Aux prémices de la pandémie de la covid-19, qui a envahi les corps et les esprits, et au moment où la plupart d’entre nous étaient scotchés devant les écrans pour inspecter les dégâts engendrés par le nouvel agresseur, le personnel soignant menait une guerre sans relâche contre l’ennemi invisible.
Or, l’héroïsme des personnels soignants au front en cette épidémie de coronavirus reste trop souvent méconnu, malgré leurs énormes sacrifices, leur absence prolongé du milieu familial et l’angoisse de transmettre la maladie : c’est l’héroïsme du soldat inconnu.
Au milieu d’une guerre féroce, qui a jusqu’à présent coûté la vie à environ 16.000 personnes au Maroc, les infirmières et infirmiers, au cœur de la lutte contre le coronavirus, décrivent une autre réalité de la pandémie, celle de l’essoufflement, de l’effroi qui envahit ceux qui entrent dans les unités de réanimation et des valeurs d’abnégation.
Parmi les histoires méconnues de ces soldats inconnus au front, figure celle de l’infirmière Amina Bouras, qui a volontairement renoncé à une demande de retraite anticipée qu’elle avait déposée avant la propagation de l’épidémie, afin de s’engager dans des efforts nationaux visant à contenir le virus épineux.
Mme Bouras, chargée du suivi des cas d’infection à la covid-19 au service de quarantaine du CHU Ibn Sina de Rabat, a confié à « M24 », la chaîne d’information en continu de la MAP, que « la nouvelle de l’acceptation de ma demande de retraite anticipée est intervenue à un stade où l’on se préoccupait de freiner l’accélération de la propagation de la Covid-19 ». « Je n’ai donc pu qu’annuler cette demande car je considérais ma retraite à ce moment particulier comme une trahison envers ma mission et mon pays », a-t-elle dit.
Cette diplômée de l’Institut d’infirmerie de Casablanca n’a pas manqué de dépeindre la souffrance de ses collègues, qui ont incarné de merveilleuses scènes de dévouement et de sacrifice malgré leur stress et l’angoisse au plus fort de l’épidémie, en exerçant dans des conditions de santé parfois très difficiles, telles que la grossesse avancée.
Pour cette infirmière chevronnée, la pandémie a été aussi une opportunité de partager ses expériences qu’elle avait accumulées au cours de plus de quatre décennies de travail de terrain dans les services de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Mohammed V de Casablanca et du CHU Ibn Sina, où elle était chargée d’assurer la sécurité du personnel de santé engagé à la première ligne de lutte contre la pandémie depuis mars 2020.
Sa mission consiste à superviser une unité de diagnostic et de traçage des cas d’infection à la covid-19 parmi le personnel de santé de l’hôpital universitaire Ibn Sina, en effectuant principalement des examens rapides et en assurant le suivi avec des médecins spécialisés dans les maladies infectieuses et le protocole médical.
En restant dans l’ombre, Mme Bouras peut se contenter de deux récompenses morales pour ses innombrables sacrifices : Les sentiments de cordialité, de respect et d’appréciation dont elle est entourée et le sourire lumineux qui ne quitte jamais son visage.