de 60% de la faune du globe en 60 ans de dit progrès et croissance. Mais quel est ce développement qui pousse les humains à détruire leur habitat tout en dépensant des trillions de dollars pour aller occuper une autre planète comme Mars ! C’est une folie terrible. Une aberration assassine.

Il nous faut donc redistribuer nos cartes sur l’échiquier du monde en opérant un virage à 180 degrés pour sauver ce monde et cette humanité. Cela passe par la protection de la nature, par la paix, par la lutte acharnée contre les disparités sociales, contre la famine, contre l’exode climatique, contre le tout technologique, contre le tout digitalisé, contre l’armement à outrance, contre le nucléaire, contre les visées hégémonistes de certaines États, contre la guerre des cultures, contre les agressions au nom d’une certaine idée de l’idéologie ou de la religion, contre la banalisation de la mort, contre les drogues et les stupéfiants, contre la médiocrité généralisée en rendant à l’intellect et à l’intellection toute sa place au sein d’un monde plus clément, à visage humain, avec des valeurs suprêmes que sont le respect des droits fondamentaux de tous les humains sur cette terre qui demeure notre unique habitat, notre unique demeure.

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