La fête de l’impertinence créatrice

Les Rimbaud du Cinéma,

Par : M’barek Housni

Sans indépendance, aucun cinéma digne de ce nom ne peut tenir tête à l’image «banalisée». Sans une forte dose d’impertinence dans la vision (Vision du monde, ça va sans dire), puis dans la captation de l’image mouvante (soucieuse, intégrée et exclusive), ce cinéma est condamné à se répéter et à répéter les mêmes «pistes tracées», et ainsi produire l’ennui total, sinon la fadaise. Trop peu pour les vrais amoureux du cinéma.

Le septième art, parce qu’il est art, doit investir sans succomber à la tentation de la lassitude et de la facilité, les terrains de l’imaginaire non défraîchis. Par bonheur, bon nombre de ces vrais amoureux du cinéma vrai existe un peu partout de par le monde. Et ils créent des bijoux filmiques où l’homme se trouve confronté à son monde à divers niveaux et en profondeur. Il le donne à voir en diverses situations, souvent inattendues, avec la dose de véracité requise et surtout la charge émotive nécessaire. De plus, ces films qu’on voit rarement, sont imprégnés, ce qui décuple le plaisir, de leurs cultures d’origine où ils baignent. Et ainsi la connaissance et l’art se conjuguent dans cette moule universelle qu’est tout simplement le cinéma avec son langage propre acquis aux éclairés comme aux néophytes.

Malheureusement, ils sont peu visionnés en dehors de leur entourage immédiat, le pays d’origine ou certains festivals, si la chance leur sourit. Or, d’autres amoureux du cinéma ne se résignent pas, ne baissent pas les bras, s’occupent de ces films peu vus, à petits budgets et peu distribués, et essaient de les ressusciter ailleurs. Ils les portent à l’écran, poussés par une cinéphilie intransigeante dans sa passion. Avec des récompenses méritées à la clé.

La fête « Les Rimbaud du Cinéma », un événement culturel, en est un très bel exemple. Sion un modèle à suivre. C’est un festival qui promet la fête cinephilique à tout film invisible au-delà de son circuit restreint, tout film original (ça va de soi) qui n’a pu faire parvenir son côté innovant à un grand nombre de spectateurs qu’il est en droit d’exiger et d’avoir. Tout film en dehors du circuit des grandes industries et des médias dit populaires, des distribiteurs «mondialisés». Les Rimbaud du cinéma est une grande opportunité artistique et cinématographique. Il réunit les amoureux sincères du cinéma comme cité ci-haut. La preuve : l’octroi d’un Rimbaud à tout lauréat.  Quoi de plus beau qu’une statuette d’un Rimbaud  en mouvement, représentant le poète des poètes universaux, chanteur et chantre par le mot inspiré de la liberté. Arthur Rimbaud dont la citation célèbre sert de motif, de symbole et de programme à ce festival unique : «Que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre».

Oui, c’est cela même. L’événement annuel «Les Rimbaud du Cinéma» s’inspire de ce que suggère la liberté, et de ce qu’il fait naître comme images et comme idées pour célébrer les films reçus, et surtout les films lauréats dans la ville natale du poète Charleville-Mézières, lors d’une journée cérémoniale et festive dédiée à la célébration du cinéma libre, indépendant, invisible, impertinent. La première édition qui s’est déroulée en 2019 a tenu toutes ses promesses. Un jury des plus engagés, des films de grande facture et un invité d’honneur, tenez-vous bien, qui s’appelle Emir Kusturica, un grand parmi les grands. L’édition 2020 lui emboîte pas, défiant la pandémie, va son petit bout de chemin, et aura sa journée festive, la cérémonie de remise des Rimbaud, vers la fin de mars de l’année en cours 2021, avec un autre invité d’honneur qui n’est qu’un autre grand parmi les grands, Costa Gavras. Rimbaud est ce magicien auquel personne ne peut résister, dont l’appel sonne telle une invitation au majestueux. Présidé par le talentueux cinéaste notamment du fameux film « La dormeuse du Val » (mais aussi producteur et destributeur) et grand combattant de la lutte pour la liberté en art et partout, Manuel Sanchez,  l’événement,  les Rimbaud du Cinéma, a entamé un une belle entrée dans la géographie de la célébration du cinéma, un joli sillon dans la cartographie de la reconnaissance par le mérite et l’innovation.

Heureuse Rimbaldie !

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