Le Comité central du PPS adopte à l’unanimité le rapport du Bureau politique

Nabil Benabdallah :

– Le gouvernement de droite mis en place par la coalition des lobbies

– C’est un Exécutif qui n’a rien à voir avec  « l’Etat social», un concept de la Gauche

– L’utilisation massive de l’argent a faussé le jeu et menace la démocratie

Le comité central du Parti du Progrès et du Socialisme a tenu, samedi 30 octobre 2021, sa huitième session ordinaire pour débattre de différentes questions à la lumière du rapport du bureau politique, présenté par le Secrétaire Général du parti, Mohammed Nabil Benabdallah.

Au cours de cette session, organisée en présentiel, les débats ont été axés sur la situation d’avant et d’après les élections générales du 8 septembre dernier et de leurs résultats et impacts sur le pays en général et le parti en particulier, amené à exercer ses fonctions dans le cadre de l’opposition.

Au terme des travaux de cette huitième session, tenue sous la présidence de Mustapha Rejjali, membre du bureau politique entouré d’autres membres du BP : Rachid Roukbane, Nadia Touhami, Khadija El Baz et Aicha Lablak, le comité central a adopté à l’unanimité le rapport du bureau politique, le rapport financier et le rapport de la commission du contrôle politique et d’arbitrage.

LES TROIS PARTIS ARRIVES EN TETE FORMENT LA NOUVELLE COALITION, LE PPS DANS L’OPPOSITION

Suite à l’annonce des résultats des élections du 8 septembre, les trois partis arrivés en tête ont mis en place une coalition gouvernementale, qui donne l’impression, à première vue, d’avoir une nature politique et partisane, mais qui est au fond technocrate, comme peut le constater tout observateur avisé, a souligné le SG dans son rapport, selon lequel le cumul de l’autorité et de l’argent n’est pas sans danger pour le devenir du pays et sa démocratie.

Dans ce cadre, le PPS, qui n’avait aucunement l’intention de participer à ce gouvernement, n’avait reçu, comme on s’y attendait, aucune offre dans ce sens.

A l’occasion de cette réunion, le comité central est en effet appelé à valider le choix du parti d’exercer ses fonctions dans le cadre d’une opposition nationale, démocratique, constructive et responsable, comme il l’avait solennellement annoncé, à l’occasion de l’examen de la déclaration gouvernementale à la Chambre des Représentants.

A l’issue de ce positionnement, le PPS continuera évidemment d’œuvrer pour la réalisation des objectifs prioritaires qu’il s’est fixé et qui visent le renforcement de la démocratie et l’élargissement du champ des libertés. Il continuera aussi d’œuvrer pour la création d’un climat d’apaisement politique et en matière de droits humains, pour la libération des détenus du Hirak social et ceux dans des affaires journalistiques, ainsi que pour la consolidation de l’économie nationale et de ses capacités à créer des richesses et des postes d’emploi dans le cadre du respect de la loi, de la transparence et de la concurrence saine. Un intérêt particulier sera également porté à la question sociale, à la dignité de l’homme, à la chose culturelle et à la question environnementale.

LE PROGRAMME GOUVERNEMENTAL COMPORTE DE NOMBREUSES LACUNES

Revenant sur le programme gouvernemental, présenté devant le parlement, il a indiqué que le parti a pris note de certains points positifs qu’il contient, qui consistent en quelques engagements tirés du document du nouveau modèle de développement et qui ne relèvent point de l’innovation de la majorité gouvernementale ou de sa volonté.

Le document comporte par contre de nombreuses lacunes dont en premier lieu le manque de définition de la plupart des questions liées à l’espace économique et au domaine social ainsi qu’au traitement de grandes questions du pays. Presque aucun engagement n’est pris en matière de mise en œuvre des dispositions de la Constitution. Rien n’est prévu aussi dans ce document pour renforcer la démocratie et élargir l’espace des libertés et des droits de l’homme. C’est la raison pour laquelle, le parti n’a pas hésité un instant à voter contre ce programme.

