La détente sur les taux d’intérêt n’est pas immédiate !

BAM baisse le taux directeur à 2,75%

Par Fairouz EL Mouden

C’est un effet surprise  et contrairement à toute attente des acteurs économiques et financiers, que Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al Maghrib a décidé de réduire le taux directeur à 2,75% contre 3% auparavant. L’approche économique prend cette fois-ci  le pas sur la maitrise du processus inflationniste qui semble selon les appréciations des experts de BAM suivre un trend baissier en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.  Néanmoins, si la baisse du taux directeur prendra effet aujourd’hui 27 juin, la détente  sur le coût de la ressource et donc sur les taux d’intérêt  ne sera pas immédiate mais progressive. Côté passage  vers un régime de change flexible, la prudence reste toujours de mise. En effet, des ajustements fréquents du taux directeur de la banque centrale pour défendre la monnaie nationale auront des effets néfastes directs sur les taux d’intérêt appliqués par les banques aux TPME et autres clients, estime le gouverneur de la Banque Centrale. 

La décision de baisser le taux directeur de 25 points de base a été activée lors de la deuxième réunion de Bank AL Maghrib .

Elle se justifie en grande partie par les progrès dits significatifs en matière de maitrise de l’inflation et son recul à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-covid de l’activité économique.

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 Jouahri  a expliqué que compte tenu de la décompensation partielle du gaz butane, « le taux d’inflation devrait atteindre, un niveau inférieur à 2% en 2024. Sa composante sous-jacente, qui reflète la tendance fondamentale des prix, s’est établie en moyenne à 2,1 % sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau jusqu’à fin 2025. »

Un communiqué de BAM souligne par ailleurs, que la baisse du taux directeur tient aussi compte de l’évolution de la conjoncture nationale et internationale et des projections macroéconomiques à moyen terme de BAM. Autrement dit, la décision de revoir à la baisse le taux directeur pour le placer à 2,75%  aspire avant tout à la relance et l’amélioration de la situation économique nationale. 

Pour le Wali de BAM, la croissance de l’économie nationale devrait s’accélérer pour atteindre 4,5% en 2025. Ce qui est en ligne avec les objectifs de préservation des équilibres macroéconomiques conformément au projet de loi de finances.

Un autre élément confortant renvoie à la situation de renforcement  des avoirs officiels de réserve. Le taux de couverture assure aujourd’hui  cinq mois et demi d’importations de biens et services.

Jouahri vise in fine une détente sur le coût de la ressource pour stimuler l’investissement et le financement des projets.  Le Maroc est en plein chantier. Néanmoins, la baisse des taux d’intérêt n’est pas pour demain, il faudra attendre  quelque mois pour l’appliquer. La Banque Centrale reste le dernier recours des banques pour se procurer leurs  ressources. La baisse dépendra de la baisse du coût de la ressource et de la concurrence entre les banques.

Encadré

Flexibilité du dirham : l’encadrement des TPME est essentiel

Le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a mis en avant, mardi à Rabat, l’importance cruciale de préparer et encadrer les Très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) avant d’envisager le passage à la nouvelle phase de la réforme du régime de change flexible.

« Bien que plusieurs prérequis soient favorables comme l’équilibre budgétaire et le niveau des réserves de change, les opérateurs économiques, notamment les TPME, ne sont pas prêts pour cette transition », a souligné M. Jouahri lors d’un point de presse tenu à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle du Conseil de BAM pour l’année 2024.

Il a, dans ce sens, expliqué que le passage vers un régime de change flexible implique des ajustements fréquents du taux directeur de la banque centrale pour défendre la monnaie nationale, ce qui affectera directement les taux d’intérêt appliqués par les banques aux TPME et autres clients.

Ces opérateurs ne sont pas encore préparés à recalculer les coûts et ajuster les prix en conséquence, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’impact potentiel sur leur compétitivité, a-t-il poursuivi, notant que des politiques d’accompagnement sont renforcées pour certaines catégories d’entreprises afin de faciliter cette transition. « Il est crucial que les opérateurs économiques soient en mesure de pouvoir s’adapter à ces changements », a-t-il conclu.

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