Vers la mise en examen de l’ancien Président Lula da Silva…

Le Brésil vit une période trouble de son histoire politique. En effet, à peine en avait-on fini avec la destitution de la Présidente Dilma Roussef, que son tombeur et Président de la Chambre Basse, Eduardo Cunha, a été lâché par les siens et contraint à la démission et, last but not least, que l’ancien syndicaliste Luiz Inacio Lula da Silva, qui a présidé aux destinés du Brésil de 2003 à 2010 vit, pour sa part, les heures les plus sombres de son existence quand bien même il reste, à l’âge de 70 ans, un des grands favoris des prochaines élections présidentielles de 2018.

Il est à noter, au passage, que ce dernier était parvenu, en deux mandats, à extraire de la misère des dizaines de millions de ses compatriotes et cela sans même que les comptes publics n’en soient affectés et tout en s’attirant aussi bien la sympathie de Georges Bush que celle d’Hugo Chavez…

Mais, comme il est dit qu’à la longue le pouvoir use, l’image de l’ancien syndicaliste du Nordeste qui a pu accéder à la magistrature suprême sans même dépasser  l’école primaire, a fini par s’effilocher, ternie par l’affaire de corruption dite «du mensalao» qui consistait en l’achat des voix des membres du Congrès ; une scabreuse affaire qui a fortement éclaboussé le Parti des Travailleurs.

Les ennuis judiciaires de l’ancien chef de l’Etat  qui ne s’arrêtent pas là pourraient, néanmoins, compromettre sa prochaine candidature et fragiliser un pays déjà sujet à une profonde division entre les soutiens et les pourfendeurs de Lula accusés, après la destitution fortement controversée de la présidente Dilma Roussef, d’orchestrer une conspiration destinée à faire taire la gauche une fois pour toutes.

Les opposants de l’ancien président considèrent que celui-ci serait le «chef d’orchestre» d’un réseau où une poule aux œufs d’or prénommée Petrobras, une des principales entreprises impliquées dans  le fameux scandale dit du «Lava Jato», permettrait avec l’aide de groupes industriels relevant du secteur du BTP, «d’arroser les partis politiques afin d’assurer la gouvernabilité et la perpétuation criminelle au pouvoir du Parti des Travailleurs».

Les détracteurs de Lula prétendent même que celui-ci et son épouse se seraient vu offrir un triplex dans la station balnéaire de Guaruja sise à une soixantaine de kilomètres de Sao Paulo et qu’ils auraient également bénéficié de largesses ayant atteint 3,7 millions de réals (environ 1 million d’euros).

Enfin, si les partisans de Lula considèrent qu’il ne s’agit là que « d’une pièce de fiction » donc de propos mensongers qui, en n’étant  étayés par aucune preuve, n’ont pour seule finalité que de détruire la vie politique de l’ancien Chef de l’Etat, ceux-ci pourraient vite déchanter si les accusations de corruption et de blanchiment d’argent qui lui sont imputées en viennent à être validées par le juge chargé de l’opération «Lava Jato» car elles ouvriront la voie à sa mise en examen sans conditions.

Nabil El Bousaadi

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