Le bras armé de l’Afrique pour lutter contre les catastrophes naturelles a encore tout à prouver. Les intervenants à la 2e édition du cycle de conférence «Africa2025» ont été unanimes : l’Afrique demeure la première victime du changement climatique. Les chiffres sont d’ailleurs alarmants. «Pas moins de 800 catastrophes naturelles ont frappé ce continent entre 2013 et 2014, engendrant des pertes estimées à 4% du PIB», a souligné Hakima El Haité, ministre chargée de l’Environnement.
Le continent a tout à gagner dans la lutte contre les risques naturels. Cela lui permettra d’attirer davantage d’Investissements directs étrangers (IDE), notamment dans le domaine agricole. Selon la ministre, «70% des terres africaines sont cultivables». Sachant que la région regorge déjà d’investissements étrangers dans le secteur agricole, la lutte contre le changement climatique lui permettra de saisir les opportunités qui demeurent inexploitées. Près de 65% de ses ressources naturelles exportées ne sont pas valorisées. De même : «les pertes liées à l’importation de denrées alimentaires s’élèvent à 50 milliards de dollars». En tout cas, le chantier de la lutte contre le changement climatique n’est plus un choix mais une nécessité. Surtout que «le changement climatique menace l’atteinte des objectifs du développement durable», aura rappelé d’emblée Hakima El Haité. En outre, le phénomène est désormais la première cause de migration forcée, a indiqué le ministre nigérien en charge de l’Environnement, Boukari Wassalké.
Aujourd’hui, le défi est d’exécuter l’accord de Paris, signé récemment à New York par 175 Etats. «Il ne suffit pas d’avoir un accord mais encore faut-il l’appliquer», insiste la ministre. Il s’agira notamment de veiller au maintien du réchauffement climatique dû aux activités humaines en dessous de 2°C d’ici à 2100 par rapport à la température de l’ère industrielle. L’atteinte des objectifs de Paris pose plusieurs défis. En tête, le niveau d’engagement de chaque pays. Hakima El Haité évoque le cas des pays pétroliers pour lesquels «il sera difficile de délaisser une source de richesses afin de migrer vers une énergie sobre en carbone». L’autre défi est lié au financement des projets destinés à lutter contre le changement climatique. L’Afrique, qui concentre l’essentiel des vulnérabilités, est encore une fois le premier concerné. Le continent n’a pas réussi à attirer suffisamment de moyens de financement de l’action climatique. Sur les 62 milliards de dollars mobilisés, il n’en a absorbé que 188 millions. Pour la ministre, les pays africains n’ont pas su présenter des dossiers bancables. Selon elle, le plus gros de l’enveloppe a profité à l’Inde et la Chine.
Au-delà des ressources financières, l’Afrique manque également de savoir-faire dans ce domaine. La ministre nuance toutefois en affirmant que le Maroc dispose de l’expertise, notamment dans le domaine solaire. «Le Maroc constitue le centre des compétences climatiques», a-t-elle affirmé. En s’adressant aux responsables africains, la ministre a fait savoir que le Maroc a accumulé un savoir-faire qu’il est prêt à partager avec leurs pays.
Hajar Benezha