LE PLF EST DECEVANT A TOUS LES NIVEAUX

Pour ce qui est du PLF, présenté par le gouvernement, il est tout simplement décevant. Il obéit à une logique comptable et est dépourvu d’innovation et de mesures pour faire face à la gravité de la situation. Il montre l’incapacité du gouvernement d’apporter des réponses aux questions brulantes des couches populaires et des entreprises, procéder aux ruptures promises et traduire les orientations générales annoncées en initiatives concrètes. Le gouvernement n’a présenté aucun plan précis à ce propos. Ce document budgétaire manque de touche et d’audace politiques, alors que la situation économique et sociale ne cesse de se détériorer, que le chômage continue de grimper et que les difficultés auxquelles les travailleurs, les couches déshéritées, les professions ordinaires, les familles démunies et les habitants du monde rural sont confrontés et continuent de s’aggraver. Et ce sans oublier les problèmes auxquels la classe moyenne et les PME font face.

En d’autres mots, ni le programme gouvernemental, ni le PLF n’apportent des réponses satisfaisantes aux questions des citoyennes et des citoyens. Ils traduisent en d’autres mots l’incapacité du gouvernement à faire face aux répercussions de la pandémie du Covid-19, qui a dévoilé l’ampleur de la précarité du tissu économique et la faiblesse de la compétitivité d’un grand nombre de ses secteurs outre l’étendue du secteur informel, l’exacerbation de la pauvreté qui touche de larges couches de citoyennes et citoyens, la précarité de la situation de l’emploi, de l’entreprise et de la situation sociale, l’augmentation du taux de chômage, l’approfondissement des disparités entre les classes dominantes et privilégiées qui détiennent la plus grande partie des richesses d’une part et les larges masses populaires qui vivent dans la pauvreté et le dénuement.

Cette situation est marquée aussi par l’approfondissement des disparités spatiales et la cupidité d’une catégorie du secteur privé parasitaire qui s’alimente de la rente économique. La situation est aggravée aussi par la faible industrialisation, le dysfonctionnement du secteur agricole, la dépendance économique dans des secteurs clés, le manque de conditions de sécurité alimentaire, médicamenteuse et énergétique, outre l’endettement et le déficit budgétaire inquiétants et insolubles à l’horizon.

Le manque de concordance entre les slogans et les intitulés d’une part et les moyens prévus d’autre part a poussé le PPS à voter contre le programme et le PLF de ce gouvernement de droite, dont la faiblesse sur le plan politique n’est pas à démontrer.

LA NOUVELLE COALITION A MIS EN PLACE UN GOUVERNEMENT DE DROITE FAIBLE, QUI N’A RIEN A VOIR AVEC «L’ETAT SOCIAL»

Quant au slogan d’«Etat social» dont le gouvernement parle sans conviction, il l’a tout simplement dérobé (vol intellectuel qualifié) pour dissimuler ses véritables orientations libérales et ses plans visant à protéger les intérêts économiques des lobbies financiers avec « certaines doses » sociales sans importance et d’autres qui n’émanent pas de lui.

Ce gouvernement de droite doit en effet faire preuve de franchise avec le peuple marocain au sujet du cout du programme gouvernemental, des grands chantiers et à propos de son approche de la réforme, la protection et le renforcement du secteur public et des services publics. Il doit également préciser les modes et les sources de financement des projets de réforme dans le domaine social tels l’enseignement, la santé, les infrastructures et autres. Il est tenu de faire de même en ce qui concerne la réforme fiscale, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’augmentation du rendement des impôts et la réalisation de l’équité et de la justice fiscales.

Il doit également dévoiler les dispositions qu’il compte prendre pour la mise en œuvre de l’Etat de Droit et de la transparence dans le domaine économique et de l’activation des institutions de la gouvernance et définir les instruments qui seront déployés pour mettre fin aux disparités spatiales.

Sans hésiter, il est permis d’avancer qu’il n’y a rien à attendre d’un gouvernement de droite qui va faire beaucoup souffrir le peuple, comme en témoigne l’inauguration de son mandat par des décisions prises dans la hâte et la confusion. C’est d’ailleurs pourquoi, il continue à présent à jouer le rôle de spectateur face à la hausse continue  des prix. Il a préféré ne rien faire et laisser faire sans bouger le petit doigt et sans prendre une quelconque initiative pour protéger les gens et plus particulièrement les masses déshérités contre ces augmentations vertigineuses des prix de la plupart des produits de large consommation de base comme le font ailleurs d’autres gouvernements.

Comme il s’agit d’un arbitre partial et d’un juge qui est au fond l’adversaire, il ne faut pas attendre de lui de faire preuve d’équité ou de compassion. Un gouvernement de droite penche toujours du côté du capital.

L’OPPOSITION CONSTRUCTIVE DU PPS

La position du PPS dans le paysage politique national est déterminée non seulement par les résultats des élections, mais s’explique aussi par le fait que le parti constitue une force d’alerte constructive, qui examine la réalité et les évènements, se réfère au cadre et au contexte, identifie le dysfonctionnement et ouvre les perspectives.

Partant de là, il est légitime de se demander s’il existe vraiment une volonté réelle de poursuivre l’édification démocratique ou est-ce-que le pays est en train de faire marche arrière dans ce chantier national, historique et décisif pour l’avenir du peuple marocain qu’est la marche vers la démocratie.

Depuis le lancement de l’expérience de l’alternance consensuelle et jusqu’à la Constitution de 2011, le Maroc a connu en général un processus positif, malgré les hésitations, le va-et-vient et les difficultés ordinaires dans la marche du peuple vers le progrès et la démocratie.

Après l’adoption de la Constitution de 2011, les forces nationales du pays avaient le devoir d’agir ensemble pour mettre en œuvre de manière saine, forte et démocratique toutes les dispositions avancées de cette loi fondamentale.

Malheureusement, elles ne l’avaient pas fait.

Il en résulte aujourd’hui une situation fragile et une pratique démocratique de façade dépourvue de contenu et de profondeur politiques, compte tenu de l’infiltration de l’espace démocratique représentatif de la part de milieux impropres. Il convient aussi de citer le blocage de l’espace politique et des droits humains, la faible présence influente des organisations politiques et de leurs dirigeants dans l’action politique institutionnelle et de l’espace médiatique public et la transformation du système électoral en un écosystème à caractère monétaire/financier, consacrant ainsi l’idée, selon laquelle tous les partis sont les mêmes. En agissant de la sorte, l’on tente de nuire au pluralisme et à la différence entre les écoles politiques et intellectuelles et de tuer par conséquent l’idée démocratique qui traduit une philosophie, une culture et une méthode de gestion et de gouvernance et représente un espace de libre concurrence.

A présent, le PPS alerte sur cette dérive dangereuse et appelle à changer de cap, car le vide qui va en résulter ne peut déboucher que sur l’aventurisme.

Cette situation n’est pas le fruit du hasard, mais constitue une étape dans le cadre de la lutte des classes continue à propos de la répartition des richesses entre ceux qui possèdent tout et ceux qui n’ont rien, les exploitants et les exploités.

Il est aussi nécessaire de souligner que les forces démocratiques et progressistes n’ont pas pu changer le rapport des forces en leur faveur au cours de ce processus pour des raisons subjectives et objectives dont le recul de la gauche et les difficultés de la démocratie représentative au niveau mondial. Au-delà de ces vérités, le PPS estime que ce n’est pas la fin du monde et que l’avenir est à la démocratie et à la gauche.

LES ORIENTATIONS LIBERALES NE CONSTITUENT PAS L’ALTERNATIVE. L’AVENIR DU PAYS EST A LA DEMOCRATIE

Il ne fait pas de doute que l’édification démocratique est tributaire de l’action de l’Etat et des partis politiques sur les plans politique, institutionnel, économique et social et que le combat concerne en fait toutes les couches populaires, dont en premier les milieux éclairées, qui doivent s’impliquer fortement dans la bataille démocratique et la défense des libertés. Ce qui signifie en d’autres termes que la victoire de la démocratie et du progrès sont tributaires de la lutte visant à la consécration de la culture démocratique dans la société. C’est ainsi que l’on ne peut pas parler de vote politique et de rupture avec les dysfonctionnements du paysage politique sans que le citoyen ne soit imbu de la culture démocratique. La victoire de la démocratie dépend également de la réalisation de la dignité des citoyens pour les protéger et les libérer des tentations du marché de la vente et de l’achat des consciences.

Benabdallah a également rappelé que l’utilisation de l’argent n’explique pas à elle seule les dysfonctionnements du paysage politique, expliquant qu’il y a d’autres facteurs socioculturels tels la pauvreté, le besoin et l’analphabétisme dont il faut tenir compte.

Pour le PPS, le combat pour la démocratie et le progrès va être très rude à tous les niveaux institutionnel, culturel et social et des masses. Cette lutte va se poursuivre, malgré les reculs et les difficultés pour la réalisation du progrès et de la démocratie.

