En 1803, dans le nord du Cameroun, une énième guerre éclate entre les bergers peuls, considérés comme des étrangers originaires d’Afrique du Nord et les paysans locaux. Cette fois, elle est meurtrière. Un chef peul, Hassana, est tué. Trois ans après ce drame, Ousman Dan Fodio, un commandeur des croyants peul, qui a fondé en 1804,le vaste empire peul de Sokoto au Nigeria et qui s’étend jusqu’au nord du Cameroun, reçoit une délégation de la famille du défunt. Il nomme le fils de Hassana, Modibo Adama, émir et lui donne l’ordre ferme de «répandre la religion de Dieu» dans cette région. C’est le début de l’expansion de l’islam au Cameroun, dont plus d’un tiers de la population est aujourd’hui musulmane. Le pays intègre dès 1975, l’organisation de la coopération islamique (OCI).
Au XIXe siècle, le Cameroun, alors une terre sans religion, du moins monothéiste, est l’objet d’une vaste campagne de prosélytisme de ses populations. Alors que le christianisme fait son entrée par les côtes au littoral, l’islam se diffuse via le nord du pays. Toutefois, depuis plus de deux siècles, les peuls musulmans sont installés dans la région mais restent dominés par des peuples locaux considérés comme des «infidèles».
L’émir Modibo Adama, qui a été sommé par Ousman Dan Fodio, son ancien maitre, d’aller vers les chefs peuls de la région, musulmans et leur demander de «répandre la religion de Dieu», prend sa tâche avec le plus grand sérieux. Aussitôt dit, aussitôt fait. Adama se lance dans une vaste conquête de territoires et d’islamisation. Il conquiert plusieurs territoires dans l’actuel nord-Cameroun. Il obtient le ralliement de plusieurs chefs peuls de la région. C’est l’heure de gloire ! Au cours des années 1810, Maroua et Garoua, deux grandes villes sont fondées. A Ngaoundéré, autre ville du nord Cameroun, des lamidats ou commanderies sont même établis.
Mais alors qu’Adama parvient à s’accaparer les plateaux du Sud, au nord du Cameroun, qu’il rebaptise Adamaoua, d’après son nom, il est stoppé dans son élan à l’Ouest parle Royaume Bamoun. Celui-ci s’oppose farouchement à l’expansion des Peuls menée par Adama. L’émir meurt en 1847 sans pour autant ramener le Royaume dans son giron.
Ce n’est qu’au début des années 1900 que le rêve tant nourri des peuls se concrétise. Le roi des bamouns, Njoya, en contact avec les bergers peuls, est séduit par l’unicité de leur culte. Il opte pour l’islam et se proclame Sultan Ibrahim Njoya. Le peuple, qui est contraint de suivre la religion de son chef, devient également musulman.
Aujourd’hui, l’islam est la 2e religion du Cameroun. Il est présent dans trois principales régions : le nord, l’extrême nord et l’Adamaoua qui est la troisième plus grande région du pays. Grâce à l’exode des populations, on retrouve également les Musulmans au Centre, à l’Ouest, Littoral et autres régions, mais en moindre quantité. A rappeler que l’islam sunnite qui s’est implanté au Cameroun est d’inspiration malékite.
Danielle Engolo