Nostalgie de théâtre dans le Souss!

En 1980, une bel événement théâtral voyait le jour à Agadir, au temps où l’art dramatique, à travers les amateurs du théâtre national, s’engageait dans le combat pluriel pour la dignité et la prospérité de la société. C’était l’œuvre de l’union préfectorale du théâtre amateur d’Agadir, composée d’une dizaine d’associations dont Anouar Souss constituait la cheville ouvrière, en compagnie également de Chouala et Comédiana, tous deux basées à Inezgane, Al Amal, Salam, Masmoura, l’Action culturelle et sociale, Sanabil et Amouaj installées à Anza, Al Ahd Al Jadid, Attalai…

Cet rencontres notre annuelle, soutenue par le conseil communal, plus particulièrement son président feu Brahim Radi, avait le mérite d’ancrer une tradition, durant une quinzaine d’années de suite, sans relâche ni répit. Tous les adeptes du théâtre militant, à travers le royaume, se donnaient rendez vous, chaque année, à la capitale du Souss pour présenter des spectacles ou prendre part aux thèmes des conférences dont les intitulés accrochaient fort bien les participants de tous bords.

Le festival d’Agadir séduisait également quelques ténors tels El Manii, Karhat, Bennani, Benzidane…qui, dans le temps, se contentaient de la recherche académique sans avoir l’occasion de se lancer dans pareilles épreuves de réflexion et de partage. Et c’est grâce à ce festival tant attendu qu’ils renaissaient de leurs cendres et contribuaient vivement aux thématiques proposées notamment «esthétismes de réceptivité au théâtre», «théâtre et patrimoine»…De l’avis de tous, cette manifestation qui drainait plus de trois cents participants dans chaque édition devenait le pôle d’attraction de l’art dramatique national, bien plus chaleureuse et attractive que le festival national qu’organisait, ce temps-là, le ministère de la jeunesse et sport.

Un rendez-vous de haute intensité où les organisateurs, empreints d’abnégation et de conviction, oeuvraient souvent dans des conditions très difficiles, afin de réunir toutes les conditions idoines en termes d’hébergement, de restauration, d’organisation, de communication, de logistique…Par la même, cette expérience hautement valorisée allait, par la suite, faire tâche d’huile dans plusieurs régions du royaume, en particulier à Meknès où l’association Rouad Al Khachaba créait, à la grande satisfaction du public ismailien, les rencontres théâtrales auxquelles affluaient pareillement tous les mordus de l’art dramatique. Et puis, par ci par là, des tentatives similaires, à Mohamédia avec l’association Annoubough et bien d’autres qui ornaient le paysage théâtral marocain, sans pour autant s’ériger en alternative au festival national qui poursuivait son bonhomme de chemin.

Durant quinze années d’affilée, le festival d’Agadir qui constituait le fer de lance de cette expérience faisait vibrer les planches et les cœurs, autour des productions théâtrales saisissantes de par l’engagement du message et la qualité de la création et de l’imaginaire. Cette belle épopée s’est interrompue, en milieu des années 90, ainsi que bon nombre de festivals identiques, pour des raisons qui relèvent des moyens, mais aussi des mentalités rétrogrades qui en voulaient énormément à cette initiative d’envergure.

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