les richesses et opportunités de la région, mais aussi ses particularités artistiques et culturelles.
Les tribus venues de l’Afrique subsaharienne ont porté, depuis des décennies, avec eux un art ancestral : la musique Gnaoua. Les grands parents en effet de MaalemHammadMahjoubi en font partie. Hammadmarche sur les traces des grands Maalem qui ont cédé leurs rythmes aux générations. Il avait porté le flambeau en créant une maison gnaoua dans son village natal où il recevait souvent des groupes et des artistes des quatrecontinents, ainsi que des jeunes qui voulaient apprendre le métier.
«C’était en 2006 que notre groupe avait vu le jour. En effet il y a ceux qui appellent cette musique que nous faisons une musique d’«esclaves». Nous nous faisons une musique très particulière qui ne ressemblait pas aux autres styles gnaouis. Nousne jouons pas cette musique spirituelle qui a avait rapport avec «lhadra», la transe», nous a confié MaalemHammad.
«L’origine de cette musique gaouie, a-t-il dit, se trouve dans l’Afrique subsaharienne, notammentau Mali, Niger, Sénégal…. Dans notre style, on se base sur l’instrument tambour appelés « tbel » et les qarqabus. Pour nous, le « tbel »est un instrument très riche en mélodies par quoi nous pourrons inventer d’autres styles et rythmes afin d’accrocher et attirer les gens qui s’intéressaient à cette musique», a-t-il ajouté. Et d’ajouter :cette musique gnaouie a été portée et ramenée par des gens issues de différentes tribus de l’Afrique(Bambara, Lbouhala, lhawassa), où certaines d’entre ellesexerçaient l’agriculture en cherchant de l’eau dans les rivières, et où d’autres, nomades cette fois-ci, qui se sont installés au Maroc avant que les frontières ne soientdessinées entre l’Algérie et la Mauritanie . On a des familles, raconte l’artiste, qui sont toujours enAlgérie et même en Ethiopie.
Le groupe joue entre 4 et 6 musiciens avec des instruments différents rimant avec plusieurs danses dont «Takhbachiyt», « ait mgha »et d’autres, selon la tribu et les gens qui ont vécu dans cette région.
La première chanson est consacrée pour demander pardon au Dieu ou une vénération du prophète. «Les chansons viendront en tissant les rythmes. Pour les chansons, on chante en Arabe, en amazigh, à savoir que les femmes également s’intéressent à notre musique et qui jouent avec nous», a-t-il poursuivi. Quant aux paroles, elles sont puisées du patrimoine musical local authentique que plusieurs chanteurs et compositeurs avaient écrit.
Le métissage musical et vestimentaire entre la musique de gnaoua et les autres composantes musicales régionales se reflètent dans le style du groupe Bambarra.
«Notre point commun entre Ahwach des amazighs et notre groupe demeure dans les habits portés par les musiciens. Dans certaines de nos danses, nous sommes inspirés des Ahwach, surtout en matière de gestes et danses», a-t-il conclu. En outre le groupe musical qui a pris part à la 4ème édition du festival international de Merzouga des musiques du monde a présenté l’une des belles créatures musicales de cette édition : la symphonie Gnawa qui a été dirigée par HammadMahjoubi.
Pas loin de la maison de Gnaoua, le couple franco-marocain composé des deux artistes peintres Johanna et Mahmoudi ont choisi d’investir dans un projet artistique et culturel. C’est un pari certes, mais les deux passionnés avaient pu réussir l’idée et lui donner plus d’ampleur. Depuis quelques années, ils fondaient le café des artistes qui accueillent chaque année des touristes et des visiteurs d’ici et d’ailleurs pour découvrir et admirer leurs toiles en buvant un verre de thé ou en jouant sur un instrument. Johanna reçoit comme le veut la tradition avec son sourire habituel. «On a créé cet endroit artistique dont un café littéraire et une salle d’exposition depuis quelques années déjà. On a des gens du monde entier qui viennent ici pour prendre un thé en regardant les expositions avant de n’échanger les idées. Dans l’avenir nous aimerions créer des événements culturels, des rencontres littéraires. Bref, nous voulons faire de cet endroit, un lieu insolite au pied des dunes. L’essentiel est de créer un espace culturel aussi pour les gens de la région», nous a raconté à cœur ouvert Johanna.