Voulant, par tous moyens, empêcher la République islamique iranienne, qu’il érige en «parrain du terrorisme», de se doter de l’arme nucléaire, Donald Trump a signé, ce lundi, un décret empêchant «le Guide suprême, son équipe et d’autres qui lui sont étroitement liés d’avoir accès à des ressources financières essentielles».
Les personnes visées, dont les avoirs sont estimés à «des milliards de dollars d’actifs» selon Steven Mnuchin, le Secrétaire au Trésor, sont Ali Khamenei, le Guide Suprême de la République islamique, huit généraux relevant du Commandement des Gardiens de la Révolution ainsi que Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères alors même que ce dernier, réputé «modéré», a toujours cherché la détente avec l’Occident.
Ces sanctions ont été annoncées quatre jours après que l’Iran ait affirmé avoir détruit un drone américain qui se trouvait dans son espace aérien et juste après que Donald Trump ait déclaré avoir annulé, au dernier moment, les frappes qu’il entendait effectuer en direction de cibles iraniennes à titre de représailles. Or, si l’on en croit certains médias américains, le président US aurait ordonné, en revanche, l’exécution de cyber-attaques contre des systèmes de lancement de missiles; ce que Téhéran dément formellement en assurant n’avoir subi aucun dégât.
A l’emportement intempestif du locataire de la Maison Blanche, Abbas Moussavi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a répondu qu’«imposer des sanctions stériles contre le guide suprême de l’Iran et le chef de la diplomatie iranienne, c’est fermer de façon permanente la voie de la diplomatie».
Intervenant à l’occasion du lancement, ce mardi à Téhéran, des travaux d’un colloque médical, le président Hassan Rohani a pointé du doigt les «mensonges» et l’ambigüité de la position de Washington qui, tout en appelant à «des négociations» avec l’Iran, cherche «à sanctionner (son) ministre des Affaires étrangères».
Désireux de mettre un terme aux tensions qui pourraient plonger la région sous un déluge de feu, le Conseil de Sécurité qui devait tenir ce mercredi une réunion portant sur l’application de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien duquel les Etats-Unis se sont retirés, a appelé ce lundi au cours d’une réunion tenue à huis-clos, les deux parties «au dialogue» et à la retenue.
A l’issue de cette séance de travail, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, signataires dudit accord, «gravement préoccupés par les tensions croissantes dans le Golfe» ont réaffirmé «leur engagement à (sa) mise en œuvre intégrale» et appelé «à la désescalade» alors que, de son côté, l’ambassadeur iranien auprès des Nations-Unies a déclaré que «pour atténuer les tensions dans l’ensemble de la région du Golfe, les Etats-Unis doivent arrêter leur aventurisme militaire, comme leur guerre économique et le terrorisme contre le peuple iranien».
Enfin, lors d’une conférence de presse donnée par un porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, la Chine, autre signataire de l’accord de Vienne, estimant que le fait de «persister à appliquer une pression maximale (contre l’Iran) n’aide(ra) pas à résoudre le problème», a appelé Washington à faire preuve de «sang-froid» et de «retenue».
Le bon sens et la modération finiront-ils par l’emporter ? Osons l’espérer et attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi