Automédication
Ouardirhi Abdelaziz
Les médicaments vendus en pharmacie sans ordonnances occupent une place importante au sein de toutes les officines car ils permettent à chacun d’avoir un libre accès à ces produits, de pouvoir soigner soi-même les petits maux comme un rhume, une grippe, une diarrhée…
Cette approche qui permet de se soigner sans une prescription médicale, c’est ce que l’on désigne sous le nom d’automédication.
L’automédication est une pratique relativement courante pour de très nombreux citoyens, c’est même un phénomène à la mode.
Il nous faut regarder la réalité des choses bien en face, et reconnaitre que l’automédication est bien ancrée dans nos us et coutumes.
On a tous une petite pharmacie à la maison. Il y a certes de tout, Bétadine , compresses, sparadrap, paracétamol ( doliprane ), aspirine vitamine, sirops, gel…Qui n’a jamais puisé dans sa pharmacie personnelle pour soigner un petit rhume et éviter de se rendre chez le médecin ?
Les Marocains ont toujours été adeptes de l’automédication, et la crise sanitaire du Covid a renforcé cette pratique.
Il est donc plus facile, plus rapide et plus pratique de se rendre à la pharmacie du coin, de demander un conseil personnalisé et de ressortir avec ses médicaments, sans devoir prendre de rendez-vous chez le médecin.
Des rendez-vous parfois fantaisistes que vous balance une secrétaire sans daigner vous regarder, sans devoir aussi payer les 200 ou 300 DH pour la consultation, qui souvent dure 2 ou 10 minutes, et sans avoir peur de rester des heures dans une salle d’attente à côté d’autres malades, avec la peur au ventre d’attraper la Covid-19…
Qu’est-ce que l’Automédication ?
Etymologiquement, le mot automédication contient le préfixe latin « auto » qui signifie « soi-même » et le terme grec « medicatio » correspondant à « l’emploi d’un remède ».
Selon l’OMS, l’automédication est une pratique qui consiste à se soigner « grâce à des médicaments autorisés, accessibles sans ordonnances, sûrs et efficaces dans les conditions d’utilisation indiquées.»
Pour être sûre et efficace, l’automédication doit être responsable et non pallier l’absence de médecins.
Les médicaments les plus utilisés dan l’automédication ?
La plupart des petites affections de l’hiver (toux, rhume, gorge irritée) peuvent être soignées par automédication. Des douleurs faibles (maux de ventre, céphalées…) peuvent être soulagées par la prise d’antalgiques en vente libre. Les petites affections de la peau (irritations, petites brûlures) peuvent également être soignées par automédication.
L’automédication concerne tout d’abord largement les antalgiques. Ce sont d’ailleurs les médicaments les plus vendus au Maroc . De plus, les médicaments contenant du paracétamol connaissent un grand succès car ils ont généralement moins d’effets secondaires .
Les médicaments soignant les affections saisonnières comme les sirops pour la toux, les sprays pour le lavage nasal, les pastilles pour la gorge, les antidiarrhéiques, les laxatifs, les vitamines ou les anti-nauséeux, certains anti-inflammatoires, antibiotiques, sont également très utilisés, et très vendus en pharmacie.
Les risques à prendre en considération
Un risque d’inefficacité du médicament ou d’aggravation des symptômes si un médicament est pris de manière inadaptée. Un risque d’interaction médicamenteuse, si vous prenez déjà d’autres médicaments pouvant ainsi potentialiser ou réduire leurs effets. Erreur de posologie.
Un risque de voir un médicament devenir inefficace, voire toxique si les conditions de conservation ne sont pas respectées à la maison.
Un risque d’allergie si vous avez des antécédents d’allergies ou si vous prenez déjà un traitement. L’automédication peut réduire des symptômes, à l’origine d’un retard de diagnostic. Se traiter par automédication avec des traitements non appropriés peut entrainer d’autres maladies.
Favoriser l’automédication sans risques
Avant de prendre un médicament, ayez le réflexe de lire systématiquement la notice .
Ne jamais se hasarder à prendre des restes de traitements (antibiotiques ou autres) de votre propre initiative pour vous ou pour vos enfants, car les doses ne sont pas forcément pertinentes.
Respectez toujours les doses maximales par jour ainsi que la durée du traitement conseillées par votre pharmacien ou indiquées dans la notice d’utilisation.
Informez votre pharmacien d’un changement de situation personnelle (enceinte, allaitement, nouveau traitement, etc.) pour vérifier tout problème d’incompatibilité ou d’interaction médicamenteuse nocive.
Échangez avec votre pharmacien et n’hésitez pas à lui poser toutes vos questions. En cas de doute, il vous donnera tous les conseils utiles et vous orientera vers le médecin si nécessaire.
A qui profite l’automédication ?
Il est vrai que les pharmacies arrivent à augmenter sensiblement leurs chiffres d’affaires grâce à la vente de produits médicamenteux sans prescription médicale.
C’est notamment le ca pour les antalgiques (contre la douleur), les antitussifs (contre la toux), les vitamines, les antidiurétiques, les laxatifs, certains antibiotiques, et anti-inflammatoires…..
Ceci étant, il est du devoir du pharmacien d’être présent dans son officine, car délivrer un médicament qui ne requiert pas une prescription médicale, exige du pharmacien un devoir de conseil pour chaque malade qui opte pour l’automédication.
Les malades tirent aussi un bénéfice important en faisant le choix de l’automédication. Le patient n’est pas obligé de prendre rendez-vous pour voir le médecin, il n’est pas non plus obligé d’attendre parfois des heures dans la salle d’attente. Il n’est pas non plus obligé de payer 200 ou 300 DH au médecin pour 5 ou 10 minutes pour ressortir avec une ordonnance .
Autre bénéficiaire, c’est l’assurance maladie qui fait des économies importantes tant en ce qui concerne le remboursement de la consultation, qu’en ce qui concerne les médicaments qui sont souvent des génériques.
A coté, il y a l’industrie pharmaceutique qui voit les demandes et ses ventes augmenter très sensiblement grâce à l’automédication.
Pour conclure, rien ne vaut un avis médical, une consultation qui place le malade au centre de l’intérêt du praticien, qui accorde tout le temps voulu à son patient.
La prescription médicale, le respect de l’ordonnance par le malade est important, comme l’est aussi le rôle du pharmacien, qui ne l’oublions pas est un acteur majeur de Santé publique, qui a une grande responsabilité, car il permet d’éviter les risques de surconsommation, de surdosage, d’incompatibilités médicamenteuses et de mésusages.
Par sa présence effective et continue au sein de son officine, le pharmacien sensibilise, informe, éduque les malades. De ce fait, il participe à la qualité des soins, assure le bon usage des médicaments, complète son acte pharmaceutique par des conseils de prévention et des conseils d’hygiène de vie.
Mais est-ce réellement le cas au niveau des pharmacies ? Là est la question.