Les rebelles houtis lancent un avertissement aux Emirats Arabes Unis

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Quand, en 2015, une coalition dirigée par les saoudiens et comprenant les Emirats Arabes Unis est entré en guerre contre les rebelles Houtis au Yémen, l’Iran, soucieux d’asseoir son hégémonie dans la région et de faire pression sur Ryadh, en avait profité pour voler au secours des insurgés  par l’entremise de son protégé, le Hezbollah libanais.

Mais si les monarchies arabes sunnites et la république islamiste iranienne chiite tentent, tant bien que mal, de se rapprocher pour préserver la paix dans le Golfe, les 3 attaques ayant visé Abou Dhabi,  la capitale fédérale des Emirats Arabes Unis, les 17, 24 et 30 janvier dernier sont venues compromettre tout effort de détente dans la région voire même de pousser le conflit du Yémen à s’étendre au-delà des frontières du pays.

Si l’attaque perpétrée le 17 Janvier à l’aide de drones et de missiles avait fait trois morts à Abu Dhabi, les deux tirs de missiles balistiques effectués le 24 janvier auraient été interceptés par les forces américaines stationnées dans la capitale émiratie.

Ainsi, dans leur communiqué en date du lundi 30 janvier, les Emirats Arabes Unis ont déclaré avoir intercepté, pour la 3ème fois au cours du mois, un missile balistique lancé par les rebelles yéménites Houtis mais signalé, néanmoins, que ce tir n’a eu aucune incidence sur le trafic aérien et qu’aucune victime n’est à déplorer dans la mesure où ses débris sont tombés dans une zone non peuplée.

Selon le même communiqué, le ministère émirati de la Défense a affirmé, par ailleurs, avoir détruit le lanceur de missile houti au Yémen sans, toutefois, en  préciser sa localisation.

Mercredi dernier, en saisissant comme prétexte la première visite officielle que le président israélien Isaac Herzog a effectuée aux Emirats Arabes Unis depuis que les deux pays ont normalisé leurs relations en 2020, c’est le groupe « Alwiaat al-Waas al-Haq » (Brigades de la juste promesse) qui aurait des liens avec des fractions armées pro-iraniennes en Irak  qui a lancé une attaque à l’aide de quatre drones armés mais les Emirats Arabes Unis ont saisi cette occasion pour annoncer qu’ils sont « totalement prêts à faire face à toute menace » et à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour se « protéger » contre toute attaque.

Face à cette escalade des tensions dans la région, Washington a immédiatement annoncé son intention de voler au secours de son allié émirati en envoyant un navire de guerre et des avions de combat à Abu Dhabi et, en dénonçant les « graves attaques » ayant visé les Emirats Arabes Unis, la ministre française des armées, Florence Parly, a fait part, vendredi, de la décision de Paris de « marquer sa solidarité à l’égard de ce pays ami » en lui apportant un soutien militaire.

Ainsi, grâce à la base aérienne française installée aux Emirats à partir de laquelle elle organise régulièrement ses frappes contre les groupes jihadistes, des avions de combat Rafale faisant partie du dispositif français permanent basé à Abu Dhabi, « sont engagés aux côtés des forces armées émiriennes dans des missions de surveillance, de détection et d’interception en cas de besoin » ; tout cela en vertu du « partenariat stratégique » découlant de l’accord franco-émirati de coopération et de défense ».  

Ces attaques auraient-elles pour finalité de mettre en garde les Emirats Arabes Unis contre tout retour dans le conflit du Yémen et, comme l’a affirmé le « Financial Times » britannique, de conforter la position de l’Iran sur l’échiquier régional quelque soit le sort des négociations portant sur la réactivation de l’accord de Vienne encadrant le programme nucléaire de Téhéran ? Attendons pour voir…

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