Les conditions de formation et de travail jugées obsolètes

Grève des médecins internes et résidants

Ouardirhi Abdlaziz

Le Comité national des internistes et des résidents (CNIR) annonce une grève nationale les  22, 23 et  24 octobre 2024. Cette mobilisation exclut toutefois les services d’urgence, de garde et de réanimation, afin de ne pas impacter les soins vitaux.

Le Comité dénonce une approche non-participative des autorités, ainsi qu’un manque d’engagement dans la résolution de la crise. Pour eux, les conditions actuelles de travail sont incompatibles avec l’exercice d’une médecine de qualité et ne permettent pas aux internes de remplir correctement leur mission humanitaire.

 Des revendications inaudibles

Les revendications défendues par les médecins internes et résidants,

portent essentiellement sur leur implication dans les discussions engagées autour de la loi 08.22 sur la création des groupements sanitaires territoriaux, ainsi que la réforme du troisième cycle des études médicales. Les médecins internes et résidants réclament également que la rémunération des résidents non contractuels soit fixée à 12.000 dirhams, au même titre que leurs collègues contractuels du fait qu’ils effectuent les mêmes tâches et remplissent les mêmes missions.
Actuellement, la rémunération d’un médecin interne en sixième ou septième année est de 3.500 dirhams, bien qu’il accomplisse les mêmes tâches qu’un médecin généraliste.

De plus, ce sont les médecins internes qui assurent le service aux urgences et dans les services hospitaliers, tout en effectuant également des gardes de nuit. À cela s’ajoute le fait que ces professionnels, dans la majorité des cas, ne bénéficient pas d’un hébergement au sein des hôpitaux.

En ce qui concerne les médecins résidents, la situation n’est guère meilleure. Ces professionnels, en première, deuxième ou troisième année de spécialité, sont confrontés à trois options,

La première consiste à opter pour le statut de résident bénévole. Bien que ce statut de non-contractuel leur permette d’exercer dans le secteur privé dès l’obtention de leur diplôme, ils ne perçoivent qu’une indemnité mensuelle de 3.500 dirhams tout au long de leur formation, malgré la complexité des tâches qui leur sont confiées, notamment des opérations chirurgicales ou des accouchements, sous la supervision des professeurs.

La deuxième option est de choisir le statut de résident contractuel avec le ministère de la Santé.

 La troisième option est de signer un contrat avec le Centre hospitalier universitaire (CHU). Dans ces deux cas, la rémunération s’élève à 13.000 dirhams dès la première année de résidence, mais les médecins sont liés par un contrat de huit ans avec le secteur public. S’ils décident de rompre ce contrat, ils doivent restituer un montant équivalant au double de l’intégralité des salaires perçus.

Ras-le-bol général

Au-delà de toutes ces revendications exprimées par les médecins internes et les résidents (que les responsables peinent à percevoir) mais qui méritent une grande attention de la part du gouvernement, il y a lieu d’insister sur la situation délétère qui caractérise le secteur de la santé depuis des mois.    

Le malaise qui traverse le secteur de la santé n’est pas une vue de l’esprit, mais une réalité qu’il convient de prendre très au sérieux si l’on veut réellement éviter un risque d’implosion dans ce secteur vital qui est constamment secoué par des crises et des manifestations qui ébranlent de temps à autre le secteur de la santé. C’est le cas des grèves des médecins, grèves des infirmiers, grèves des étudiants en médecine, grèves des introns et des résidents……

La grevé organisée par le comité national des internistes et des résidents (CNIR) les  22, 23 et  24 octobre 2024, vient nous rappeler, si besoin est, une réalité amère que nous dénonçons sur ces mêmes colonnes depuis plusieurs années, à savoir le ras le bol général qui caractérise les professions de santé.
Un malaise profond ronge le secteur de la santé depuis plusieurs années et ce n’est pas les quelques solutions de replâtrage qui serviront à donner à ce secteur vital sa véritable place afin qu’il puisse s’affranchir honorablement de toutes les nobles missions qui sont les siennes.

Avec l’annonce de cette énième grève, on est en droit de nous poser des questions pour savoir à quoi servent toutes ces réformes, ces méga structures, si les professionnels de santé sont ignorés, démotivés ….

Concilier le citoyen avec le service public…….

Il y a l’évidence de la part des décideurs, une réelle incapacité à pouvoir gérer des situations qui consistent à être à l’écoute des doléances des professionnels de santé. Ce qui se traduit sur le terrain par des actions négatives, des grèves, absentéisme à répétition, je m’en foutisme…..
Le département de la santé gagnerait beaucoup plus à se concilier avec lui-même, avec l’ensemble des professionnels de santé, avec les médecins, les infirmiers, les techniciens, avec les organisations syndicales. Cela pourra nous épargner une grève de plus et permettre aux différentes structures de santé publique d’assumer pleinement leur rôle et s’acquitter honorablement des missions qui sont les leurs dans un climat de sérénité parfaite.

Il faut espérer qu’à travers cette grève de trois jours des médecins internes et résidents, le gouvernement prendra rapidement des mesures pour répondre aux attentes des professionnels de la santé.

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