Samia Grimit,*
Le roman kundérien franchit toutes les cloisons et s’ouvre sur tous les arts, notamment la musique. En fait, cet écrivain tchèque est foncièrement imprégné par cet art parce qu’il appartient à une famille où la musique tient une place primordiale voire incontournable.
Cette influence se traduit, dans l’œuvre kundérienne, à travers les moult rapprochements entre le roman et la musique. Selon cet écrivain tchèque, le roman et la musique sont deux domaines qui se complètent. Par ailleurs, dans la majorité de ses romans, l’écrivain fait de multiples références à la musique, tantôt de manière directe en évoquant les noms de certains compositeurs célèbres, tantôt de manière implicite en adoptant dans ses œuvres des procédés et des principes musicaux qui font partie de la musique. Si on revient à l’œuvre kundérienne, on constate qu’elle regorge de certaines figures qui ont marqué l’histoire de la musique. A titre d’exemple, le nom du compositeur allemand Beethoven qui est omniprésent dans le roman «Le livre du rire et de l’oubli».
A travers ce roman Milan Kundera rend hommage à ce compositeur parce qu’il le considère comme étant une figure qui a foncièrement influencé le parcours de la musique occidentale durant une grande partie du XIX siècle. Ceci d’une part… De l’autre part, l’écrivain tchèque considère ce compositeur comme étant le chantre du procédé musical : la variation. Qu’est ce qu’on entend par la variation ? En effet la variation en musique renvoie à la modification du thème principal par plusieurs phrases musicales sous forme harmonique, rythmique et mélodique. Si Beethoven adopte ce procédé dans ses compositions, Kundera à son tour l’adopte dans ses romans.
La variation dans un roman consiste à aborder un thème et à explorer ses multiples facettes. Par exemple, dans le roman “Le livre du rire et de l’oubli”, Kundera livre au lecteur, les variations des deux thèmes qui constituent la toile de fond de son roman, à savoir le rire et l’oubli. Parmi les variations du rire traitées dans ce roman, on cite «le rire maléfique», «le rire absurde», «le rire gêné» et «le rire sincère», kundera ne se contente pas d’énumérer ces variations mais il illustre chaque variation par des exemples précis tout en donnant le contexte de chacune d’elle
Un autre procédé musical adopté par Kundera, c’est celui de la polyphonie. En musique, la polyphonie désigne “ la pluralité de sons et d’articulations attachées à un même signe vocal. En revanche, la polyphonie Romanesque renvoie à toute structure où s’entremêlent plusieurs voix et plusieurs discours. Elle peut renvoyer également à la multiplication des points de vue autour d’un même objet. Si on revient au roman ‘’L’insoutenable légèreté de l’être’’, on constate que l’écrivain tchèque met en lumière les points de vue des protagonistes Franz et Tamina autour de certains mots; “amour”, “trahison”, “cimetière” etc. D’ailleurs, dans certains romans, Kundera met en scène des personages férus de la musique. Par exemple, dans ‘’l’insoutenable légèreté de l’être’’ Sabina est présentée comme étant une amatrice de la musique de Beethoven.
Pour elle, la musique permet à l’individu de fuir un monde grotesque. Franz est un autre personnage Kundérien qui considère à son tour que la musique est libératrice, autrement dit, elle permet à l’individu de se libérer de tout ce qui le contraigne.
*(chercheuse)