La décision du gouvernement de geler tout contact avec les institutions européennes en réaction à l’annulation de l’accord agricole a été favorablement accueillie par les experts des relations internationales.
Driss Lagrini, professeur des sciences politiques et des relations internationales, affirme que cette décision n’est pas démesurée. Surtout que «le verdict de la Cour européenne annulant l’accord agricole s’est soumis à l’instrumentalisation du lobby pro-polisario». Même son de cloche auprès d’Abdelatif Ouammou, conseiller PPS à la Chambre des conseillers, qui dénonce l’influence subie par les institutions européenne. «Geler le contact avec l’UE reste la solution adéquate face aux difficultés d’accès aux informations sur l’évolution de ce dossier», dit-il.
Le gouvernement a d’ailleurs justifié sa décision par «le caractère hautement politique de l’arrêt du tribunal de l’UE, ses arguments infondées, sa logique biaisée et ses conclusions contraires au droit international et avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU».
Sur ce point, Driss Lagrini reproche à l’Union européenne de perturber le processus de négociation initié par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il l’accuse également de violer la souveraineté nationale du pays. Abdelatif Ouammou préfère nuancer. Pour lui, «cet arrêt ne touche pas à la souveraineté nationale mais remet en cause la crédibilité des institutions européennes, notamment le Parlement européen qui avait validé cet accord».
Les experts des relations internationales sont unanimes : le verdict la justice européenne est en contradiction avec les relations stratégiques entre le Maroc et l’Union européennes dans le domaine économique, politique et sécuritaire. L’on estime également que cet arrêt est contradictoire avec le statut avancé dont bénéficie le Maroc. En tout cas, le gouvernement qui dénonce la gestion opaque que certains services de l’UE ont faite de ce dossier n’y va pas par quatre chemins : «le Maroc ne saurait accepter d’être traité en simple objet d’une procédure judiciaire, ni réduit à être balloté entre les différents services et institutions de l’UE», prévient-on. Pour cela, un comité interministériel a été créé pour suivre de prêt le développement de ce dossier et proposer les mesures appropriées à même de garantir les intérêts nationaux légitimes.
Hajar Benezha