«Nous voulons que cette génération et celles à venir soient imprégnées de l’Histoire du club, pour qu’elles sachent toute la valeur du club qu’elles encouragent». C’est en ces mots qu’Abderrahim Saber, président de l’Association des anciens joueurs du Wydad Athletic Club, a résumé le but des différents évènements qui foisonnent récemment pour célébrer le 80e anniversaire du club.
Dans ce cadre, «Le Wydad, un club en or» vaut bien le détour. Cette exposition se tient jusqu’au 14 mai prochain à l’ancienne médina de Casablanca, à l’initiative de l’association Wydad Action qui a investi la demeure du président fondateur du club, feu Mohamed Benjelloun, pour en faire la destination de quelques centaines de visiteurs qui y affluent depuis le 6 mai dernier. Parmi eux, l’on retrouve des anciens présidents et joueurs,mais également des personnalités du monde de la politique et de la culture.
L’exposition, deuxième du genre autour de l’Histoire du WAC et du Maroc, propose un voyage à travers les différentes époques qui ont marqué le passé du club à travers des photos, des articles de presse, des cérémonies d’hommage et un étalage des différents maillots arborés par les joueurs du Wydad depuis sa création. Mieux encore, les visiteurs peuvent contempler quelques trophées ayant fait la gloire des Rouges, en plus d’autres documents historiques.
De son côté, l’Association des anciens joueurs du Wydad Athletic Club a organisé cérémonie d’hommages à quelques pionniers du football marocains, qu’ils soient journalistes comme Houcine Hayani, Abdellatif Chraïbi ou encore Mustapha Badri, ou anciens présidents de clubs marocains comme Abdessalam Hanat et Mohamed El Guertili. Les organisateurs ont également rendu hommage à l’entraineur national Abdelhak Mendoza, auteur d’un parcours des plus remarquables avec le Racing de Casablanca (RAC) cette saison en le menant aux abords de la qualification à la division supérieure, une ascension qui devra coïncidera avec les festivités du centenaire du club créé en 1917.
De plus, la journée fut l’occasion de se remémorer, une fois encore, l’apport du Wydad au football national. «On a invité des personnalités contemporaines des différentes époques à partir de la fondation du Wydad, ainsi que des historiens du club pour que l’héritage du WAC soit consultable par les générations à venir», nous explique Saber. Une Histoire riche et munie d’une dimension qui transcende le sport, puisque «les militants engagés dans la lutte contre le colonisateur venaient au stade et y distribuaient les tracts, se répartissaient les tâches, etc. Le stade était un lieu où la fibre nationaliste s’exprimait le mieux», affirme le président de l’Association des anciens joueurs du WAC.
Le WAC, une mise au monde peu conventionnelle
En effet, l’origine de la création du WydadAthletic Club se trouve dans la résistance à l’oppression du protectorat. Mais peu savent qu’à l’origine, le Wydad fut un club de… Waterpolo. Ainsi, on peut consulter sur le portail du club que bien avant l’indépendance, le port de Casablanca était entouré d’un grand nombre de piscines et que pour pouvoir y accéder, il fallait appartenir à un club, entités créés et gérés par des européens à l’époque. A partir de 1935, un certain nombre de marocains juifs et musulmans purent adhérer à ces clubs et ainsi profiter des piscines de la ville. Mais rapidement le nombre de Marocains devint trop important, ce qui provoqua une certaine forme de crainte de la part des européens qui renvoyèrent les «indigènes» des clubs. C’est ainsi qu’est venue l’idée de la création d’un club par des marocains, de telle sorte à permettre aux juifs et aux musulmans de se baigner dans les piscines du port.
De ce fait vint l’idée de créer le club du Wydad avec pour objectif avoué de participer aux compétitions de Waterpolo… out ne fut pas très facile, car après avoir demandé plusieurs fois l’autorisation aux autorités françaises pour la création du club, demandes qui furent chaque fois sans réponse, les Wydadis de la première heure (Haj Mohamed Benjelloun et le docteur haj Abdellatif Benjelloun Touimi), contactèrent l’association franco-marocaine pour tenter le régler le problème de l’enregistrement du club. C’est ainsi que le résident général Nogues intervint personnellement pour autoriser la création du Wydad, ceci sous certaines conditions très contraignantes : l’éloignement de la religion (pas de religion dans le sport), l’éloignement de la politique, pas de racisme (envers les Français), partage des 12 sièges du Comité entre marocains et français à part égales. C’est ainsi que, le 8 Mai 1937, pour la première fois au Maroc, fut créé un club par des Marocains.
Iliasse El Mesnaoui