Œuvrer pour la démocratisation des institutions, l’ancrage des libertés et l’instauration de la justice sociale

soient  une occasion de renouer le contact avec l’ensemble des citoyens, soulignant dans le même ordre d’idées que l’objectif ultime du PPS est d’œuvrer pour la démocratisation des institutions, l’ancrage des libertés et l’instauration de la justice sociale.

Cette rencontre, consacrée au thème «la société marocaine entre le passé et le présent», a été encadrée par Abdeslam Seddiki, membre du BP du PPS et ministre de l’Emploi et des affaires sociales, et Abdelfatah Ezzine, professeur de sociologie. Fidèle à son style académique, Seddiki a entamé le débat en procédant par un diagnostic minutieux de la société marocaine tout en répertoriant les multiples changements qu’a connus le Maroc depuis l’indépendance. Faisant référence  à l’économiste feu  Aziz Blal, le membre du BP a fait remarquer que la théorie dialectique constitue une véritable démarche pour  appréhender la société marocaine.

Instaurer un modèle de développement marocain

En récusant les visions nihilistes, l’intervenant a expliqué que le PPS a toujours inscrit son action dans une approche réaliste sans sombrer dans les jugements de valeurs… Il est certain que le Maroc a connu d’énormes transformations depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, mais cela a été opéré sans rupture au niveau des structures socio-économiques ou institutionnelles. Chiffres à l’appui, l’économiste du PPS a cité quelques indicateurs économiques témoignant de ce changement, à commencer par le PIB de l’agriculture qui s’élève aujourd’hui à 14%, soit le double de ce qu’il était depuis l’indépendance. Idem pour l’industrie qui constitue actuellement 19% du PIB. S’agissant du secteur des assurances et des banques, il a connu une forte évolution. Quant au facteur démographique, Seddiki a fait remarquer que la population urbaine a connu une croissance rapide, avec 60% de la population globale qui appartiennent au monde citadin. Sur le plan politique, le pays a certes connu une éclaircie politique, consolidée par une ouverture démocratique, des élections crédibles et l’élargissement des libertés publiques. Toutefois, le conférencier n’a pas omis de rappeler que ces changements sont producteurs de contradictions. En d’autres termes, vu le nombre des partis politiques s’élevant à 34,  le pluralisme politique a été vidé de son sens, a tenu à préciser Seddiki. Le même constat peut également s’appliquer aux syndicats. La prolifération des syndicats a largement porté préjudice à l’action syndicale. En procédant à l’analyse du champ économique, le leader du PPS a souligné que la société marocaine est synonyme d’une société libérale sous-développée, marquée essentiellement par la domination des modes de productions qui relèvent de l’ère avant-capitaliste, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie… d’une manière ou d’une autre,  Il n’y a aucune homogénéité entre les valeurs et le praxis a martelé Seddiki. L’absence de la citoyenneté fiscale en est la preuve. En fait, seulement 2% de l’ensemble des entreprises composant  le tissu industriel paient 80% des impôts.  Il s’agit bel et bien d’une bourgeoisie sous-développée qui exploite la classe ouvrière et  dont 70% vivent dans la précarité. Et la solution ? Pour Seddiki, le moment est venu pour mettre en place des modes de productions équilibrés et modernes. Cela nécessite d’abord de quitter le système de production traditionnel et instaurer un modèle de développement marocain. Cela ne peut se faire, insiste-t-il, que par  l’implication de toutes les consciences vives du pays et la mise en place de l’intelligence collective de tous les citoyens. Au final, le professeur a conclu son intervention en rappelant à l’audience que le grand combat pour l’édification d’une société équitable, l’instauration de l’Etat de droit,  la lutte contre les inégalités entre les classes et les disparités sociales a constitué et constituera toujours l’un des objectifs sublimes du parti du feu Ali Yata.   

Trois ruptures

Par ailleurs, le sociologue Abdelfatah Ezzine a axé son intervention sur les ruptures qui ont marqué l’histoire politique du Maroc moderne. Ces ruptures, le sociologue les résume en trois catégories principales : le politique et le syndical, le politique et l’intellectuel  et enfin le politique et le civil. Pour le professeur,  ces fragmentations  sont aujourd’hui des caractéristiques essentielles du champ politique marocain. En fait, au moment où le Maroc enregistre des avancées positives vers une société modernes et démocratique, certains ont un fort sentiment de nostalgie pour le passé. Le chercheur fait dans ce sens allusion à  la levée des réserves sur la CEDAW par l’Etat marocain  alors qu’en même temps des voix brandissent encore la carte de la religion. Pour l’intervenant, la société marocaine a déjà fait son choix, celui de la construction d’une société moderne et démocratique. Le Maroc connait une dynamique démocratique qui est a démarré depuis les années 70, mais on est encore loin de notre objectif, a-t-il précisé. Il n’existe point, selon lui, un modèle démocratique prêt-à porter, mais l’important c’est d’ouvrir un  débat afin d’y impliquer tout le monde. Pour lui, la construction démocratique ne se réduit pas uniquement à l’organisation des élections et au droit au vote. Loin s’en faut ! Mais, il s’agit d’un long processus d’édification et  d’apprentissage. Et dans tout cela, Abdelfattah Ezzine insiste sur le rôle que doit jouer le politique dans ce processus. «Le politique doit prendre la place qui lui échoit et jouer un rôle capital. C’est-à-dire d’être à l’avant-garde de la société et le véritable artisan des politiques publiques…».  D’un autre côté, le chercheur a évoqué les défis auxquels se heurte la société marocaine. Il s’agit en l’occurrence de trois défis. En premier lieu se pose la question de la transition politique et la nécessité de la reconstruction du champ politique. En deuxième lieu, figure la transition démographique où a  passé de la famille étendue à la famille nucléaire. Et en dernier lieu, ce qu’il a désigné par la transition urbaine qui a suscité des contradictions au niveau du paysage architectural. C’est-à-dire qu’on est passé des villes-bidonvilles à des villes-bidons et une société citadine qui n’a de la citadinité que le mot. Pour pallier ces défaillances, il est aujourd’hui plus que jamais urgent d’ouvrir un débat responsable et sérieux afin de déterminer les responsabilités et trouver des solutions, a conclu Abdelfattah Ezzine.   Dans le même registre, Abderrahim Bansar, secrétaire régional du PPS à Casablanca et directeur de l’administration nationale du parti, a soulevé la question de l’ambigüité politique dans le pays, la crise de la gauche et certaines manœuvres qui battent en brèche le processus démocratique et les fondements de l’Etat de droit, appelant à œuvrer pour mettre en place des solutions appropriées. Par la suite, la parole a été donnée à l’assistance qui a soulevé plusieurs questions qui ont été débattues lors de cette rencontre.

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