Une plume alerte, une vigie populaire

Ali Yata

Ali Yata, l’homme, le patriote, le militant politique chevronné et le député inlassable défenseur des démunis, était connu également comme un fin journaliste et redoutable éditorialiste, à la plume très aiguisée par les années de combat et d’engagement.

Dès sa prime jeunesse, de par sa formation bilingue et traditionnelle, il avait la faculté de l’expression écrite.

D’ailleurs, dès 1943, il était parmi les auteurs et les traducteurs de tous les communiqués du PCM, avant d’en devenir le principal auteur, avec l’édition régulière, bon an mal an, de brochures et journaux partisans.

Ali Yata faisait partie de cette élite politique qui avait compris l’intérêt et le rôle de la presse écrite dans le combat des Marocaines et des Marocains. Il n’était pas étranger et présent aux combats des différents titres de presse édités par le PCM et dont les directeurs étaient des dirigeants du parti. C’est le cas durant les décennies 1940 à 1970 des publications chapeautées par feus Abdeslam Bourquia, Abdallah Layachi, Edmont Amrane El Maleh, Hadi Messouak, Simon Lévy (Al Watan, Espoir, Al Jamahir, Al Kifah Al Watani, Al Moukafih…).

Il ne faudra pas oublier que Ali Yata était, déjà en 1963, parmi les fondateurs du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) avec feu Abdelkrim Ghellab et Si Mohamed El Yazghi, qui assureront sa survie à l’Etat d’exception entre 1965 et 1970, avant de le relancer surtout dans les années 1980.

Durant cette période l’on se rappellera, notamment, le combat du SNPM contre la presse du groupe Mas, qui éditait « Le Petit Marocain » et La « Vigie marocaine »

Sa présence au Colloque national de l’information et de la communication (Infocom) en 1993 était distinguée, aux côtés de son fils Nadir Yata, alors dans une chaise roulante…

Au quotidien, il avait une capacité inouïe à animer les deux rédactions qu’il réunissait quotidiennement, séparément et des fois en réunion conjointe,  pour décliner le menu des numéros à paraitre…

 Et malgré la faiblesse des moyens financiers, nos journaux comptaient sur l’apport quotidien et généreux de nos militants et de ses nombreux lecteurs devenus des correspondants et des créateurs de contenus.

Nombreux sont les lecteurs qui sont devenus des militants du parti grâce  à nos journaux.

N’oublions pas d’autre par ces échanges sulfureux, des fois, et réguliers  avec feu Moulay Ahmed Alaoui autour de questions nationales et internationales

Ali Yata a été un défenseur infatigable de la liberté de la presse, un garant de la pérennité et l’indépendance des titres d’opinion qui incarnent le mieux le débat démocratique. Il avançait les idées de la fraternité internationaliste comme un combat, un idéal.

Le soutien de la parole des travailleurs Ali Yata a fait de son journal une voix, au discours différent, utile et porteur. Un journal de qualité, de gauche, d’une gauche qui tient à cœur les soucis des classes populaires

Grâce à lui, Al Bayane était la fierté de la classe ouvrière quand elle défilait au boulevard des FAR et que les ouvriers et les travailleurs s’arrachaient ou, quand il le fallait,  le cachaient sous leurs vêtements, de peur du patronat ou des autorités…

Et pour l’Histoire, la conférence à l’Institut du journalisme à Rabat, donnée par le défunt sur l’Histoire de la presse nationale, demeure une référence pour les étudiants et chercheurs…

Le journal Al Bayane doit continuer en tant que veilleur qui exerce sa vigilance et son ouverture à la pensée critique. La vigie du peuple, cet « œil qui ne dort pas et veille sur la classe ouvrière et la patrie », comme il aimait répéter.

Car il s’agit d’une belle tranche de vie de ce Maroc d’aujourd’hui et d’hier. Mais surtout de demain.

Et si Ali Yata a eu le mérite de faire parvenir à bon port la presse sérieuse au Maroc, il faudra rendre hommage à ses relayeurs Moulay Ismaïl Alaoui, Mohammed Nabil Benabdallah, Ahmed Zaki, Mohamed Kaouti et Mahtat Rakas d’avoir entretenue cette flamme et de réussir le pari de la continuité.

Mohamed Khalil

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