Espagne : Sérieux camouflet pour le gouvernement de Pedro Sanchez

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Reconduit il y a à peine deux mois et demi, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez est extrêmement fragile et c’est le moins que l’on puisse dire au vu du cinglant échec qu’il a essuyé, ce mardi 30 Janvier, quand la chambre basse du Parlement espagnol a rejeté le projet de loi d’amnistie des indépendantistes catalans qui était une condition exigée, par ces derniers, en échange de leur soutien indispensable à la reconduction, mi-novembre, de Pedro Sanchez pour un nouveau mandat.

Imprévisible, le parti indépendantiste Junts per Catalunya a voté contre ce projet de loi hautement controversé, en estimant qu’il ne garantissait pas l’application de cette amnistie à son chef de file, principale figure de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, et exigé des socialistes qu’ils votent certains amendements destinés à contrer l’offensive judiciaire par laquelle deux magistrats avaient cherché à empêcher l’application de cette mesure d’amnistie au profit du dirigeant indépendantiste catalan Carles Puigdemont.

Or, face au refus des socialistes, le parti indépendantiste de Catalogne, estimant que l’amnistie qui « doit être totale […] ne (doit) laisser personne sur le bord de la route », a voté contre le projet de loi si bien que celui-ci n’a pu recueillir que 171 voix alors que la majorité requise était de 176 voix sur 350.

Ainsi, lors d’un véritable coup de théâtre, les sept députés du parti indépendantiste précité, qui avaient promis de soutenir le premier ministre socialiste en contrepartie de la promulgation de la loi d’amnistie qu’ils réclamaient depuis des mois et qui était destinée à « libérer » près d’un millier de catalan des poursuites liées à la tentative de sécession de 2017, ont voté contre le texte de loi y afférent au motif que sa formulation pourrait laisser certaines personnes en dehors du périmètre de la mesure de grâce.

Parmi ceux-ci figure l’ex-président catalan et chef de Junts, Carles Puigdemont, en fuite en Belgique depuis six ans.

S’il venait donc à être adopté, ce texte permettrait d’arrêter les poursuites contre plusieurs centaines de militants indépendantistes accusé d’être impliqués dans la tentative de sécession de 2017.

Mais, en considérant qu’il ne s’agit point-là d’un abandon de la loi d’amnistie mais du simple rejet, en première lecture, du texte y afférent dès lors que celui-ci va pouvoir faire son retour en commission parlementaire et faire l’objet d’une éventuelle modification, le ministre de la Justice, Félix Bolaños, jugeant « incompréhensible que Junts ait voté contre une loi qu’il a négociée », a invité le parti catalan à « reconsidérer sa position ».

C’est un autre son de cloche que l’on entend du côté de l’opposition dès lors qu’en considérant que « l’humiliation est constante » puisque cette loi d’amnistie divise profondément la société espagnole, le chef de file de la droite, Alberto Nuñez Feijoo, a mobilisé, ce dimanche près de 45.000 sympathisants dans le centre de Madrid.

Autant dire qu’il est difficile de croire que le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez va pouvoir se maintenir en place après avoir essuyé un tel camouflet mais attendons pour voir…

Étiquettes , ,

Related posts

Top