Tout en exerçant ses fonctions dans le cadre d’une opposition progressiste et constructive, le PPS va poursuivre son action contre ce gouvernement de droite qui porte des masques sociaux et combattre avec force toutes les politiques impopulaires et antidémocratiques. Dans le même temps, il n’hésitera pas à soutenir toute décision en faveur des masses.

Le PPS aura donc à mettre en exergue ses positions à propos de l’égalité, des libertés individuelles et collectives et de la justice sociale et collective. Il devra également insister sur la nécessité d’investir dans l’homme, sa santé et son enseignement ainsi que dans la recherche scientifique, la protection sociale, le service public, la lutte contre toutes les formes de pauvreté, de précarité et d’exclusion sociale sans oublier la culture et les arts qui constituent une richesse immatérielle, un moteur du développement, et un déclencheur de la prise de conscience véritable chez le Marocain.

Le parti du Livre devra également défendre ses convictions en ce qui concerne l’édification d’une économie nationale forte, transparente et productrice de richesses et de postes d’emploi en optant pour une industrialisation véritable et en défendant un secteur privé responsable et citoyen, la cause écologique, la dignité humaine et lutter contre la prévarication sous toutes ses formes.

Le parti aura aussi pour mission de poursuivre l’action pour la mise en œuvre de la constitution de 2011 avec une interprétation démocratique avancée pour la démocratisation de l’Etat et de la société ainsi que pour le renforcement du rôle des différents acteurs politiques, la réhabilitation de l’espace partisan et politique et la protection de l’exercice des libertés individuelles et collectives tout en accordant une meilleure place aux institutions élues qui exercent effectivement leurs prérogatives. Et ce dans la perspective de l’émergence d’un gouvernement national, fort et responsable qui porte véritablement les espoirs du peuple marocain et représente effectivement son aspiration à la vie commune digne dans le cadre de la monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale.

Il poursuivra ainsi le combat pour faire avancer jusqu’au bout le processus de la transition démocratique, partie intégrante de la lutte pour la justice sociale. Pour le PPS, l’édification démocratique doit être fondée sur la confiance, la crédibilité, la participation et la stabilité, sans lesquelles toute transition démocratique est vouée à l’échec.

C’est pourquoi, le PPS insiste en l’état actuel des choses sur l’impératif d’assainir le climat pour l’apaisement politique et les droits humains et créer les conditions propices au développement, à travers notamment la prise d’initiatives positives en faveur des détenus du Hirak du Rif social et des affaires de presse et le traitement non violent des expressions d’opinions.

Partant de son identité progressiste, de son référentiel socialiste et de ses principes de libération, le PPS est décidé à matérialiser l’alternative progressiste qui dénonce à voix haute l’accumulation des richesses entre les mains de classes, d’individus et d’espaces réduits. Il devra combattre aussi l’exploitation abusive des richesses naturelles et l’accumulation des gains entre les mains des classes riches au détriment des classes pauvres, laborieuses et des couches déshéritées. Il continuera d’œuvrer pour prouver que le système libéral et la libre initiative ne sont pas l’alternative idoine et que l’Etat acteur économique, protecteur social et démocratique politiquement est l’alternative. En d’autres mots, les orientations libérales fondées sur la mondialisation sauvage et la domination du capital sont vouées à l’échec et sont incapables d’apporter des réponses aux problématiques principales de l’homme et à ses besoins.

LE PPS S’OFFRE UNE FEUILLE DE ROUTE AU SERVICE DE LA DEMOCRATIE, DU PAYS ET DU PARTI

Partout où il s’active dans l’opposition ou ailleurs, le PPS reste fixé sur son objectif principal visant à l’édification d’une société démocratique et forte par ses libertés et un Etat fort par sa démocratie.

Pour ce faire, le pays a besoin plus que jamais d’un parti comme le PPS, convaincu de la nécessité d’intensifier la lutte démocratique avec les masses.

Le parti est appelé dans ce cadre à approfondir la réflexion pour préserver son existence, sa position et son identité et œuvrer pour renforcer son appareil partisan, assainir ses structures internes et consolider son unité.

Tout en produisant les positions et en poursuivant le combat pour soutenir les masses populaires et défendre les causes justes, encadrer les citoyennes et les citoyens et renforcer son impact au sein de la société, le PPS se doit d’établir des alliances pour la réalisation de ses objectifs.

