*Tout projet doit avoir un portage politique fort
*L’élément humain au centre de la conception du modèle de développement
*La démocratie est au cœur du processus de développement du pays
La mise en place d’un modèle de développement est tributaire de plusieurs impératifs non seulement d’ordre économique, a souligné Mohamed Nabil Benabdallah, Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), samedi 13 octobre, à Rabat.
Dans son allocution inaugurale, prononcée à l’ouverture de l’Université annuelle du PPS placée sous le thème «Quel modèle de développement pour le Maroc?», le dirigeant du Parti du Livre a tenu à tracer les contours de ce modèle devant ,avant tout, avoir pour finalité la promotion des conditions socio-économiques des citoyens.
Tous les acteurs principaux du champ politique et à leur tête l’institution Royale sont d’accord sur le fait que le modèle actuel a atteint ses limites et ne répond plus aux besoins de la population en quête de plus de progrès et de prospérité, a souligné le secrétaire général du PPS dans son intervention devant les militants de son parti et un parterre d’experts, d’universitaires et d’intellectuels réunis dans le cadre de l’édition 2018 de l’Université Annuelle du parti du Livre.
Mais cela ne signifie nullement, a-t-il ajouté, de sombrer dans une approche nihiliste, autrement dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau de bain, a noté en substance le leader du PPS.
Il faut reconnaitre que le Maroc a connu, durant des années, des avancées significatives en matière de construction démocratique, de renforcement des capacités de production de l’économie et d’amélioration du niveau de vie des citoyens et ce par l’adoption d’un modèle de développement volontariste. En témoignent les multiples projets destinés à renforcer l’infrastructure, le lancement de plusieurs stratégies sectorielles visant à consolider le tissu économique, la réalisation d’un taux de croissance avoisinant les 5% sans omettre aussi la maitrise des équilibres budgétaires, a-t-il expliqué.
S’agissant des droits sociaux, le leader du PPS a mis en exergue les efforts consentis pour donner suite aux revendications des citoyens et ce par l’extension de la couverture médicale, le lancement de l’initiative nationale du développement humain, entre autres.
En plus de cela, le Maroc a veillé à moderniser son arsenal juridique, en s’ouvrant davantage sur les valeurs universelles des droits de l’Homme, par l’adhésion du Royaume à plusieurs conventions internationales, la promotion du statut de la femme. Idem en ce qui concerne le renforcement de la dimension des valeurs culturelles en intégrant l’amazighité dans la Constitution, l’aménagement du champ religieux…
En dépit de ces réalisations, il faut dire qu’on a l’impression que le pays tourne en rond, a laissé entendre le conférencier. D’ailleurs, les défaillances qui ont ponctué notre modèle de développement sont multiples, à commencer par l’incapacité des élites politiques à mettre en œuvre les dispositions de la Constitution 2011. A cela s’ajoute une maigre croissance s’élevant à 3%, la faiblesse des indicateurs relatifs à l’éducation ou encore la santé, l’inefficience de la gestion territoriale et spatiale et une mauvaise distribution des richesses. Une telle situation a provoqué un sentiment d’incertitude auprès d’une large catégorie de la population. Abondant dans le même ordre d’idées, le Secrétaire général du PPS a indiqué que l’absence d’un discours politique convaincant, qui ouvre des perspectives d’espoir, a engendré un sentiment d’angoisse et de perplexité auprès des citoyens quant à leur avenir.
Un souffle démocratique nouveau
Il faut dire, selon le dirigeant du PPS, que les discours de SM le Roi notamment ceux de la fête du Trône et de la Révolution du Roi et du peuple ou encore le discours prononcé, vendredi dernier, à l’occasion de la session Parlementaire, ont ouvert de nouvelles perspectives tout en donnant un nouveau souffle pour aller de l’avant dans l’élaboration d’un nouveau modèle de développement.
L’orateur a, également, insisté sur le fait que tout modèle de développement en bonne et due forme devrait être global et inclusif. Ce modèle devrait aussi prendre en considération le rôle du Maroc dans son environnement régional et international et sa capacité d’intégration dans le tissu économique mondial. Qui plus est, un modèle de développement efficient et efficace doit placer l’élément humain au cœur de sa conception. Il s’agit d’une entrée principale, a-t-il affirmé tout en mettant en cause les théories néolibérales qui relèvent en grande partie d’un aveuglement idéologique, en faisant prévaloir, sans fondement, les vertus du libre marché. Or, «le marché, à lui seul, ne créé par l’équilibre social», a-t-il martelé.
Cela étant, un véritable modèle de développement doit offrir aux citoyens une éducation et un enseignement de qualité, à la hauteur de leurs attentes tout en veillant à renforcer le rôle de l’école publique.
L’Etat est tenu également de faciliter aux citoyens l’accès aux soins en élargissant la couverture médicale et la consécration des droits sociaux. Bref, le renforcement du principe de l’égalité des chances passe par la distribution équitable des richesses des pays sur l’ensemble des régions et provinces, a-t-il indiqué.
La consécration de l’Etat de Droit
Deuxième impératif non moins important, c’est que la conception du modèle de développement passe ipso facto par la consécration de l’Etat de droit, la concurrence loyale et l’application du principe de la transparence. Autrement dit, il faut mettre un terme à l’économie de rente, a-t-il déclaré avec insistance.
Le rôle de l’Etat en matière d’orientation de l’économie est indispensable mais sans sombrer dans les approches d’une économie planifiée. En termes plus clairs, l’établissement de partenariat public-privé est nécessaire, a-t-il souligné tout en mettant l’accent sur l’importance de garantir la convergence des stratégies sectorielles aussi bien en amont qu’en aval.
Sur un autre registre, Benabdallah a plaidé pour le renforcement de la dimension écologique dans le processus de développement et le recours à l’économie verte à forte valeur ajoutée.
Mais, tout projet, quel qu’il soit, ne peut aboutir sans un portage politique fort. Comme quoi, la démocratie se situe au cœur du processus de développement du pays, a-t-il martelé. Cela débouche sur la question de la gouvernance et celle de la gestion des territoires.
Un projet de développement requiert, en outre, la consécration du principe de la justice et celui de l’égalité entre les citoyens. Le but escompté est celui de créer une culture de confiance dans l’Etat et le respect des droits et des devoirs, a-t-il ajouté.
La voie de la raison
Faisant référence à l’éminent économiste, feu Aziz Belal, le SG du PPS a souligné que le modèle de développement doit être conçu en prenant en considération les facteurs non-économiques de développement. La dimension civilisationnelle est une condition sine qua non pour entrer de plain pied dans la modernité tout en ayant recours à la raison, comme l’unique et seule voie pour appréhender la réalité, a-t-il affirmé.
D’où la nécessité de l’implication des intellectuels qui devront assumer leurs responsabilités afin de mettre un terme à la morosité ambiante et élever le niveau du débat public, a-t-il conclu.
Khalid Darfaf