Souhail Benbarka : Le cinéma de la révolte

Le festival du cinéma africain de Khouribga avait rendu  en 2009 un vibrant hommage au cinéaste. Le président de la Fondation du festival, M. Nour Eddine Sail a souligné, lors de cette cérémonie, que Souheil Ben Barka reste l’une des figures de proue du cinéma marocain et africain eu égard à sa riche expérience et des sacrifices qu’il a consentis pour le 7ème Art. Le cinéaste a joué un grand rôle dans l’émancipation de plusieurs acteurs et réalisateurs au Maroc comme à l’étranger, a-t-il dit. Pour sa part, le réalisateur Mohamed Abderrahmane Tazi a mis en exergue l’aide que ne cesse d’accorder Souheil Ben Barka pour la réalisation de films marocains. Représentant Souheil Ben Barka, qui n’a pas pu se déplacer à Khouribga pour des raisons de santé, la réalisatrice Zakia Tahiri, a hautement apprécié le geste de la Fondation de rendre hommage “à un homme totalement versé dans les faits filmiques et la créativité cinématographique”.

Un homme aux vies multiples

“Homme aux vies multiples, au parcours sinueux et déroutant, tour à tour et souvent en même temps réalisateur, producteur, distributeur, pilote d’avion, Souheil a accompli ses missions avec passion, ténacité et bonheur”, a-t-elle dit, soulignant par ailleurs l’attachement du cinéaste aux causes du continent africain. Ben Barka a vu son étoile briller quand il a rencontré dans les années 60 le maître incontesté du cinéma italien, Federico Fellini, dans une rue de Rome alors qu’il tournait “Huit et demi”.  Quelques heures à regarder le maestro travailler ont suffi à bouleverser le cours de sa vie : sa décision était prise. Il sera cinéaste, raconte-elle, avant de souligner que “le cinéma, c’est l’art de faire l’impossible tout de suite et le possible plus tard”.

«Amok» avec  Myriem Makeba

Son film  “Amok”, considéré comme un véritable plaidoyer pour la liberté en Afrique du Sud, contre la politique de l’apartheid et l’humiliation de l’homme. Réalisé en 1982, le film retrace l’histoire de Mathew Sempala, instituteur noir dans un petit village du Trankei en Afrique du Sud, qui reçoit une lettre de Johannesburg où il apprend que sa soeur est très malade.  Il commence un long voyage sans retour, à travers lequel il va à la recherche de sa soeur, de son frère et de son fils. Il est confronté alors à un monde étrange, un monde de crime, de haine et de la torture dans les prisons.

Souhail Ben Barka : Bio-express

Né à Tombouctou en 1942, Souheil Ben Barka fait ses études secondaires au Maroc puis supérieures en Italie, où il décrochera une licence en sociologie et un diplôme du Centro Sperimentale de Rome.
Après avoir travaillé pour le metteur en scène italien Paolo Pasolini et réalisé des courts métrages pour la chaîne de télévision italienne RAI, il tourne son premier long métrage, «Les Mille et Une mains » (1972) puis « La guerre du pétrole n’aura pas lieu» (1974).
Outre ses courts métrages, Souhail Ben Barka a également signé « Noces de sang» (1980), «Amok» (1984), « Tambours de feu ou les cavaliers de la gloire» (1991), « l’ombre du pharaon» (1996) et « les amants de Mogador» (2002). (MAP)

FILMOGRAPHIE

1972 : LES MILLE ET UNE MAINS
avec Mimsy Farmer, Elgazi Aissa, Abdou Chaibane, Aicha el-Ghazi
1975 : LA GUERRE DU PÉTROLE N’AURA PAS LIEU
avec Philippe Léotard, Assan Ganouni, Claude Giraud, Sacha Pitoëff, Boussif Driss
1977 : NOCES DE SANG
avec Irène Papas, Laurent Terzieff, Miloud Habachi, Djamila, Doghmi Larbi
1982 : AMOK
avec Robert Liensol, Douta Seck, Miriam Makeba, Claudio Gora, Richard Harrison
1990 : LES CAVALIERS DE LA GLOIRE (La Batalla de los Tres Reyes)
avec Harvey Keitel, Claudia Cardinale, Fernando Rey, Ugo Tognazzi, Massimo Ghini
1996 : L’OMBRE DU PHARAON
avec Florinda Bolkan, Helmut Berger, Mohamed Miftah, H. Al-Jound, Orso Guerrini

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