Quiproquo de l’ENCG d’Agadir remporte le grand Prix

La 22e édition du Festival International du Théâtre Universitaire d’Agadir a baissé le rideau, samedi dernier à la salle des fêtes Brahim Radi, dans une ambiance de symbiose et d’allégresse.

Après quatre jours de passion et d’échange, les jeunes festivaliers nationaux et étrangers se sont encore rassemblés dans cet espace archicomble, en présence de mordus de l’art dramatique de tous bord. Cette cérémonie de clôture qu’animait avec brio, la sympathique Zohra Makach, l’une des pièces maitresses de cet événement annuel, a donc drainé un flux imposant pour admirer non sans enchantement la pièce «Antigone» : mise en scène de Habib Nounou, adaptation de Saoudi El Amalki, interprétation des comédiens de l’Association Art’gana d’Agadir.

En fait, cette pièce relatait la mythologie grecque, à travers le duel Créon/Antigone dans le berceau du fatalisme. Contre vents et marées, Antigone s’indigne, s’insurge et s’expose au blasphème et au bannissement. Peu importe devant l’humanisme et l’adoration qui l’emplissent ! Créon a beau lui ravir la tombe de son frère, elle lui tint tête et passe sa vie à trépas. Hémon, son fiancé en périt, succédant au mythe tragique des malédictions. Pour un principe, Antigone succombe et branle le préétabli. Désormais, la liberté a un sens face au déterminisme. Acclamée longuement, cette représentation aura séduit, de bout en bout, le public, de par la recherche scénique et le raffinement de la création poly-artistique dans le sens large du terme.

Et puis vint l’instant pathétique où le grand dramaturge marocain Mohamed Kaouti était à l’honneur, devant cette multitude euphorique qui lui rendait un hommage des plus vibrants. C’est à Rachid Daouani, homme de théâtre de talent à qui revient le mérite d’égrener quelques faits saillants du parcours théâtral de cette sommité célébrée en grande pompe. «Il est toujours compliqué de dénombrer les activités de Si Mohamed Kaouti, en tant qu’acteur, auteur, créateur, concepteur, animateur, militant syndicaliste et mutualiste, en quelques moments. Son répertoire est aussi bien riche et varié dans le champ artistique national. Il demeurera, sans nul doute, l’une des icônes rutilantes de l’art dramatique marocain contemporain, depuis plus de quatre décennies, sans relâche !», s’esclaffait Rachid Daouani en direction de l’homme fêté. Tout ému de ce geste saisissant à son égard, Mohamed Kaouti n’en revenait pas. Il put, quand même, bredouiller quelques propos de reconnaissance à l’adresse des organisateurs et des fans. «Je suis profondément touché par cette initiative qui me réchauffe le cœur. Je partage tout cet amour dont vous m’entourez ! Je ne peux rester insensible à tous ces égards qui émanent des gens que je chéris et pour qui j’ai beaucoup d’estime. Merci à tout le monde !», jubilait-il, la gorge serrée.

Par la suite, le grand public eut droit à la divulgation du palmarès 2017 du festival international du théâtre universitaire d’Agadir. Le jury, composé de Marjorie Bertin, docteur en études théâtrale et arts du spectacle à Paris, Abdelmajid El Haouass, metteur en scène et artiste peintre et El Habib Nounou, comédien et metteur en scène, a rendu public les lauréats de cette 22e édition du FITUA. C’est ainsi que le grand Prix de cette compétition est revenu à la pièce RMED de la troupe QUIPROQUO de l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) d’Agadir, auteur Mohamed Mohib et metteur en scène Younès Rouna. La pièce de théâtre RMED, inspirée d’Aicha Quendicha, raconte l’histoire de deux amoureux issus de deux tribus en conflit qui ne peuvent aller de l’avant, craignant une quelconque guerre. Lalla Chafia, pour se venger d’un passé éprouvant avec le chef d’une des tribus, décida de se racheter en envoyant Aicha hanter son fils unique, afin de susciter l’attention de son père. Voyant l’état psychique de son amoureux se détériorer, la jeune fille commence également à perdre tout espoir. Les plans de Lalla Chafia tombent à l’eau lorsqu’elle réalise qu’Aicha ne devient plus pour elle un moyen mais un obstacle.

Il faut dire enfin que cette 22e manche du FITUA a tenu ses promesses, en termes de la qualité spectacles qui crevé l’écran, en particulier ceux de la troupe italienne qui raflé plusieurs Prix dont celui de la mise en scène et de la scénographie, de la troupe espagnole avec le Prix de la cohésion artistique et surtout la troupe marocaine de l’ENCG qui remporté le grand Prix du Festival, de la pertinence des communications du colloque autour de la thématique «Le théâtre aujourd’hui : écriture et art de la performance», et enfin de l’émotion suscitée lors de la séance d’hommage réservée à Mohamed Kaouti. Saluons en fin le travail de coup de maitre accompli par Ahmed Belcadi, Doyen de la faculté des Lettres et Sciences humaines et directeur du Festival et tout son staff d’organisation qui n’ont ménagé aucun effort pour hisser cet événement au summum. Bravo et chapeau bas!

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