En l’état actuel des choses, le parti considère que la coordination avec les composantes de la gauche est une nécessité, tout en estimant que la gauche ne doit pas être réduite aux limites partisanes actuelles. Les alliances vont en effet au-delà de l’espace partisan et peuvent concerner le mouvement citoyen et la dynamique de la société en matière des droits humains, des femmes, des jeunes, des revendications et des syndicats.

LA QUESTION ORGANISATIONNELLE TOUJOURS D’ACTUALITE

Sur un autre plan, la question organisationnelle est toujours d’actualité pour le parti. Elle concerne entre autres l’avenir du parti et des jeunes appelés à assurer la relève et à constituer une nouvelle génération de militants et de dirigeants fidèles aux fondamentaux du parti.

La réflexion au sein du parti doit en effet porter sur le modèle organisationnel, le développement et la définition des instruments de la critique et de l’autocritique, la consécration des valeurs de la discipline partisane et du sentiment d’appartenance pour pouvoir contrer toute dérive éventuelle, la promotion de la culture de l’organisation et de la présence au cœur de la dynamique de la société et de ses luttes, le débat intellectuel à travers l’utilisation des moyens de communication modernes, les méthodes de mobilisation et de mise en valeur des capacités intellectuelles, sectorielles et parallèles du parti, la formation, le renforcement de la présence dans les milieux des femmes et des jeunes et les formes de traitement numérique dans le respect des principes du parti, etc.

Tout en agissant ainsi, il est nécessaire de faire face avec fermeté aux dangers réels qui menacent le parti et ses orientations, à travers notamment la formation et l’encadrement, le travail avec la logique des objectifs et des résultats, la valorisation de la lutte de proximité sur les dossiers des citoyens et le travail continu pour l’émergence d’élites partisanes militantes sur le long terme.

Il est également nécessaire de procéder à la refonte des organisations et des structures locales, provinciales, régionales, sectorielles et parallèles, conformément aux leçons retenues de ce qui s’est passé lors des élections. Dans ce cadre, il a été impératif pour le bureau politique de prendre et de mettre en œuvre les décisions qui s’imposent, comme l’y autorise le comité central et conformément aux dispositions statutaires.

Sur un autre plan, le parti est invité à mettre en valeur toutes les nouvelles capacités sociales qui ont rejoint les rangs du parti à l’occasion des élections du 8 septembre 2021 à commencer par ceux qui ont remporté des sièges sans oublier tous ceux qui ont présenté leur candidature au nom du parti et qui n’ont pas eu la chance de l’emporter. Le parti doit en effet leur ouvrir de nouvelles perspectives de formation et de militantisme dans les rangs de ses organisations.

LE PPS NE BADINE PAS AVEC LA DISCIPLINE

Au-delà donc de l’encadrement, de la formation et de l’accueil , le parti doit faire preuve de fermeté en ce qui concerne la discipline, l’engagement et le respect de ses principes, sachant que l’adhésion au parti est un acte libre et volontaire pour servir le projet sociétal, intellectuel et politique du PPS. Il ne s’agit en aucun cas d’une action visant à servir des ambitions subjectives ou des parcours individuels qui ne correspondent pas au projet collectif.

Dans ce cadre, le parti a pris un certain nombre de mesures disciplinaires à l’encontre de quelques uns parmi ses adhérents. Il ne s’agit aucunement de mater la liberté d’opinion en procédant à l’expulsion de certains éléments de ses rangs.

La décision a été nécessaire pour mettre fin à des comportements qui sèment la discorde et la division, font régner l’anarchie et recourent à l’insulte, l’injure et la calomnie sur les réseaux sociaux au lieu de véhiculer les messages du parti et défendre ses nobles objectifs.

Ces expulsions ont été décidées dans le respect total des dispositions statutaires du parti, a-t-il dit, notant que la commission du contrôle politique et d’arbitrage va exposer au cours de cette réunion un rapport sur le sujet. Un autre rapport sur la situation financière du parti sera également soumis au comité central.

Auparavant, le Secrétaire Général du parti avait abordé dans son rapport les développements concernant la cause de l’intégrité territoriale du Maroc, les répercussions de la crise de la pandémie du Covid-19 et le processus électoral (préparatifs et suites).

LA CONSOLIDATION DU FRONT INTERIEUR EST NECESSAIRE POUR FAIRE ECHOUER LES MANŒUVRES DES ADVERSAIRES

Tout en soulignant l’importance des développements positifs qu’a connus la cause de l’intégrité territoriale du Maroc, le Secrétaire Général a rappelé la nécessité pour le pays de poursuivre ses efforts en vue de convaincre la communauté internationale de la justesse de sa proposition d’autonomie. Il est également impératif pour le Maroc de renforcer davantage le front intérieur du point de vue démocratique, social, économique et développemental pour pouvoir faire face à toutes les manœuvres et attaques des adversaires et en particulier à toutes les décisions et  provocations entreprises par le pouvoir algérien, dans une tentative suicidaire de sa part d’exacerber les tensions en vue d’exporter sa crise interne, bien que ni le Maroc ni l’Algérie et encore moins la région ne tirent profit de cette escalade.

Pour ce qui le concerne, le Maroc continue à faire preuve de maturité, de calme et de pondération et en même temps de la fermeté requise, a-t-il rappelé.

Le Maroc est appelé aussi à diversifier davantage ses partenaires et à continuer à défendre ses intérêts supérieurs, son indépendance et la souveraineté de ses décisions avec force, solidité, détermination, audace et pondération pour contrer les attaques et les manœuvres des adversaires et les changements des positions de divers Etats dont des pays amis et partenaires.

LES INDICATEURS SANITAIRES POSITIFS NE DOIVENT PAS FAIRE OUBLIER LES GRANDS DEFIS 

Le Maroc enregistre à présent des indicateurs positifs dans sa lutte contre la pandémie du Covid-19, grâce à la conjugaison des efforts de tous : citoyens et personnels déployés sur le front. Plusieurs facteurs ont été déterminants dans cette lutte dont la gratuité du vaccin et sa disponibilité en quantités suffisantes, a-t-il rappelé, appelant à davantage de vigilance, de précaution et de respect des mesures sanitaires.

Ceci dit, il est temps d’œuvrer pour redresser la situation économique et sociale, étant donné que des milliers de familles ont été affectées par les répercussions de la pandémie.

Dans ce cadre, le Secrétaire Général est revenu sur la décision prise par le gouvernement qui impose «le pass vaccinal» que le PPS ne rejette pas en principe. Toutefois, le parti considère que la prise de cette décision devait être précédée d’un dialogue, de justifications et de concertations, de communication, d’explications et de considérations des cas particuliers. Il était aussi nécessaire d’accorder un délai raisonnable à l’ensemble des citoyens pour se préparer avant l’entrée en vigueur d’une telle mesure.

Dans le même temps, le PPS rejette catégoriquement les méthodes violentes dans le traitement des formes de manifestations ordinaires et pacifiques initiées par les citoyens de manière civilisationnelle et garanties par la Constitution pour exprimer leur refus du « pass vaccinal ». Mais ce qui est le plus surprenant dans cette histoire, c’est le communiqué publié par la présidence du gouvernement qui passe sous silence le débat en cours au sein de la société et dans tous les milieux scientifique, juridique et des droits humains autour du pass vaccinal. En agissant de la sorte, le gouvernement administre la preuve qu’il opte pour la politique de la sourde oreille voir du mépris et du dédain à l’égard de l’opinion publique.

LES PREPARATIFS DES ELECTIONS: LE PPS SE DISTINGUE PAR SON DYNAMISME ET SON ROLE DE CONCILIATEUR

Les élections générales ont constitué la plus importante étape nationale en 2021.

Dans le cadre de l’exercice de ses fonctions au sein de l’opposition démocratique, constructive et responsable depuis 2019, le PPS a livré une forte prestation communicationnelle et politique pour souligner la nécessité d’aller de l’avant sur le plan démocratique, d’élargir le champ des libertés, de rétablir la confiance dans l’action politique et la crédibilité des institutions élues, de renforcer le rôle des partis politiques et de promouvoir un climat d’apaisement et en matière des droits humains.

Sur un autre plan le parti a présenté une série de travaux :  un document comme contribution à l’élaboration du nouveau modèle de développement, une contribution à la charte nationale pour le développement, les propositions du PPS pour faire face à la pandémie et pour un nouveau pacte politique sans oublier évidemment le programme électoral national etc.

