En dépit d’un secteur des assurances marqué par le ralentissement de l’activité Non vie, les revenus des compagnies des assurances cotées à la bourse de Casablanca, au titre de l’année 2015, ressortent en croissance. Toutefois, la masse bénéficiaire dudit secteur n’est pas parvenue à accroître. Pour analyser cette situation, nous avons interviewé Kawtar Karbal, chef du département «Recherches et Analyses» de la société de bourse Crédit du Maroc Capital (CDMC).
Al Bayane : Comment jugez-vous les résultats annuels 2015 du secteur des assurances cotées ?
KawtarKarbal : Au cours de l’exercice 2015, le secteur national des assurances a évolué dans une conjoncture économique marquée par l’amélioration du déficit des liquidités bancaires de plus de 24 milliards de DH en 2015, des Bons du Trésor relativement bas ainsi que la contre-performance du marché actions de 7,2% par rapport à une hausse de 5,6% en 2014. Dans ce contexte, le secteur coté des Assurances accuse une perte de 3,3% de ses bénéfices nets au titre de l’exercice 2015 à 1,4 milliards de DH.
Toutefois, il est à noter que le chiffre d’affaires du secteur s’est adjugé un gain de 5,3% à 13,88 milliards de DH au moment où le résultat technique sectoriel se hisse à 1,69 milliards de DH en accroissement de 4,9% en comparaison avec l’exercice 2014.
Peut-on dire que le second semestre de 2015 n’a pas été bénéfique pour le secteur des assurances ?
En effet, durant le second semestre 2015, nous avons pu palper l’impact négatif de l’exposition du secteur des assurances aux aléas du marché financier. En effet, force est de constater que la baisse du bénéfice sectoriel est redevable, essentiellement, à l’effort de provisionnement entrepris au niveau du résultat des placements financiers et ce face à un marché peu clément.A titre d’exemple, le résultat financier consolidé d’Atlanta a subi une perte de 55,5% à 208,6 millions de DH. Notons que cette contre-performance est imputable, essentiellement, à l’impact du provisionnement du titre Samir pour un montant de 173 millions de DH, portant, ainsi, le taux de couverture dans les comptes d’Atlanta et de Sanad à 92% en 2015 ;
De son côté, le résultat financier consolidé de Saham Assurance accuse un repli de 35,9% à 300,3 millions de DH en raison, principalement, de la montée des « dotations nettes des dépréciations sur les placements » à 313,8 millions de DH en 2015 contre 99,3 millions de DH une année auparavant.
Dans une moindre mesure, le résultat financier 2015 de Wafa Assurance, toutes branches confondues, a subi une perte de 2,1% à 1,2 milliards de DH. A ce niveau, les dotations de placements s’élèvent à 299,4 millions de DH en 2015 contre 111,2 millions de DH une année plus tôt.
Quid des courtiers des assurances ?
De leur côté, les deux courtiers cotés affichent des réalisations annuelles contrastées. En effet, la nouvelle recrue de la Bourse de Casablanca, AFMA, affiche un résultat net part du groupe de 55,15 millions de DH et un Chiffre d’affaires de 178,5 millions de DH en hausse respectivement de 3,9% et 11,6% par rapport à l’année 2014. Les résultats annuels 2015 AFMA restent, globalement, en ligne avec nos prévisions lors de son introduction en Bourse en novembre 2015.
Pour sa part, la société Agma Lahlou Tazi subit une perte de 15% de son résultat annuel 2015 à cause de la baisse de 7,1% du chiffre d’affaires suite, notamment, au décalage au niveau de l’encaissement d’une importante régularisation de prime et la régression du taux moyen de commission. Cette baisse s’explique aussi par la régression de 16,2% du résultat opérationnel à 48,9 millions de DH en lien, essentiellement, avec la hausse de 7% de la rubrique «Autres charges externes» à 12,7 millions de DH et la hausse de 21,6% des «achats consommés de matières et fournitures» à 1,1 millions de DH.
Quelles sont les compagnies qui ont dominé le marché lors de l’exercice précédent ?
Au cours de l’exercice 2015, Wafa Assurance détient le leadership national avec une part de marché de 21,1% suivie de RMA Watanya avec une part de 18,2% et Axa Assurances Maroc avec 12,8%.
Pour la branche «Vie», Wafa Assurance se positionne en tête de peloton avec une part de marché de 32,4%, suivie RMAWatanya avec 25,3% et La Marocaine Vie avec 12,1%. Concernant l’activité « Non Vie », le leadership revient à Saham assurance avec une part de marché de 17,2%, suivie de Wafa Assurances avec 15% et RMA Watanya avec 14,5%.
Quelle est votre vision d’avenir pour le secteur ?
Actuellement, le taux de pénétration du secteur des assurances au Maroc ne dépasse guère 3% ce qui pourrait se traduire par un potentiel de développement important et des perspectives de croissance prometteuses.
Cette conjecture se trouve corroborée par les différents remaniements que connaît actuellement le secteur, tels l’avènement de nouvelles obligations d’assurance, la réforme du Code des assurances, notamment au niveau de la solvabilité, la couverture des risques catastrophiques, l’assurance Takafulet le basculement du secteur vers le mode Digital.
Ceci sans oublier les ambitions des grandes compagnies d’assurance marocaines qui confirment, au fil des années, leur capacité à s’africaniser.
Kaoutar Khennach