Des avancées importantes, mais encore des défis à relever
Trente ans après avoir adopté la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), le Maroc a-t-il fait un pas en avant en matière de promotion des droits de l’enfant ? Vendredi dernier, la question a été abordée à Marrakech à l’occasion de la 16e édition du Congrès national des droits de l’enfant qui coïncide également avec la célébration des 20 ans du parlement de l’enfant et les 30 ans du CIDE adoptée le 20 novembre 1989. Saad-Eddine El Otmani, chef du gouvernement, ainsi qu’Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et Geert Cappelaere, représentant de l’UNICEF, ont dressé un bilan de la mise en œuvre de cette convention au niveau national.
Le Maroc a été l’un des premiers pays à avoir ratifié la CIDE en 1989, ont souligné pendant les deux jours les intervenants au congrès. En trois décennies, le royaume s’est illustré en matière de respect des droits de l’enfant, a déclaré Saad-Eddine El Othmani, chef du gouvernement, dans son allocution à l’occasion.Le chef du gouvernement est revenu d’emblée sur l’adoption historique de ce texte par sa Majesté le roi Hassan II en 1990. «C’est une chose très importante, le fait que Sa Majesté le Roi Hassan II ait signé personnellement cette convention à New-York. Cela exprime l’intérêt de très haut niveau que le Royaume du Maroc porte à la question de l’enfant», a-t-il confié dans une déclaration à la presse. «Depuis lors, le Maroc a accompli de nombreux progrès, notamment au niveau de l’éducation, avec la généralisation de l’enseignement, l’amélioration de la qualité de l’enseignement, la réduction de la mortalité infantile», a-t-il souligné. « Nous avons dépassé les objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations-Unies en 2030. C’est une chose très importante», a-t-il ajouté. Toutefois, «il reste encore beaucoup à faire. Au niveau de la santé, il y’a beaucoup d’objectifs qui n’ont pas encore été atteints. C’est pourquoi ce congrès est important, parce qu’il nous permet de faire l’évaluation du travail accompli, pour voir comment réaliser d’autres objectifs au cours des prochaines années », a indiqué le chef du gouvernement.
Pour sa part, le président du CESE, en tant qu’organe consultatif, a estimé qu’en trente ans, le Maroc a réalisé plusieurs avancées, notamment sur le plan législatif en consacrant les droits de l’enfant dans la constitution de 2011. De même, Reda Chami a relevé la baisse du taux de la mortalité infanto-juvénile, qui est passé de 104,1 pour 1000 à 22, 16 en 2018. Il a par ailleurs souligné l’augmentation du taux de scolarisation, qui s’est quasiment généralisé en milieu rural, en tant qu’indicateur de l’amélioration des droits de l’enfant au Maroc.
Sans oublier l’adoption d’une politique intégrée multisectorielle de protection de l’enfance portée par le gouvernement et visant à promouvoir les droits des enfants à tous les niveaux. Toutefois, plusieurs lacunes persistent, a insisté le président du CESE. Entre autres, les défis d’exclusion sociale, avec le décrochage scolaire de près de 300 milles enfants qui quittent l’école chaque année, les enfants exploités dans les réseaux de mendicité.
A cela s’ajoute la persistance du phénomène de mariage des enfants, dont le nombre a été de 32000 en 2018. Pour le président du CESE, plusieurs actions doivent être menées par le Maroc au cours des prochaines années, pour garantir l’effectivité des droits de l’enfant. Il s’agit tout d’abord de lutter contre l’exclusion, en rendant obligatoire la scolarisation des enfants à besoins spécifiques et en mettant également en œuvre une politique adaptée aux mineurs.
Sur un ton insistant, le président du CESE a appelé à garantir l’inscription de tous les enfants sur les registres d’état civil, qu’ils soient issus de mariages légaux ou nés hors mariage. Il a également appelé à doter la politique intégrée de protection de l’enfance de ressources financières plus importantes pour faciliter sa mise en œuvre et à élaborer des dispositifs territoriaux pour décliner cette politique au niveau local.
Geert Cappelaere, conseiller senior au bureau de la directrice exécutive UNICEF, a quant à lui, salué les efforts accomplis par le Maroc, en matière des droits des enfants. «Quand on regarde sur le plan de la santé, on se rend compte qu’il y’a encore des défis, des enfants qui n’arrivent pas à aller à l’école. La qualité de l’éducation n’est pas toujours assurée.
Au niveau de la protection des enfants, il y a encore la problématique des enfants de la rue, du travail des enfants. Il y’ a tout un éventail de problématiques qui doivent encore être abordés», a estimé pour sa part le responsable de l’UNICEF. Toutefois, «nous sommes en face d’un gouvernement très engagé sur la problématique. Donc nous croyons qu’il va y arriver», a-t-il souligné. Pour le responsable onusien, le Maroc doit analyser le passé, consolider le présent et s’engager pour le futur de ses enfants.
A noter que dans le cadre du congrès, l’Organisation nationale des droits de l’enfant (ONDE), en partenariat avec l’UNICEF et l’organisation nationale des droits humains (ONDH) a également présenté les résultats de sa 2e analyse sur la situation des enfants au Maroc, en revenant sur les avancées et les lacunes. Elle a en outre émis des recommandations pour une amélioration de la promotion des droits des enfants au Maroc pour la prochaine décennie.
DNES à Marrakech :Danielle Engolo