Le PPS a joué aussi un rôle important dans les rangs de l’ancienne opposition ainsi que dans l’élaboration des formules consensuelles qui ont permis au Maroc de préparer avec succès les élections, en particulier au niveau des lois électorales. Le parti était fortement présent et avait joué un rôle dynamique et hautement constructif à partir de sa position dans l’opposition, déjouant ainsi les prophéties de tous ceux qui prédisaient « la faillite du PPS » après sa sortie du gouvernement.

En prévision des élections, le parti avait en effet mobilisé ses militantes et ses militants au niveau organisationnel, électoral, humain et communicationnel et multiplié les réunions au sein des sections dans un climat dominé par l’utilisation de l’argent, l’achat des consciences et l’exploitation des moyens de l’Etat pour financer des projets pour influencer le vote des électeurs.

LES CANDIDATURES DU PPS : IL A COUVERT DE NOMBREUSES CIRCONSCRIPTIONS ET REALISE UNE CAMPAGNE ELECTORALE PROPRE

C’est ainsi que le parti a présenté quelque 600 candidatures pour les élections des chambres professionnelles. 82 candidates et candidats d’entre eux ont remporté des sièges.

Le PPS a également assuré une couverture électorale encourageante et présenté environ 10.000 candidatures pour les élections communales et 640 candidatures pour les élections régionales. Au titre de l’élection des membres de la Chambre des représentants, il a couvert 91 circonscriptions législatives locales et 12 listes législatives régionales.

Tous ces efforts du parti ont été handicapés par la faiblesse de ses moyens financiers et la fragilité de ses organisations partisanes.

Cette période préparatoire a été marquée aussi par le manque d’engagement des partis de l’opposition dans des alliances postélectorales et le refus des médias publics de s’ouvrir sur les partis politiques, comme prévu dans la constitution.

Au cours de la campagne électorale qui s’est déroulée en cette période de pandémie, la priorité a été accordée au digital et ce en l’absence du débat autour des programmes électoraux.

Mais ce qui a surtout faussé le jeu au cours de cette période, c’est l’utilisation massive et sans précédent de l’argent pour l’achat des consciences, une pratique qui menace sérieusement le processus démocratique au Maroc. Ceci a compliqué davantage les choses pour un parti comme le PPS qui ne compte que sur le vote politique, a-t-il dit.

En dénonçant la dérive de l’achat des consciences par l’argent, le parti souligne qu’il s’agit d’une pratique illégale qui a des répercussions fâcheuses sur le déroulement sain des élections, le nombre et la qualité des candidatures et le profil des élus et par conséquent sur les institutions élues et leur crédibilité et la confiance qu’elles inspirent ainsi que sur les partis politiques et l’action politique dans son ensemble, à travers l’infiltration de ces espaces de la part de milieux financiers malsains. Et c’est ce qui montre le danger que cela représente pour le processus démocratique dans le pays dans son ensemble, a-t-il martelé.

Pour ce qui le concerne, le PPS a mené une campagne électorale propre, saine, probe et forte, la meilleure de toutes les campagnes des autres partis politiques, de l’avis de nombreux observateurs.

Aux niveaux central et régional, un effort exceptionnel a été déployé par le PPS, a-t-il dit, rendant un vibrant hommage à toutes les militantes et à tous les militants ainsi qu’aux sympathisants pour leurs efforts au cours de cette campagne.

De nombreuses violations ont été enregistrées le jour de scrutin, a-t-il dit, ajoutant qu’en dépit du taux de participation annoncé, de nombreux citoyens continuent de tourner le dos aux élections en particulier dans les grandes villes.

Compte tenu de toutes ces données dont en premier lieu l’utilisation massive de l’argent, trois partis politiques ont remporté les premières places et créé une coalition gouvernementale qui s’étend aux communes, aux grandes villes et aux régions. Quant au parti qui dirigeait l’ancienne coalition gouvernementale, il a subi une défaite sans précédent.

Pour ce qui est du PPS, il a enregistré un score qui représente un exploit politique, en réalisant un résultat historique inédit en obtenant 22 sièges à la Chambre des Représentants et quelque 400.000 voix.  Ce qui a permis au parti de se doter d’un groupe parlementaire baptisé Groupe du Progrès et du Socialisme.

Il a remporté aussi 29 sièges dans les conseils régionaux outre la présidence de deux conseils provinciaux à Jérada et Béni Mellal comme il a renforcé sa présence dans les conseils communaux en remportant 1544 sièges communaux et la présidence de 60 communes dont celle de la ville de Jérada.

M’barek Tafsi

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