Déjà, depuis quelques jours, les deux boîtes nationales font dérouler des extraits de menus programmatiques qui seront consacrés au Ramadan. Ces flashs succincts ont l’air de mettre du baume au cœur en ces moments de couvre-feu, récemment annoncé pour ce mois sacré.
Mais, encore une fois, on espère que ce ne serait pas un nouveau «canular» pour des millions de nos compatriotes qui n’ont que le petit écran pour se divertir, après une longue journée de corvée. Il est bien vrai que c’est une aubaine pour les artistes marocains de se faire un peu d’argent.
Aussi, c’est une opportunité pour les téléspectateurs de se détendre et rester chez soi puisque, restriction pandémique oblige. Ils sont interdits de se dégourdir les jambes dans la rue ou de siroter un café corsé du coin.
Cependant, les années passent et les « médiocrités » subsistent ! Sous le coup de la déception qui se prépare encore, on ne s’en rend même pas compte, tellement pris par l’effet de l’impatience et de la curiosité de voir venir le menu proposé. Et puis voilà, on se presse de savourer la sauce promise.
Quelle sornette ! Encore une fois, on déçoit, comme à l’accoutumée. Des débilités qui déferlent sous nos yeux agressés. Devant une grande audience, puisque c’est l’heure de pointe par excellence, les foyers sont matraqués, pendant des heures.
Les tambouilles télévisuelles sont telles qu’on a envie, par moments, de huer les navets amers. On se demande si les auteurs de ces fariboles ne se paient la tête du citoyen et dédaignent vilement son intelligence. Ils se contentent sans scrupule, d’afficher un satisfecit sournois, alors qu’ils savent pertinemment que les productions sont d’une nullité exaspérante.
On ne se pose pas de questions, non sans incivisme non plus, sur la qualité du produit suggéré. Une vilaine complicité qui se répète, chaque année, sans qu’on n’y mette un terme, en dépit des voix de refus qui fusent de toutes parts. Force est de relever que la platitude fait désormais partie du vécu quotidien. On cherche par tous le moyens de forcer le rire, à travers des histoires sans la moindre recherche créative ni respect de goûts. A-t-on le droit de continuer à tolérer, sans nulle vergogne des médiocrités, sous prétexte que l’audience est forte? Certainement pas, car même si les citoyens collent le nez à leur petit écran, c’est qu’on les a habitués à ces stupidités délibérées, des années durant.
On ne saura se satisfaire de ce qu’on a l’habitude de produire avec redondance, au détriment des exigences de l’innovation et des valeurs vertueuses de l’interprétation, afin de contribuer efficacement au relèvement de la conscience collective. La gravité des émissions creuses qu’on s’acharne à inculquer sans relâche, réside, en cette aliénation coutumière aux banalités. La chaîne publique n’est pas faite pour cet abject dessein. Bien au contraire, elle appartient au peuple et personne n’a le droit de se l’accaparer pour y déverser les idioties.
La rigueur de la qualité des textes, des mises en scènes et des jeux devrait être de mise. Pour ce faire, il convient de faire appel à des virtuoses nationales en la matière. Dieu sait que notre pays renferme des flammes empreintes d’imagination créative ! On verra bien…