Les dessous d’un business peu catholique mais florissant

Tanger : réseau de Casinos clandestins démantelé

Karim Ben Amar

Les éléments de la préfecture de police de Tanger ont interpellé, dans la soirée du dimanche 2 mai, dans le quartier Malabata, 20 individus, dont trois femmes (une de nationalité européenne). Ces derniers sont soupçonnés de violation de l’état d’urgence sanitaire et de participation aux activités d’un réseau qui gérait une salle de jeux de hasard clandestine.

Le communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) affirme que les propriétaires ont transformé ces lieux en des espaces équipés, destinés à attirer les personnes qui souhaitent participer à des jeux de hasard. La même source indique que cette intervention a été menée sur la base d’informations précises fournies par les services de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST). Cette opération a permis d’appréhender les propriétaires et les gérants de ces appartements, ainsi que plusieurs clients.

Mais ces deux tripots ne sont pas un cas isolé à Tanger. D’ailleurs, depuis le début du Ramadan, les descentes se sont multipliées. Plusieurs maisons de jeux clandestines ont été investies par les forces de l’ordre. Au début du mois sacré, une maison transformée en casino clandestin, dans le quartier Bellavista, a connu un contrôle de police qui a abouti à des interpellations et saisies de matériels de jeux de hasard (tables de jeux, jetons, argent liquide…).  Dans le chicissime quartier Criquet (zone villa), une villa transformée en véritable casino (black Jack, roulette, Poker…) a été découverte par la police. Des interpellations et saisies ont également été d’actualité.

En déplacement à Tanger, l’équipe Al Bayane a enquêté sur les sommes d’argent jouées dans ces tripots, les conditions d’admission, ainsi que le nombre de personnes présentes. Un joueur tangérois (invétéré) ayant requis l’anonymat et grand habitué des maisons  de jeux, nous a livrés quelques détails. Déjà, pour pouvoir accéder à l’une de ces maisons de jeux, il faut être dûment parrainé. « C’est un habitué des lieux qui fait la demande au gérant. À partir de là, le gérant accepte ou décline selon la réputation du joueur», déclare-t-il.

Le standing change selon les maisons de jeux. « Dans la résidence Aréna, où une descente de police a été effectuée, les parties variaient entre 1000 et 2000 la cave (poker). À ce prix-là, le service était presqu’ identique par rapport à celui du casino de la ville. Paquets de cigarettes, boissons, nourritures, tout est à la disposition du joueur». Et d’ajouter, «Les croupiers chargés de faire les cartes étaient roumains et travaillaient en temps normal (hors corona) au casino Mövenpick».

Quant aux horaires d’ouverture, notre source révèle que «les joueurs commencent à arriver vers 18H hors Ramadan pour quitter les lieux entre 8H et 10H. Pendant le mois de jeûne, la maison de jeux reçoit ses habitués entre la Maghreb et le Fajr», a-t-il signalé.

Les sommes en jeu en fin de soirée sont tout de même importantes. « Entre 200.000 et 300.000 Dhs en moyenne. Les grands soirs, les sommes jouées peuvent avoisiner les 400.000 Dhs. Elles varient ces soirs-là entre 5000 et 10000 Dhs. Ce ne sont pas des sommes négligeables», tonne-t-il.

Dans les quartiers populaires, les tripots sont aussi en vogue sauf que les sommes sont moindres. «Les parties varient entre 500 et 1000 Dhs. L’on y joue au poker et au rami-poker », précise la même source.

Concernant les organisateurs de la partie clandestine, ils empochent un sacré pactole. «Ils se font beaucoup d’argent de manière complétement illégale. La taille (redevance à l’organisateur de la partie) s’élève à 5% de chaque pot joué. Il est à noter que chaque soirée, c’est plus de 500 mains qui se jouent. En moyenne, lors d’une soirée normale, l’organisateur empoche 5000 Dhs, rien que ça», a-t-il conclu.

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